Après un Shaolin soccer délirant, Stephen Chow revient, avec un Crazy kung-fu également délirant. Mais aura-t-il réussi deux fois le même coup ?
Crazy kung fu
Titre original : Gong fu (Kung fu hustle)
Hong-Kong, 2004
Réalisateur : Stephen Chow
Acteurs : Stephen Chow, et plein d’acteurs que vous ne connaissez pas mais que vous avez déjà vu dans Shaolin soccer
Durée : 1h40
L’histoire
Pas très simple ou claire. Vous prenez un gang genre triade, des maîtres de kung fu incognito ou internés, un petit jeune qui veut devenir méchant, un gros mou qui l’accompagne, une propriétaire mal embouchée et toujours la clope au bec, une marchande de glaces muette, un petit village pauvre, et vous agitez jusqu’à ce que tout le monde soit aussi agité et se mette sur la gueule…
La critique
Faire la critique de ce film, c’est comme distinguer à 100m les deux Dupondt de Tintin : une tâche pratiquement impossible. Parce qu’arriver à tirer un avis et, pire, une note de tout ce capharnaüm relève d’une virtuosité inégalée ou de la folie furieuse. Laissez-moi donc vous exposer tous les faits, et vous laisser le verdict final. Si vous avez vu Shaolin Soccer, mon travail va être simple : c’est la même chose, mais en pire côté bordélique et n’importe quoi. Si vous ne l’avez pas vu, je vais essayer de citer ce qu’on trouve dans le film : du kung-fu tendance pas académique du tout, des gros gags qui tachent, des effets spéciaux enflammés, des gens qui volent et virevoltent, des méchants très méchants et des méchants moins méchants, de la musique avec plein de percussions genre grosse caisse, et des coups qui tapent fort et des gens qui morflent. Car la recette est bien la même que dans Shaolin soccer, avec un ingrédient en plus : un scénario indigent.
Là, difficile de défendre le scénariste, mais l’histoire part vraiment dans toutes les directions à la fois. C’est pas autant n’importe quoi que Ocean’s 12, mais presque, si vous voulez une comparaison (Ocean’s 12 restant toujours mon étalon de scénario en n’importe quoi majuscule). Alors très vite on arrête d’essayer de comprendre, ou de se demander pourquoi untel fait ci ou ça, puisque tant qu’il y a de l’action, ça nous suffira. Et côté action, c’est pas faute de scènes d’anthologie, comme celle où les héros du village se révèlent, ou la poursuite par la proprio, ou l’incroyable combat contre les aveugles musiciens (à lire, ça a pas l’air, mais en fait si). Le film aligne action qui tape fort, effets spéciaux délirants et gags forcés. Un cocktail assez jubilatoire, qui serait irrésistible si on comprenait un peu pourquoi tout le monde fait tout ça, et également si la réalisation était à la hauteur. Parce que tout ça semble un peu tourné et monté à la va comme j’te pousse, de façon aussi violente que les coups portés, à la hache (comme le gang du même nom dans le film).
Au bout du compte, vous rirez un bon coup, vous ferez " wow " devant pas mal d’effets spéciaux, mais ce sera tout. Alors qu’avec Shaolin soccer on voyait où on voulait en venir, ici c’est un tel bordel qu’on suit les scènes une à une, sans vue globale sur le film. Alors si ça vous fait rire et que l’absence de scénario ne vous gêne pas, vous allez vous éclater big time. Mais si vous n’aimez que l’humour fin, et qu’il vous faut un film construit et bien réalisé, vous allez regretter de vous être assis dans la salle dès la cinquième minute. À vous de voir…
A voir : si la grosse action et les gros gags vous tentent
Le score presque objectif : 7/10 pour ma part, mais ça peut aller de 5/10 à 8/10 selon les goûts
Mon conseil perso (de -3 à +3) : joker, voyez vous-même
Sébastien Keromen