L'histoire :

Cette histoire raconte celle des frères GRIMM des usurpateurs chasseurs de démons au XIXe siècle. En effet, Jacob et Will louent leurs services aux villageois pour chasser de faux monstres qu'ils animent grâce à d'ingénieux trucages et d'impressionnantes mises en scène. Mais un jour, les autorités les obligent à se rendre à Marbaden où de vrais esprits maléfique s'y cachent. L'aventure va pour eux réellement commencer. Ils devront retrouver un mystérieux kidnappeur d'enfant. Leur voyage les conduira dans une forêt lugubre et magique où ils devront affronter ce que le monde entier prendra plus tard pour des contes et légendes.
  La critique par Nicolas GODEFROY:

    Quoi de plus alléchant qu'une B.O. entièrement jouée par un orchestre symphonique évidemment lorsque l'on aime ce genre de musique. Mais lorsque cette B.O signée d'un compositeur presque inconnu sonne comme une composition digne des plus grands, il y a de quoi se réjouir ! Enfin, je n'avais pas entendu ce genre de musique à la fois sombre et romantique depuis longtemps. Parcourons ensemble les gros titres de ce nouvel opus de Dario Marianelli qui le propulse à son rang bien mérité au sein de la communauté des meilleurs compositeurs de musique de films du moment. Globalement on retrouve l'instrumentation de type classique : Les cuivres, les voix les bois les cordes, les percussions. Alors d'où vient l'originalité ? Elle vient de la manière d'illustrer musicalement l'image, elle vient de l'harmonie employée, et de l'utilisation de gamme tombées malheureusement dans l'oubli, ou trop mal employées.

    Le thème principal est étrangement pompé sur « The Hollow Man » de notre très regretté Jerry Goldsmith. Mais ici, il sonne vraiment bizarre, comme s'il était joué « out »(pour les Jazzeux). En effet, Il est construit sur une progression descendante sur 3 gammes mineur différentes dont une mélodique. Par exemple, sur la piste 6 (à 30sec), on part sur la tierce de la gamme de Ré mineur, puis on descend et on arrive en Réb min mélodique avec le passage de la mélodie sur la sixte bécarre (note caractéristique du min mélodique) et enfin on arrive sur la fondamentale de la gamme de Do mineur. J'en vois certains qui se diront : Mais que raconte-t-il ? Pour faire clair, une gamme mineur sonne triste, et une gamme majeur sonne gai, joyeux. La gamme mineur mélodique est un mix des deux. Elle commence mineur et fini majeur. A présent continuons notre analyse. L'originalité de ce thème vient aussi de l'accompagnement car sur une mélodie aussi complexe il se doit d'être clair. C'est pourquoi il suit logiquement le thème et les gammes avec une progression chromatique descendante. On a donc dans l'ordre les accords de Rém, Rébm et enfin Dom. Quant au rythme du thème, et bien chaque notes pourrait tout simplement s'écrire sur des noires en 3 temps par mesure (¾).


    Nous parlions de Jerry Goldsmith plus haut pour évoquer les influences de Marianelli. Mais si l'on écoute attentivement la piste 5, à 5 min environ, on peut clairement entendre note pour note, et qui plus est avec les mêmes instruments, l'intro du célèbre Firebird (l'oiseau de feu) de Stravinsky compositeur post-romantique contemporain. Est-ce volontaire ? Est-ce un hommage ? Ou tout simplement un manque d'inspiration ? Mais continuons notre écoute, 1 minute plus loin (6:20) pour tomber sur.....la fameuse cadence plagale utilisée mainte et mainte fois par tous les plus grand compositeur (dont Jerry GOLDSMITH) pour exprimer l'émerveillement ou une scène avec un décor fantastique/magique ! Je rappel, pour ceux qui ne savent pas, ce qu'est une cadence plagale, c'est le IV degré de l'harmonisation du mineur mélodique qui se résout sur le I. Mais les compositeurs de musique de film l'utilisent presque tout le temps dans l'autre sens. On a donc un accord mineur qui va se résoudre sur un accord Majeur se trouvant à un intervalle d'une quarte au-dessus. On peut toutefois noter l'effort de rendre cette cadence originale par l'utilisation d'une sixte venant enrichir le IV degré. Quand à la piste 9 ça ne vous rappelle rien ? Mais si ! Le très célèbre opéra Carmen de George BIZET (Act I des suites n°2 « L'amour est un oiseau rebel », HABANERA). Marianelli veut-il nous faire comparer Monica BELLUCCI (interprétant la reine-sorcière) à la belle Carmen ? Mais ce n'est pas tout. Il y a dans cette B.O pleins d'autres références à mesure que l'on est confronté à un nouveau conte. Sur certains morceaux, par exemple la piste 1 après l'annonce du thème ou la piste 17, l'ambiance nous plonge presque dans un cirque Russe des années 20, avec ses cuivres et cette harmonie sonnant un peu « balourde ». Allez, un dernier pour la route : l'intro de la piste 12 n'est autre qu'un clin d'oeil à l'excellentissime compositeur romantique Johannes Brahms avec le morceau « Lullaby ».

A présent c'est clair dans vos esprits non ? Terry GILLIAM a mélangé plusieurs conte pour faire son film, alors Dario MARIANELLI s'est dit la même chose : pourquoi ne pas intégrer subtilement quelques thèmes connus du répertoire classique pour illustrer certains passages.


     Vous l'aurez compris, si vous aimez l'originalité dans une B.O et que vous êtes un temps soit peu « analyste » si vous aimez comprendre ce que vous entendez, alors vous serez agréablement surprit et je ne peux que vous conseiller d'acheter cette B.O. Quand aux autres, c'est peut-être le moment de vous de vous laissez transporter par cette ambiance magique que nous conte Dario Marianelli. Encore une B.O. qui s'écoute très bien sans forcément avoir vu le film. Quand aux apprentis compositeurs, je vous conseille de voir le film, afin de mieux capter les moments où Marianelli fait référence aux classiques. C'est vraiment très bien amené, et vous apprendrez beaucoup de choses sur l'aspect tensions/résolutions dont je parle dans mes précédentes critique. L'analyse de certains des morceaux dont le thème principal vous révélera bien des surprises harmoniques. Du très très bon boulot qui a dut demander pas mal de temps. Saluons l'artiste, car ce n'est pas souvent qu'un compositeur se prend autant la tête pour une musique de film.

Pistes coup de coeur :
-La 8 la 14 et la 16 résument bien l'univers musical de la B.O
-La 1 pour le thème.

Points Forts :
-Le thème et ses arrangements
-Le fait d'intégrer des références au classique.
-La magnifique harmonie des pistes 8 et 14.

Points Faibles :
-Avec une B.O de cette qualité on aurait espéré plus de surprises harmoniques.


BIOGRAPHIE :
Né à Pise en Italie, il étudie le piano et la composition à Florence. Il Étudie ensuite un an à la Guildhall School of Music and Drama à Londres. Puis il obtient une bourse de la Gulbenkian Fundation pour suivre un cours sur la composition et la chorégraphie dirigé par Judith WEIR et Loyd NEWSON au Bretton University College. Il part ensuite en Allemagne pour effectuer une série d'atelier sur les musiques de films européenne. Puis il passe trois ans à la National Film and Television School (United Kingdom) dont il sort diplômé en 1997. Depuis, il a composé la musique de plusieurs films, documentaires, films d'animation, pièces de théâtre, ballets contemporain et concerts.

Liste des morceaux :
01. Dickensian Beginnings
02. Shrewd Thespians
03. Red Riding Hood
04. The QueenÕs Story
05. The Forest Comes to Life
06. Jake's Pledge
07. Muddy
08. Inside the Tower
09. The Queen Awakens
10. The French Arrive
11. Burning the Forest
12. The Eclipse Begins
13. A Slice of Quiche Would Be Nice
14. It's You: You Know the Story
15. Sleeping Beauties
16. And They Lived Happily Ever After
17. End Credits
Total : 1:11:41
Sortie le : 26 Septembre

Fiche Technique :
Compositeur : Dario  Marianelli
Conducteur : Benjamin Wallfish
Orchestration et Arrangements : Benjamin Wallfish
Producteur : Dario Marianelli
Distributeur : Milan - 2005

Recommandation à la vente : 10/10 (j'ai eu des frissons en l'écoutant)