En 1818, un paysan, Jean Valjean parvient à s'évader du bagne de Toulon après vingt ans de travaux forcés (après avoir été injustement condamné). Jean Valjean revient en France où il aspire enfin à la tranquillité et au bonheur. Son destin bascule avec la rencontre de l'évêque de Digne, Mgr Myriel.
Souvent considéré comme l’une des plus fidèles des adaptations du roman de Victor Hugo : « Les Misérables », la version de Jean-Paul Le Chanois, est surtout resté dans les mémoires par son casting 5 étoiles avec : Jean Gabin (Le Chat) en Jean-Valjean, Bourvil (La Grande Vadrouille) en Thénardier et Bernard Blier (les Tontons Flingueurs) en Javert. Mais on y retrouve également Danielle Delorme (Si Versailles m’était conté…) dans le rôle de Fantine (Pas forcément sa meilleure prestation !), Serge Reggiani (Le Mystère de la chambre Jaune), quant à lui, campe Enjolras et puis enfin Fernand Ledoux (La Rose de la mer) endosse la peau de Gillesormand (Un rôle qui reprendra en 1981, dans la version de Robert Hossein avec Lino Ventura en Jean Valjean). Et là, je ne parle que de la partie visible du casting, si l’on passe derrière la caméra, nous retrouvons René Barjavel, qui, en plus d’être un écrivain réputé avec des Œuvres comme « La Nuit des Temps », fut également le scénariste de « Le Petit Monde de Don Camillo ». Michel Audiard a travaillé également, un temps sur le scénario, il est d’ailleurs crédité, mais ne s’étant pas entendu avec le réalisateur préféra quitter le navire. Et puis, bien sûr, Jean-Paul Le Chanois, un nom un peu oublié mais un réalisateur intéressant pour ne pas s’être limité à un style. Et avoir signé des petites pépites comme le drame « Le Temps des cerises » en 1937 ou la comédie « Papa, Maman, la bonne et moi » en 1954 avec Robert Lamoureux (Mais où est donc passée la 7ème Compagnie ? ».
C’est donc ce réalisateur qui signe la 25ème adaptation du roman de Victor Hugo au cinéma et la 18ème sous le titre « Les Misérables ». Car le roman de Victor Hugo, connu dans le monde entier, vit ses personnages prendre vie à l’écran dès 1906. Autant dire, qu’imprimer sa marque et son style, n’est pas une chose facile lorsque bon nombre de réalisateurs dans le monde s’y sont essayé auparavant avec plus ou moins de réussite. La référence étant, à mon humble avis, celle de Raymond Bernard en 1933, avec Harry Baur. Et dès les premières minutes du film, Le Chanois va surprendre avec une trame qui va se coller au plus près du roman tout en modifiant sa structure narrative. Ainsi, Le scénario fait l’impasse sur le passé de Jean Valjean et commence directement au bagne, il ne va pas non plus s’attarder sur l’histoire de Fantine, mais juste utiliser des dialogues pour l’expliquer brièvement. Et surtout, Le scénario que le réalisateur signa avec Barjavel et Audiard, va imposer une voix Off, celle de Jean Topart (Rocambole), pour nous raconter l’histoire. Un choix audacieux qui ne paye pas tout le temps, car la narration s’en trouve alourdit et la dramaturgie très forte dans le roman d’Hugo s’en trouve parfois affadit, comme toute a partie autour de Cosette qui manque terriblement de consistance, notamment la rencontre entre Fantine et les Thénardiers, quasi inexistante ou encore le quotidien de Cosette, dont le ressort tragique est complétement affadi par une compression du temps qui fait perdre à cette partie-là toute sa puissance. Il en sera de même tout au long du film, présenté ici en deux époques, comme la révélation de Jean Valjean à Marius, dont le choix du scénario en fait une action u peu légère alors qu’elle est d’une puissance rare dans le livre.
Côté mise en scène, nous l’avons dit, le montage peut trainer sur certains aspects de l’histoire, mais traiter avec beaucoup plus de légèreté certains autres. Ce qui peut frustrer le spectateur qui attend de se laisser embarquer dans cette œuvre majeure de la littérature française avec une certaine vision ancrée dans la mémoire collective. Il en va de même pour le choix des acteurs, si Jean Gabin et Bernard Blier semblent une évidence pour les rôles de Valjean et Javert, il n’en va pas de même pour celui de Thénardier. Bourvil, le campe avec beaucoup de sincérité et lorsqu’il s’agit de jouer les maladroits ou lors de la première rencontre avec Valjean, l’acteur est cohérent, mais son physique et sa personnalité joviale et tendre, lui font perdre sa précision lorsqu’il doit être menaçant ou malsain. La palme de la pire prestation revenant à Danielle Delorme dont la formation théâtrale lui fait en faire beaucoup trop et être hors sujet la plupart du temps.