Costa-Gavras nous sert un nouveau film difficile et incisif, avec un José Garcia plus en forme que jamais. Vous êtes en recherche d’emploi depuis peu ? Conseil d’ami : n’allez pas voir Le Couperet.
Le Couperet
Titre original : Le Couperet
France, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur : Costa-Gavras
Acteurs : José Garcia, Karin Viard, Ulrich Tukur
Durée : 2h2 min
L’histoire
Bruno Davert est cadre de haut niveau dans l’industrie du papier. Suite à une délocalisation, il se retrouve au chômage et peine à retrouver un emploi. De fil en aiguille, il en vient à ne plus exclure aucune piste pour trouver un travail, quitte à assassiner ses concurrents.
La critique
Un film original sans l’être particulièrement… Le thème du drame social est bien sûr le fer de lance du cinéma français. Un cinéma rarement original, rarement renouvelé, mais toujours efficace. Le nouveau film de Costa-Gavras plonge tête baissée dans ce registre dans lequel nous excellons. Ici, point d’effets spéciaux, point de montage soigné ou de musique tonitruante, c’est complètement inutile, non, un film simple, sobre mais dérangeant au plus haut point.
Cette œuvre difficile, noire, est servie par des acteurs qui n’ont désormais plus besoin de faire leurs preuves : José Garcia et Karin Viard, campant un couple qui glisse doucement vers la folie.
Comment vivre sans emploi ? Comment tenir lorsque l’on ne touche pas de salaire à la fin du mois ? Jusqu’où sommes nous capables d’aller pour retrouver un emploi ?
Le film pose ces questions de manière brutale, par une brutalité qui finira par se traduire en actes par José Garcia, toujours très maître de lui, même dans les situations les plus difficiles. Ceux qui ont déjà cherché un emploi savent à quel point cette étape est difficile, surtout par les temps qui courent. Plus le temps passe, plus ce dernier est destructurant et plus la déprime vous gagne. Elle vous gagne parce que vous réalisez que vous n’êtes plus utile à rien, que vous êtes bon pour la casse, que vous êtes le rebut de la société.
En ce sens, les scènes face au psychanalyste et lors du dîner dans le bar sont véhémentes : sans travail, vous n’êtes rien, sinon du papier recyclé.
Ces dernières années ont vu à l’écran de nombreux films sur notre société et ses travers et notamment sur le monde économique dans lequel nous vivons. On évoquera bien sûr le moyen L’Adversaire de Nicole Garcia et l’excellent L’Emploi du temps de Laurent Cantet (je vous invite à courir louer ce dernier en dvd si vous ne l’avez pas vu). Ces films sont très déprimants et Le Couperet ne fait pas exception.
On souhaiterait pouvoir dire que Costa-Gavras nous dresse une peinture au vitriol de la société ou que le film est une satyre de notre société mais il n’en est rien : nous nous trouvons face à une fresque très réaliste de la société dans laquelle nous vivons… un monde dans lequel seuls les meilleurs survivent, un monde dans lequel il n’y a pas de place pour tous : vous êtes le meilleur ou vous crevez.
La réussite du film tient avant tout dans ses acteurs, José Garcia et Karin Viard en tête, même si José Garcia a tendance à occuper tout l’espace libre à l’écran (ce dont nous ne nous plaindrons pas).
Comme pour beaucoup de films français, je ne vais pas dire que j’ai aimé Le Couperet, compte tenu de son aspect social difficilement supportable, mais nous sommes en présence d’un très bon film qu’il serait vraiment un péché de votre part de rater. Il est juste dommage que la fin du film soit entachée par une séquence un tantitet ridicule à mes yeux.
A voir : pour l’inénarrable José Garcia
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, à éviter si vous êtes en recherche d’emploi
Arnaud Weil-Lancry