Imaginez un Raging bull qui ne raconterait pas la vie du plus grand boxeur, mais du plus minable. Imaginez un pseudo documentaire biographique où un gag explose toutes les minutes. Imaginez que Maurice Barthélémy a réussi tout seul le film des Robins des Bois qu’on désespérait de voir depuis RRRrrrr !
France, 2004
Réalisateur : Maurice Barthélémy
Acteurs : Isabelle Nanty, Dieudonné, Sam Karmann, les Nuls, les Robins des Bois, Patrick Chesnais, Tom Novembre, Christian Morin, Elie Semoun
Durée : 1h30
L’histoire
Casablanca Driver (c’est son vrai nom, et ce n’est pas sa seule tare) a la boxe dans la peau, à l’exclusion de tout le reste. Il veut défier un champion, et il le défiera. Ses amis, managers, femme, réparateur de télé, inconnu parfait et bookmaker racontent son ascension vers ce combat de légende.
Vous vous souvenez de RRRrrrr ? Le film qui devait être le premier film des Robins des Bois, et qui avait en fait moins de gags que dans 10 minutes de leurs émissions sur Comédie ? Eh bien voilà, Casablanca driver est le vrai premier film des Robins. On y retrouve enfin tout ce qu’on aime dans l’humour des Robins (catégorie nonsense, la catégorie pipi caca étant restée au vestiaire). Car cette fausse histoire vraie du boxeur le plus nul du monde n’est qu’une excuse pour pouvoir farcir les scènes d’interviews de tous les gags possibles et imaginables, de préférence totalement absurdes, et en image de fond, ce qui fait que souvent le gag a commencé avant qu’on s’en aperçoive, du grand art (parce qu’on ne rate pas la fin !). Ainsi on joue avec les cheveux des interviewés, on fait intervenir des réparateurs pas doués, on interviewe des gens qui n’ont rien à voir avec la choucroute… et je pourrais continuer longtemps comme ça, jusqu’au gag du papier peint qui m’a fait rire aux larmes comme ça faisait longtemps que je n’avais pas ri (et je n’étais pas un cas isolé dans la salle).
Ça faisait une paye de PDG qu’on n’avait pas vu un aussi bon rythme en terme de gags. Quasiment pas le temps de reposer les zygomatiques avant un nouveau gag ou un rebond sur un gag précédent (ça aussi – le running gag – c’était un art qui se perdait). Les acteurs participent grandement à la comédie, avec un Maurice Barthélémy qui arrive au milieu de tout ça à presque camper un personnage crédible et attachant, même si ce n’est pas lui qui provoque le plus de rire. La coiffure de Dieudonné suffit à faire rire, alors quand il y ajoute son fameux air abscons et pas commode et sa voix caverneuse avec son ton blasé, pas moyen de résister. Ajoutons à cela des milliers de caméos irrésistibles, tous les autres Robins, les Nuls, Sam Karmann, Isabelle Nanty, Tom Novembre, Christian Morin, Elie Semoun, Lionel Abelanski, Patrick Chesnais, et même Dominique Rocheteau et Plastic Bertrand.
Bien sûr, pour profiter de ce délire, il faut être sensible à cet humour. Si les mots nonsense, absurde, décalé, à froid et idiot, appliqués au mot « humour », vous font fuir, vous pouvez également fuir le film, que vous trouverez nul sans appel. Parce qu’à part l’humour, le scénario est tout de même réduit (avec à mon goût une fin inadaptée), et ça va vous énerver tous ces trucs bizarres dont vous ne comprendrez pas pourquoi c’est drôle. Et le côté appliqué de l’entreprise (traitement des images pour paraître d’archives, prises de vues comme en vrai…) ne suffira pas à rattraper la sauce. Par contre, si vous êtes client, courez voir ce monument de nonsense et de délire, vos zygomatiques vous remercieront (ou péteront en route, et vous remercieront peut-être moins).
A voir : si vous aimez l’humour à froid
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, si vous êtes aussi fan que moi de nonsense
Sébastien Keromen