SUPERSTAR : détail de l’édition et interview AVEC XAVIER GIANNOLI



Superstar sera proposé par Wild Side en DVD & Blu-ray le 23 Janvier 2013.
Réalisé par Xavier Giannoli. Avec Kad Merad, Cécile de France, Louis-Do de Lencquesaing

Comme tous les matins, Martin Kazinski se lève pour aller travailler. Mais ce jour là est différent des autres, des centaines d’autres personnes le reconnaissent dans la rue et rapidement la foule s’amasse autour de lui. Pourquoi ? Qu’a-t-il fait pour devenir célèbre ? Et surtout, comment redevenir la personne banale qu’il a toujours été ?






L'histoire extraordinaire d'un homme ordinaire
Avec SUPERSTAR, le réalisateur Xavier Giannoli (Quand j’étais chanteur, À l’origine) porte un regard implacable sur la médiatisation et les dérives de la célébrité. Kad Merad (Bienvenue chez les Ch’tis) est magistral dans un rôle drôle et fragile, tandis que Cécile de France (Les poupées russes) confirme toute l’étendue de son talent. Alors que la célébrité est désormais à la portée de tous, découvrez "l’enfer du décor".

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DVD
Format image : 2.35, 16/9ème comp. 4/3
Format son : Français Dolby Digital 5.1 & 2.0
Sous-titres : Français pour Sourds et Malentendants - Durée : 1h48
Prix public indicatif : 19,99 Euros le DVD

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES Blu-ray
Format image : 2.35 - Résolution film : 1080, 24p
Format son : Français DTS Master Audio 5.1
Sous-titres : Français pour Sourds et Malentendants - Durée : 1h52
Prix public indicatif : 24,99 Euros le Blu-ray

ENTRETIEN AVEC XAVIER GIANNOLI

Comment est né ce film ?
En 2005, j’ai lu dans un journal le très court résumé d’un roman qui s’intitulait L’idole, écrit par Serge Joncour et publié chez Flammarion : l’histoire d’un homme qui, du jour au lendemain, devient célèbre sans savoir pourquoi… Je l’ai lu un peu comme un fait-divers qui m’a troublé, mais j’ai très vite eu l’intuition que le livre serait pour moi un point de départ. J’ai rencontré l’auteur, avec qui je me suis très bien entendu, et il m’a encouragé à me sentir libre de m’approprier cette idée, ce que j’ai fait avec l’aide précieuse de ma complice Marcia Romano. Nous avons donc imaginé une autre histoire, des personnages, des scènes, un ton et surtout une énergie cinématographique. En 2009, nous achetons les droits du roman et notre travail d’écriture peut commencer.

Pourquoi ce titre "SUPERSTAR" ?
C’est le titre d’une chanson des Carpenters que j’aime beaucoup, reprise par Sonic Youth. Mais dans la chanson, il s’agissait d’un amour fou pour une vraie star. Justement. Aujourd’hui, on nous vend n’importe quel inconnu, simple vedette ou égérie publicitaire comme une SUPERSTAR. La "star" a été comme vidée de sa substance magique, de son aura d’un talent singulier. Elle est devenue comme une marque de luxe qui ne proposerait plus que des produits bas de gamme, une mélodie qu’on abîme avec des paroles gênantes. (…) Il n’est pas démodé de dire que le capitalisme est en train de soumettre toutes nos valeurs à ses intérêts. C’est une dynamique humainement régressive qui nous livre à des pulsions que les publicitaires et les médias savent très bien hystériser. C’est la lutte de tout le monde contre tout le monde, le règne de l’irrationnel et de l’aléatoire où on ne sait plus qui décide de quoi. J’ai voulu que cette panique traverse le film, le mette sous tension. C’est une force noire et inquiétante, un trou noir idéologique qui s’enroule sur lui-même un peu comme un vortex caché au fond de mon histoire et qui aspire tous mes personnages. Vers quoi ? Peut-être vers un tweet et c’est tout.

Une SUPERSTAR est aussi une idole, avec tout ce que cela suppose de "sacré".
Quand j’écrivais mon court métrage L’Interview où un jeune journaliste voulait rencontrer Ava Gardner, j’avais lu l’essai d’Edgard Morin, Les Stars, où on comprend qu’une civilisation en dit beaucoup sur elle-même en désignant ses icônes. Dans mon film, un homme "banal" sans talent particulier est élu, choisi. On va l’aimer puis le haïr, l’aduler puis le brûler comme une idole, un messie ou un "bouc émissaire". Toutes les sociétés humaines ont vécu ce genre de mouvements. C’est une question médiatique et contemporaine, mais aussi anthropologique et primitive. J’ai toujours beaucoup lu sur ces sujets qui me passionnent et qui tous les jours nous crèvent les yeux. (…) 

Kad s’est-il immédiatement imposé pour incarner cet "homme dans la foule" ?
J’ai connu Kad il y a 15 ans. J’étais stagiaire dans un journal et on m’avait demandé de faire un reportage sur le tournage d’une pub où on avait reconstitué une petite scène du débarquement. Dans une barge, il y avait un gros type qui faisait rire tout le monde. Il avait un charisme évident et c’était Kad avec un casque de GI sur la tête. On est devenu amis et, à l’époque, je cherchais un acteur pour un rôle dans mon premier court métrage. Il a accepté et je crois que c’est bien la première fois qu’il s’est retrouvé devant une caméra. (…) On ne s’est depuis jamais quitté et, avec les années, je l’ai vu devenir incroyablement populaire. Et le premier film que je fais avec lui est justement un sujet où la célébrité est un problème. Un peu comme si j’avais voulu être certain que je tournais avec mon ami pour de bonnes raisons, pour ne m’intéresser qu’au comédien que je connais et que je pressens. Il a une présence incroyable et un fascinant pouvoir d’incarnation des choses de la vie. J’avais besoin de cette évidence pour faire croire à la bizarrerie de mon histoire. J’espère lui avoir offert un rôle inédit pour lui et qui sera important dans sa vie. Un rôle à la mesure de ce qu’il est. Je crois qu’il n’a encore montré qu’une petite partie de ce qu’il est capable de faire.

Et Cécile de France ?
Depuis Quand j’étais chanteur, j’attendais de pouvoir retourner avec elle. J’ai écrit ce personnage pour elle, sa "musique" et la pureté de son énergie. La première idée était de la faire parler toute seule, pour montrer son tumulte et sa solitude, comme si elle attendait quelqu’un qui l’écoute ou la fasse vraiment parler d’elle. Et ce sera Martin… Pour construire son personnage, j’ai surtout été aidé par une amie, Cathy Mespoulède, une grande journaliste de télévision. C’est elle qui nous a guidés dans cet univers où nous avons rencontré et parlé avec des dizaines de professionnels. Ce long travail d’enquête a été très précieux pour Cécile et moi. (…) J’ai voulu faire le portrait d’une femme qui travaille et que la rencontre avec cet inconnu va bouleverser.  Elle se demandera ce qu’elle est devenue, ce que sa vie a fait d’elle. Je ne crois pas qu’elle finira par avoir une histoire d’amour avec Martin. Je crois simplement qu’il y a un lien d’humanité entre eux, la mélancolie des naufragés d’une tempête. Après un tournage avec Cécile, c’est elle que je vois quand je repense à mon film. Elle m’est précieuse. Son implication est totale et cela se sent dans chaque regard, chaque mouvement. Jamais un lamento pénible ou un humour facile. J’aime son élégance et sa vitalité tumultueuse, le défi de ce qui lui reste de juvénile et pourtant cette ombre de maturité qui densifie sa présence.