Elevés ensemble dans une petite ville de Pennsylvanie, Michaël, Nick et Steven partent pour le Vietnam. Faits prisonniers, les trois amis parviennent à s'échapper grâce au courage de Michaël qui utilise à son avantage la roulette russe à laquelle le soumettent ses gardes. Puis le destin les sépare et aucun d'entre eux ne sera plus jamais le même. Steve perd une jambe et se renferme sur lui-même. Seul Michaël revient au pays. Il décide finalement de repartir chercher Nick, porté "disparu" au Vietnam...
1979, la guerre du Viet -Nam est encore dans les esprits de tout le monde sur la planète, et hormis deux films un peu oubliables sur le sujet, le cinéma américain va vivre le début d’une série d’électrochoc sur ce que fut cette guerre inutiles et perdue d’avance qui vit la mort de milliers de jeunes américains (et de vietnamiens, aussi) et détruit autant de vies. Hormis « les Berets verts » en 1968 de John Wayne et Ray Kellogg, film de propagande destiné à mobiliser les jeunes américains, et « Le Merdier » de Ted Post avec Burt Lancaster en 1978 qui reste aussi oubliable que son titre en français. Il faut attendre 1979, pour découvrir ce film de Michael Cimino, qui nous entraîne, non seulement dans les travers d’une guerre où de jeunes américains furent fait prisonniers par des Viêt-Cong bien décidés à leur faire payer les épanchements au Napalm déversés par les américains, mais également dans les traumas laissés par des semaines ou des mois de tortures autant physiques que psychologiques.
Car avant « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola, tourné quasiment en même temps mais dans des conditions bien différentes, et surtout bien avant « Rambo » de Tedd Kotcheff, le réalisateur de « La Porte du Paradis » nous livre une œuvre magnifique et sombre qui nous plonge, non pas seulement dans l’enfer de la jungle Vietnamienne, mais dans le difficile retour à la vie commune de ces jeunes qui furent prisonniers et torturés dans un monde qu’ils ne connaissaient pas. Car, bien souvent, ces jeunes qui partirent pour combattre en Asie n’avait jamais connu d’autre frontières que celles de la ville ou l’état dans lesquels ils habitaient. Et c’est d’ailleurs, Michael Cimino qui va lancer ce type de réflexion sur les effets de la guerre. Car, même si l’œuvre fut considérée comme raciste à sa sortie, prenant des légèretés avec la réalité, elle n’en demeure pas moins, quarante ans après sa sortie, une œuvre sombre et magistrale qui porte à l’écran toute la blessure psychologique qui ressort des combats quels qu’ils soient et surtout d’où qu’ils viennent. Si effectivement, trois ans après la fin du conflit, on sent toujours dans l’œuvre de Cimino, un trait appuyé sur l’animosité des Vietnamiens, on peut toujours le défendre en disant qu’il servait à mettre en lumière ce choc violent et terrifiant de l’emprisonnement dans des conditions particulièrement difficiles.
Pour autant, ce qui reste également de « Voyage au bout de l’enfer » c’est une interprétation impeccable et minutieuse, d’abord de Christopher Walken (Dead Zone) et Robert De Niro (Raging Bull). Les deux acteurs sont éblouissants, De Niro offre un jeu sur le fil du rasoir, d’une sensibilité éblouissante qui vient en complément du jeu instinctif et torturé de
Christopher Walken (Dead Zone). Face à eux
Meryl Streep (Pentagon Papers) et John Cazale (Le Parrain) font des merveilles. Ce dernier, condamné par un cancer des os, ne vit jamais l’œuvre achevée et Meryl Streep qui partageait sa vie à l’époque participa à donner à son personnage plus de relief, pour que l’acteur puisse briller encore. Et c’est une réussite.
En conclusion, « Voyage au bout de l’enfer » est une œuvre qui ouvrit la porte de toutes celles qui devaient montrer la guerre du Viet-nam autrement que par la propagande. Si l’œuvre semble encore marquée par le conflit qui s’était achevé seulement trois ans auparavant, elle reste magistrale et visionnaire par le fait de nous montrer l’horreur du conflit par le prisme des traumas infligés aux vétérans.