Dans un bar de la ville, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny, qui vient d’intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l’image du pays tout entier, le gang, dirigé par l’énigmatique Johnny, évolue peu à peu... Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra alors choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang.
« The Bikeriders » est un survivant ! D’abord parce que le réalisateur Jeff Nichols (Midnight Special), travaillait sur le film « Sans un Bruit », qu’il a fini par abandonner pour se consacrer intégralement à ce film de motards. Ensuite parce que le film devait d’abord être distribué par Disney qui avait décidé de le sortir sur sa plateforme et non en salle, avant qu’il ne soit récupéré par Universal, ce qui lui permit d’être vu dans les salles obscures. Avec un budget entre 30 et 40 millions de Dollars, le film en a rapporté au total un peu plus de 35, une déception aux vues des qualités de ce film, dont la base scénaristique repose sur un livre de photos du même nom paru en 1967, et dans lequel le photographe Danny Lyon suivait le quotidien de ces hordes mécaniques qui parfois terrorisaient les citoyens de l’Amérique Profonde et passait leur temps a créer des groupes et à se retrouver pour boire jusqu’à plus soif, se battre et reprendre la route dans un grondement d’enfer.
De ce livre témoin d’un style de vie, le réalisateur Jeff Nichols a signé un scénario dans lequel il va prendre à contre-pied les amateurs de films de motard en installant au centre du récit, la femme d’un des motards et raconter la vie de ces hordes à travers le regard de cette femme partagée entre l’amour de son mari et la difficulté d’une vie de groupe en pleine mutation. Comme un miroir de la société Américaine de l’époque qui évoluait vers des démons qui laisseront des marques. Ici les motards qui n’étaient que des groupes d’amateurs de mécaniques qui intégraient dans leurs groupes tous ceux qui se sentait en marge de cette société ultra calibrée, sont devenus petit à petit des délinquants, dont les plus célèbre furent les très tristement célèbres Hells Angels.
Et dès l’ouverture du film, le réalisateur met en lumière les deux films qui l’ont inspiré pour écrire son histoire : « L’Equipée Sauvage » (1953) de Laszlo Benedek et bien sûr « Easy Rider » (1969) de Dennis Hooper. Le personnage de Benny, interprété avec beaucoup de précision et de subtilité par Austin Butler (Elvis) est d’ailleurs une référence immédiate à celui de Johnny Strabler, interprété par Marlon Brando dans « L’Equipée Sauvage ». Et le réalisateur de nous entrainer dans une aventure où les choix sont toujours fait en fonction du groupe et par un leader charismatique dont l’autorité ne tient que par la force de ses poings et de son charisme. Une règle très masculine, que le point de vue de Kathy, interprétée par la toujours juste et puissante actrice anglaise Jodie Comer (Free Guy), vient modérer en montrant les fêlures de ces groupes, ses dangers et ses doutes. Sur un scénario qu’il a particulièrement soigné en se laissant porter par les photos du livre de Lyon et en s’imprégnant également de l’histoire derrière l’histoire d’« Easy Rider », Jeff Nichols nous plonge au cœur d’un groupe où s’unissent les suiveurs et les leaders mais où tout le monde se retrouve avec la même passion : Celle de la moto et de l’ivresse de ces chevauchées.
« The Bikeriders » c’est un film de motards en constante évolution qui vient nous montrer comment des passionnés ont fini par donner naissance à la culture des gangs avec les codes de fonctionnement et cette violence qui a fini par prendre la plus mauvaise des directions. A l’instar de cette scène où deux chefs de groupes se retrouvent lors d’un rassemblement, s’affrontent d’abord verbalement avant que cela dégénère en bagarre générale. Une bagarre qui une fois achevée, verra tous les protagonistes se retrouver autour d’un verre. Plus tard dans le film, une autre bagarre de domination prendra une tout autre tournure, montrant ainsi ce changement radical que prirent ces groupes qui finirent par être connus sous le nom de « Gang » et dont les luttes rempliront les colonnes des journaux du pays.