En 1945, La ville d'Hiroshima est détruite par une bombe atomique lancée par les Etats-Unis... Invisible depuis plus de 60 ans, découvrez ce film choc produit par les Japonais au lendemain de la guerre. Remonté, amputé ou censuré car jugé trop "anti-américain", Hiroshima est enfin visible en VERSION INTEGRALE.
La seconde guerre mondiale fut le théâtre de bien des souffrances et de bien des horreurs. Nous parlons souvent de la Shoa, et à juste titre d’ailleurs, nous parlons également des ces bombardements qui ont défigurés de nombreuses nations, de l’intervention des alliés, Américains et Anglais. On parle également de ce qui s’est passé dans le pacifique, de la stupéfaction de Pearl Harbor, de sa réplique avec Midway, de cette façon particulièrement froide avec laquelle les Japonais menait le conflit qui les opposait aux Américains. Et puis nous parlons d’« Hiroshima » et de « Nagasaki », deux villes rentrées dans l’histoire de la guerre, mais pas pour les mêmes raisons que les autres. Car ces deux villes, importantes à l’époque pour les Japonais furent les deux victimes des deux bombes atomiques jetées par les Américains, afin de mettre un terme au conflit, qu’ils risquaient de perdre.
Une situation particulière dans l’histoire des conflits mondiaux, dont les Américains parlent assez peu, finalement, car si cette décision mit fin au conflit, puisqu’il provoqua la reddition du Japon, il ne fit pas que des victimes militaires. Il toucha surtout les civils ! Les morts dépassèrent les 200 000, certains se virent infliger une mort lente et douloureuse, y compris des enfants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, les Américains firent inscrire dans le traité de paix, une clause de censure pour tout ce qui parlerait des bombes atomiques et de ses effets. Ce fut le cas du film d’Hideo Sekigawa, qui fut l’un des premiers, en 1953, à mettre en scène, non pas l’explosion elle-même, mais ses effets directs, comme le relatèrent les survivants dans leurs témoignages.
Le réalisateur, dans un noir et blanc puissant et profond, met en scène des personnages anonymes qui errent comme des morts vivants, hagards et brûlés dans une ville détruite en quelques secondes. Dans une sorte de ballet macabre, Hideo Sekigawa met en scène l’horreur, la souffrance et souvent l’insoutenable, comme ces enfants qui cherchent leurs parents ou ceux qui sont coincés sous les gravas et qui meurent à petit feu. Il met en lumière également, dans une ouverture intelligemment écrite, les séquelles que gardèrent les survivants, plusieurs années et qui vinrent ensuite gonfler le nombre des victimes.
Jugée Anti Américaine, l’œuvre de Sekigawa, en est très éloignée. Elle cherche simplement à mettre en lumière, que la décision de Truman, alors président des Etats-Unis, impacta de manière profonde et irréversible des populations civiles qui n’avaient rien demandé et ne souhaitaient en aucun cas qu'on leur inflige de tels sévices. Les enfants victimes innocentes sont au cœur du film, car ils sont les futurs témoins et mémoires de cette horreur que vécurent les deux villes. Si la mise en scène peut surprendre, notamment par son aspect très lyrique surtout lorsque les victimes se dirigent vers la mer, elle prend très rapidement un sens, comme une peinture qui mettrait en scène l’enfer, avec des personnages, les mains levées vers le ciel, pour appeler à l’aide les cieux, qui détournèrent leur regard. Le film, à travers un personnage, dans sa conclusion, s'interroge sur l'utilité d'une telle arme. Est ce qu'elle a eut pour effet de mettre fin aux envies de guerre des dirigeants du monde ? L'histoire révéla que non !
« Hiroshima » d’Hideo Sekigawa est une œuvre majeure sur les effets de la Bombe Atomique, qui fut longtemps censurée par les américains, pas forcément très fiers de cette décision qui fit un nombre incalculable de victimes, même si les chiffres avancés parlent de 200 000, il est fort probable que le nombre soit beaucoup plus important, puisque les effets des radiations se fit sentir sur plusieurs générations. Le film est d’une beauté macabre terrifiante et ne peut laisser indifférent. Certains passages furent d’ailleurs utilisés par le réalisateur français pour son film : « Hiroshima mon amour » (1959).