Dernière production historique grand budget, Kingdom of Heaven débarque sur les écrans, avec le beau Orlando Bloom en tête d’affiche. C’est notre surprenant Ridley Scott qui se colle à la réalisation. Mais cette fois, ce n’est pas très surprenant, tout ça… Alors Monsieur Scott, on a la flemme ?
Kingdom of Heaven
Etats-Unis, 2005 (Année de production, 2004)
Réalisateur: Ridley Scott
Acteurs : Orlando Bloom, Liam Neeson, Jeremy Irons, David Thewlis, Eva Green
Compositeur : Harry Gregson-Willams
Durée : 2h20 min, Genre : historique, action, Date de sortie : 4 mai 2005
L’histoire
Balian est un jeune forgeron qui vient de perdre sa femme, cette dernière s’étant suicidée après la mort de leur enfant. Plus rien ne le retenant en France, le jeune homme va partir pour la plus mystique des aventures : les croisades …
La critique
Quand Orlando Bloom se prend pour Russel Crowe…
Indépendamment de toute réalité historique, Gladiator a brillamment renoué avec le film historique d’action avec le succès qu’on lui connaît. Dans son sillon, ont embrayé d’autres productions très récentes comme Alexandre et Troie. Ce dernier, il faut l’admettre, fut une catastrophe monumentale, desservi par un réalisateur dans sa crête la plus descendante, Wolfgang Petersen. Malgré une distribution exemplaire, le réalisateur allemand mit un maximum de bonne volonté pour gâcher un potentiel des plus riches, mais surtout, des plus excitants. Ce fut donc avec beaucoup d’appréhension que j’ai vu Kingdom of Heaven débouler sur les écrans, avec Orlando Bloom dans le rôle principal. Cette jeune découverte a peut-être fait ses preuves dans la peau de Legolas (Le Seigneur des Anneaux), mais ses autres interprétations (Pirates des Caraïbes et Troie) ont révélé un acteur des plus calamiteux. Je fus achevé dans mon appréhension par une bande annonce abominable (diffusée sur le net) sur fond de musique rock, faisant vraisemblablement de Kingdom of Heaven un produit destiné à un public des plus jeunes. Qu’en serait-il de ce film ? Un ratage à l’image de Troie, ou une fresque épique à celle de Gladiator ?
Finalement un peu des deux : un film d’action historique plus réussi que le premier mais loin du souffle magistral du second. A force d’être prudent dans sa réalisation, Ridley Scott finit par décevoir. Alors votre audace, Monsieur Scott, où est-elle passée ?
Une réalisation toujours des plus réalistes, mais sans souffle épique…
Le style visuel de Ridley Scott ayant fait ses preuves dans Gladiator, il nous est resservi sans modération dans Kingdom of Heaven. Fort d’un réalisme alternant le gore et le cruel, cette marque de fabrique fait toujours autant d’effet… mais son côté saccadé aussi. Cette technique, sur-exploitée dans la séquence des tigres dans Gladiator, est réutilisée en long en large et en travers dans Kingdom of Heaven… Les effets de ralentis aussi... La partition musicale assourdissante aussi (certes belle mais voir ci-après)...
La réalisation est tout de même réussie dans son ensemble, lui assurant un certain souffle épique à mille lieu de Gladiator, mais nettement plus important que dans Troie. Certaines séquences valent le détour comme les deux confrontations des armées. Si la première heure est un peu ennuyeuse, les séquences d’actions rehaussent considérablement le niveau et le film se laisse suivre avec un minimum d’excitation, présentant un Orlando Bloom plus consistant que prévu. Ce dernier parvient à porter le film, mais ses épaules semblent demeurer encore un peu frêles pour le premier rôle d’une production d’une telle envergure.
Monsieur Ridley Scott, vous ne trouvez pas que cela sent un peu le réchauffé ?
Le spectateur lambda n’y verra que du feu, mais le cinéphage aura l’impression qu’on se fout un peu de lui, à cause d’une trop forte impression de déjà vu. Les exemples sont multiples et donc, presque agaçants. Visuellement, c’est très léché, mais c’est tout. Toute la première séquence se déroulant dans un décor enneigé sur le sol français est bien trop inspirée de la première partie de Gladiator. A la séquence d’entraînement de Joaquim Phoénix dans Gladiator, répond celle entre Balian et son père. L’affrontement qui suit, quand à lui, renvoie à l’évasion de Russel Crowe suite à la tentative d’exécution lui étant destinée. La composition musicale de Harry Gregson-Williams est une belle création à base de chant religieux à l’opposée de la bande originale de Gladiator (Lisa Gerrard et Hans Zimmer). Mais… Mais… c’est quoi ce thème au moment où Orlando Bloom galvanise ses troupes avant l‘assaut de Saladin ?! C’est un des thèmes du 13ème Guerrier, dont la bande originale est composée par Jerry Goldsmith. Pourquoi un tel plagiat ?
La dernière couche : les acteurs… Ridley Scott a vraiment pris un minimum de risques… L’équipe gagnante de Troie : Orlando Bloom et Brennan Gleeson (Ménélas) dans des rôles historiques du même registre…Marton Csokas, éternel bad guy aux yeux haineux, déjà dans un rôle similaire dans Les prisonniers du temps… Les acteurs sont dans leur majorité bons, mais il n’y a pas de réelle découverte à ce niveau, si ce n’est Ghassan Massoud dans le rôle de Saladin ou David Thewlis, impeccable comme à son habitude.
Qu’est ce tout cela prouve ? Pas grand-chose… mais qu’un réalisateur qui n’a plus rien à prouver ne prenne aucun risque et se complaîse dans le fait sur mesure et dans le déjà vu, c’est insultant. Ridley Scott aurait pu se permettre bien plus d’audace, de risque, et de fantaisie. Malheureusement, là où ce type de comportement est compréhensible émanant d’un débutant, il est inexcusable provenant d’un tel réalisateur. Le spectateur est en droit d’attendre un peu d’innovation, là où du surgelé lui est servi… Ce n’est pas très professionnel, tout cela…
Malgré mes critiques, Kingdom of Heaven se laisse regarder avec peu de plaisir, mais du plaisir tout de même… Le film est prenant et enlevé. Ma déception reste tout de même de taille face au manque de témérité d’un réalisateur de l’envergure de Ridley Scott. Espérons qu’il se secouera un peu les puces la prochaines fois !
A propos, je n’ai pas parlé du contexte historique du film pour la simple et bonne raison qu’ici, ce sont des critiques de films, pas des cours d’histoire, non mais ! C’est vrai quoi…
A voir : Bon… allez, c’est pas si mal après tout…
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, Ce n’est pas très original, mais c’est plaisant quand même…
Arnaud Weil-Lancry