Titre original : Salmer fra kjokkenet
Norvège, 2003
Réalisateur : Ben Hamer
scénario : Bent Hamer et Jörgen Bergmark
Interprètes : Joachim Calmeyer, Bjorn Floberg, Thomas Norström ...
Image : Philip Ogaard
Musique de : Hans Mathiesen
Production : Bulbul Films
Distribution : Films du Losange
Durée : 1h35 VOSTF


Site officiel : http://www.filmsdulosange.fr/kitchen-stories/
Le site de Kitchen stories a bénéficié d'une attention particulière et on peut apprécier la cohérence entre le visuel de l'affiche et de la petite carte format postale concue pour la sortie du film.
L'interface reprend le graphe utilisé par les observateurs pour synthétiser les déplacements des célibataires dans leur cuisine. On obtient quelques informations sur le réalisateur et le film mais on aurait pu espérer pouvoir télécharger quelques photogrammes du film et un dossier de presse par exemple.
Cependant en dépit du sacro-saint format rectangulaire c'est un beau site dont le design prolonge l'esthétique du film et l'étrange gaiété de la musique choisit par Hans morhisen.

L’histoire :
Dans les années cinquante, durant le boom industriel de l'après-guerre, un groupe d'observateurs suédois du Home Research Institute (HRI) visite un village norvégien en vue d'étudier la routine des hommes célibataires dans leur cuisine. En aucun cas, les observateurs ne doivent parler à leurs hôtes. Cependant le protocole ne pourra empêcher que se crées des liens entre eux. Il en résulte une fable pleine d'humour sur l'amitié et l'éternel désir humain d'échapper aux classifications.

Un cortège d’une vingtaine de voiture tractant une caravane vert délavé avance lentement sur les routes neigeuses menant de la suède à la Norvège . Accroché au toit de chacune des caravanes une chaise étonnement disproportionnée (une chaise de bébé ou d’arbitrage de tennis ?) sert une fois installée dans les cuisines des hôtes de perchoir d’observation.
L’étonnante chaise d’observation sur laquelle se perche Folke contribue largement avec le cortège de caravanes vertes à une sensation de comique lié à l’absurdité de la situation. L’absurdité de cet aréopage s’oppose à la vie terre-à-terre des villageois. Laquelle des deux parties est la plus intéressante à observer ?

Pour nous qui sommes les observateurs privilégiés de ce jeu à huit clos où l’on joue à l’observateur observé, le projet du réalisateur qui souhaitait montrer, avec humour, ce qui se produit quand on s'introduit dans la sphère privée de l'individu procure un réel plaisir.

Après Eggs (1994), et Un jour sans soleil (Water Easy Reach) (1998), Kitchen stories (Salmer fra kjokkenet) apparaît comme un essais visant à montrer le pouvoir de la socialisation et de quelle manière les interactions qu’elle suppose nous permettent de nous révéler à nous-mêmes et aux autres. Les deux personnages principaux nous entraîne dans une improbable rencontre entre deux personnes que tout semble opposé (nationalité, milieu socioprofessionnel, marque de tabac ...).

La distance imposée entre l’observateur Folke et son hôte Isak (le célibataire) par le protocole marketing nous rappelle autant le dispositif de l’observation scientifique que celui de la TV réalité. "Le film peut aussi être vu comme une critique à tendance positiviste avec des références aux reality show d'aujourd'hui" ajoute le réalisateur.

Cependant les acteurs servent à merveille les desseins de Ben Hamer et campent une amitié que l’on sent pouvoir se poursuivre bien au-delà des contingences de la vie.

Le film bénéficie largement d’un casting plus vrai que nature et de personnages touchants. Pourtant le jeu d’acteur est presque aussi sobre que le paysage nordique et les intérieurs norvégiens.
L’humour qui circule dans le film rend la vie plus acceptable et ses personnages plus attachants. Isak le célibataire est un personnage sympathique tant par sa naïveté (il pense obtenir un cheval contre l’expérience alors qu’il ne s’agit que d’un petit cheval en bois) que pour sa résistance à la dissection comportementale de la pseudo-science marketing.

En bref, Kitchen stories est une comédie douce amère sur l’amitié qui fait bon voir.

A voir : ah oui !
Mon échelle (de -3 à +3) : +3, foncez




______((¯`·.¸ Laurent Berry ¸.·´¯))______