Titre : 2 soeurs
Titre original : (Janghwa, hongryeon)


Film : sud-coréen (2003). Drame
Interdit aux moins de 12 ans
Durée : 1h 59mn.
Date de sortie française : 16/06/2004
Réalisateur : Kim Jee Woon
Scénario : Kim Jee Woon
Interprètes :
Im Soo-Jung (Su-Mi)
Moon Geun-Young (Su-Yeon)
Yeom Jeong-A (Iun Joo la belle-mère)
Kim Kab-Su (Mu-Hyun, le père)
Image : Lee Mogae
Production : I Pictures, Corée du Sud
Costumier : Ok Soo-Kyung
Chef décorateur : Cho Keun-Hyun

Sites web :
Site officiel http://www.2soeurs.com/

L’histoire :

Après une longue absence, deux adolescentes, Su-mi et sa jeune soeur Su-yeon, reviennent dans la demeure familiale, grande maison isolée à la campagne.
Ramenées par leur père, le discret Mu-hyun, elles sont accueillies par leur belle-mère, Eun-joo, dont le comportement, à la fois courtois et extraverti, suscite des réactions épidermiques chez les deux soeurs.
Su-mi fait preuve d'une attitude méprisante et rebelle envers cette femme qu'elle semble haïr, tandis que Su-yeon, au caractère plus effacé, demeure très craintive en sa présence. Le malaise ne cesse de croître entre les membres de cette famille, dès le premier dîner censé fêter le retour des jeunes filles.
A la nuit tombée, Su-yeon, persuadée que quelqu'un a tenté de pénétrer dans sa chambre, se réfugie, terrorisée, dans celle de sa soeur.
Après plusieurs évènements étranges les rapports entre la belle-mère et les deux filles s'enveniment cruellement.



Origines de l'histoire

Deux soeurs de Kim Jee-Woon est une adaptation d'un conte populaire coréén intitulé Janghwa et Hongryun qui signifie en français "Rose et Fleur Lotus". Les deux héroïnes du film, Su-Mi et Su-Yeeon, portent les noms de ces deux fleurs. Ce récit fut créé par un conteur anonyme et transmis oralement au fil des siècles. La popularité de ce conte est telle que durant le XXème siècle, l'histoire fut adaptée à la télévision, sur scène et cinq fois au cinéma avant la version de Kim Jee-woon.

Ma voisine avait peur

Où sont les films d’horreur de ma tendre jeunesse qui faisaient vraiment peur. Histoires de zombies, Evil Dead, maison hanté et autres films à suspens hanté par des aliens à la double mâchoire. 2 soeurs appartient à cette nouvelle vague de films asiatiques hybrides, qui ne peuvent être associés au genre fantastique ou au film d'horreur. Un des principaux déclencheurs de ce courant fut le roman de Kôji Suzuki, "Ringu", adapté avec succès au Japon par Hideo Nakata (Ring en 1998). Ce film propose un mélange d’horreur (il y a des formes organiques desquels s’écoulent des liquides, de l’hémoglobine), de fantastique (des évènements surnaturels surviennent et des fantômes se baladent dans le film) et d’intrigue psychologique (on est dans le regard d’un personnage et on se rend compte que la réalité n’est pas forcément celle qu’on croit).
Ce cocktail aboutit à un film qui manque de se s’effondrer à force de brouiller les pistes. Ma voisine a eu très peur, ce qui prouve que le film contient certains ingrédients pour faire peur. Cependant on peut se demander si ce film est vraiment un film d’horreur. A vrai dire il s’agit peut être d’avantage d’un film à intrigue qui peut faire peur mais est surtout fait pour forcer le spectateur à réfléchir à l’histoire et aux indices qui sont disposés et d’essayer de comprendre où se situe la vérité et la réalité.



Une intrigue familiale

Le point fort du film est son exploration de la famille que Kim Jee-Woon transforme en microsome inquiétant. Ce dernier traite d’ailleurs du dysfonctionnement familial dans The Quiet A travers l'humour noir et à travers l'épouvante pour 2 seours. Kim Jee-Woon fait de la famille, rempart protecteur contre les agressions extérieures, un milieu confiné, effrayant et menaçant qui est élevé à la puissance supérieure dont on suit l’histoire par les yeux de l’héroïne Su-Mi. Au cours du film les personnages méchants hostiles deviennent bienfaisants et inversement. On ne sait plus trop si les fantômes existent ou s’ils sont hallucinés et d’ailleurs qui tue qui dans ce film ?
A vrai dire on peut considérer le milieu familial qui est matérialisé et représenté par la maison familiale comme une cristallisation de la détresse mentale de Su-Mi. Car dans cette maison tout commence et tout finit, il n’y a qu’à l’extérieur, loin du drame de la mort de sa soeur (mort troublante qui peut être interprétée de diverses manières) que Su-Mi semble pouvoir arrêter de générer sa folie.



En conclusion

Le film est pas trop mal a vrai dire, on n’a pas l’impression d’avoir vu un film maladroit car le réalisateur connaît son affaire et visuellement c’est très bien fait. 2 seours, contrairement à Signes qui a influencé Kim Jee-Woon, est un film dont toutes les réponses ne sont pas données au spectateur. C’est donc un film qui ouvre à la discussion et à l’interprétation un peu comme les films de David Lynch et qui d’une certaine manière s’inscrit dans la tendance de ces films hybrides comme Donny Darko pour lesquels on peut chercher des interprétations dasn plusieurs dimensions à cause des genres cinématographiques qui sont mis à contribution.

A voir : Donnez une chance à ce film si vous aimez le cinéma coréen et cette nouvelle vague de films asiatiques hybrides
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, allez-y mais si vous risquez de trouver le film mi figue mi raisin

Laurent Berry