Le Monde de Némo
Titre original : Finding Nemo
USA, 2003
Réalisateur : Andrew Stanton & Lee Unkrich
Avec les voix de : Albert Brooks, Ellen DeGeneres, Willem Dafoe et Geoffrey
Rush en VO, Franck Dubosc, Samy Naceri et David Ginola en VF
Musique de : Thomas Newman
Durée : 1h40
Némo, le petit poisson-clown, est tout ce qui reste à son papa,
Marin. Ce dernier, pourtant casanier, va devoir partir à la recherche
de son fils quand celui-ci est attrapé par un pêcheur. Un voyage
plein de rencontres aquatiques l'attend, pendant que son fils joue à
la grande évasion dans un aquarium
Quand on va voir un film Pixar,
on y va généralement l'esprit tranquille. On sait que les petits
gars de Pixar se distinguent d'une part par le port habituel de chemisettes
à fleurs, d'autre part par le soin qu'ils apportent à leurs films,
notamment sur le scénario, qui passe avant la prouesse technique. À
ce titre, Monstres et compagnie était un sommet d'originalité
et de jamais vu. Bien que nettement moins original que ce dernier, le Monde
de Némo est au niveau des autres productions Pixar. Tant mieux. Détaillons.
Le
point de vue de Sébastien Keromen
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Même s'il est loin d'être parfait, le scénario bénéficie
d'une dynamique irrésistible. Pour une histoire qui se réduit
finalement à un road movie (sur route aquatique), Némo se défend
bien en rencontres et personnages, en idées et péripéties.
Seul bémol (mais de taille) : il manque fortement de surprise. De plus,
le personnage principal, Marin (Marlin en VO), le papa de Némo, manque
un poil de charisme et d'intérêt, à cause d'un traitement
trop classique, pas assez second degré, et est victime d'une morale un
peu forte sur les relations père-fils. Faut dire que le point de départ
(il se retrouve seul avec son fils alors qu'un prédateur genre barracuda
a dévoré (hors caméra, rassurez-vous) sa femme et ses autres
enfants, et en plus le fils en question a une nageoire atrophiée) est
assez lourd, et on ne s'en sortira pas sans une bonne dose de psychologie sirupeuse
sur le père qui accepte que son fils prenne des risques, tout ça
tout ça. Quitte à nous tartiner de bonne morale, on aurait préféré
un couplet sur l'écologie (à peine effleurée), ça
aurait toujours été ça d'inculqué aux nombreux américains
qui ont vu le film.
Heureusement, il y a
(non, pas Findus, justement eux ils font du poisson pané alors ils n'étaient
pas invités) les seconds rôles. Soit une jolie collection de
poissons frappadingues. Si certains trouvent difficilement leur place dans l'histoire
(franchement, les requins, c'était pas indispensable), les poissons cinglés
de l'aquarium, la tortue cool et son bébé trognon, et surtout
un poisson plein de bonne volonté mais frappé d'amnésie
sélective et d'une candeur sans limite (et quuuuiiii paaaaaaarleeee leeee
baaaaaleinieeeeen, si, mais faut l'entendre), apportent tout son intérêt
au film, avec des scènes délirantes et un humour bon enfant. Mais
les amateurs de second degré auront également droit à quelques
clins d'oeil, bizarrement surtout à des films d'horreur, comme Shining,
les Dents de la mer (le nom du requin mécanique, c'était Bruce,
ah oui, faut avoir des lettres), Psychose ou les Oiseaux. Quelques passages
sont grevés par la bonne morale et les histoires de Némo fils
et père, mais le reste est en roue libre grâce à tous ces
personnages délirants.
Côté technique, on n'avait pas d'inquiétude sur les capacités
de Pixar à nous faire un bel océan. Et effectivement, les
grands plans larges sont superbes. Les personnages sont également réussis,
avec toutefois un parti pris de s'éloigner un poil de la réalité
pour rendre les poissons plus expressifs (et c'est pas un mal, vous avez déjà
trouvé votre poisson rouge expressif, vous ?). On obtient finalement
un rendu qui ressemble un peu à de la marionnette, ou plutôt à
de l'animation en pâte à modeler, style Studio Aardman (qui nous
a apporté les Wallace et Gromit, ou Chicken run). Pas de problème
sur les voix, réussies sans être mémorables, ou pour la
musique, qui ne marque pas mais ne dérange pas.
Au final, même
s'il n'est pas au niveau de Monstres et compagnie, notamment à cause
d'un manque de surprise, de quelques baisses de régime et d'une morale
un peu lourde, le Monde de Némo reste un divertissement de choix, très
efficace, très drôle, très beau. Le savoir-faire de Pixar
à votre service. Et même si cette fois-ci on n'a pas droit au bêtisier
du générique de fin, il y a quand même de quoi (sou)rire
jusqu'à la toute fin (et La Mer en version anglaise). Restez jusqu'au
bout !
A voir
? : avec ou sans enfants
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, allez-y