Une plateforme VOD payante signée BitTorrent



La société BitTorrent tourne-t-elle définitivement le dos au piratage et aux pirates ? Elle vient en effet d’ouvrir sa propre plate-forme de téléchargement légal. Baptisée BitTorrent Entertainment Network (B.E.N.), cette dernière tire parti de la bande passante des milliers d’utilisateurs du logiciel de P2P pour diffuser – moyennant paiement - pas moins de 5 000 titres de films, d’émissions de télé, de jeux, etc.

Analyse ITRnews.com

Ce qui peut étonner c’est qu’en dépit de sa mauvaise réputation dans l’industrie américaine de l’entertainment et notamment de l'industrie cinématographique, la firme a réussi à rallier à la cause de sa VOD, Century Fox, Lions Gate, ou la célèbre compagnie Metro-Goldwyn-Mayer – ils ont signé tous trois un contrat de diffusion (non exclusif). Un contrat assorti d’une obligation : que les contenus soient accompagnés de DRM (Digital Rights Management, ou verrou de sécurité anti-piratage). Les films, ou autres œuvres, ne sont donc disponibles qu’en location avec – comme dans le cas de CanalPlay en France, Vodeo ou Glowria - un mois pour regarder un film, et 24 heures pour le finir à partir de la première lecture. Avantage de la solution de BitTorrent – sur le marché US d’abord : des prix de location compétitifs et une vitesse de téléchargement importante (enfin, pour l’instant, la vitesse déçoit…).


Au premier coup d’œil le site s’avère assez agréable. Soignée graphiquement, l’interface de B.E.N. n’est pas envahie par la publicité – pourtant bien présente -, mais l’organisation générale du site manque elle de logique et de cohérence. Notamment en ce qui concerne les sections thématiques. Un trop grand nombre de sections, triées bizarrement, qui cachent sans doute un contenu payant encore trop pauvre pour conquérir les « téléchargeurs » endurcis. De même la HD semble devoir faire l'objet d'une catégorie à part, alors qu’on aurait pu s’attendre à voir tous les films en haute définition (sur le sol US, les productions HD sont désormais nombreuses). Le constat est encore plus amer pour la musique où, en plus de catégories aux noms peu évocateurs, on se retrouve rapidement balloté au gré des désidératas commerciaux du site, y compris vers des vidéos commerciales « poussées » par les majors partenaires, et non en fonction des goûts musicaux que vous auriez exprimés au préalable.

Les tarifs ? Comptez 3,99$, soit environ 3€ euros pour un titre récent et 2,99 dollars, soit un peu moins de 2,30€ pour une œuvre plus ancienne. Les émissions TV et les clips musicaux sont quant à eux facturés 1,99$, soit 1,5€. S’agissant de la gratuité, car il demeure sur cette plate-forme des fichiers gratuits, elle ne concerne dans l’immense majorité des cas que des œuvres mineures, parfois tronquées, voire de simples titres promotionnels agissant comme un leurre commercial. La seule section qui fait in fine l’évènement : celle des jeux vidéo où tout est pour l’heure offert gratuitement (même si aucun titre offert ne semble récent ou en provenance de grands éditeurs).

Alors que faut-il en penser (et pas en conclure, car nous ne sommes qu’au démarrage du système, et il n’est pas encore annoncé en Europe) ? BitTorrent en s’appuyant sur le peer-to-peer pour proposer une offre payante a-t-il fait un bon choix ? Pas sûr … Des deux arguments liés dans l’esprit des internautes à BitTorrent, soit la gratuité et le téléchargement à grande vitesse des œuvres appréciées, il ne reste plus que le deuxième – et encore, la vitesse ne semble pas encore optimale. Elle le sera sans doute si plusieurs milliers d’internautes s’emparent simultanément de cette plateforme, ce qui n’est pas gagné… Le pari est délicat pour Bram Cohen et ses partenaires qui doivent en outre améliorer drastiquement le choix, la navigation et la mise en avant des œuvres proposées, pour que B.E.N devienne incontournable.