Résumé
Le film est particulièrement long et est réalisé à l’ancienne avec introduction, entracte et épilogue.
Ouverture : László Tóth, un survivant juif hongrois de l’Holocauste, émigre aux États-Unis après avoir été séparé de sa femme et de sa nièce. Il se rend à Philadelphie pour vivre avec son cousin Attila et commence à chercher du travail.
Partie 1 : László travaille dans le magasin de meubles de son cousin et est impliqué dans la rénovation d’une bibliothèque pour un riche industriel, Harrison Van Buren. Après un malentendu, László est expulsé et sombre dans la toxicomanie.
Plus tard, Harrison découvre le talent architectural de László et lui propose de construire un centre communautaire.
Partie 2 : László retrouve sa femme Erzsébet et sa nièce Zsófia, qui ont des problèmes de santé dus à la guerre. Pendant la construction du centre communautaire, László fait face à des défis et des insultes. Après un accident impliquant des employés, le projet est abandonné.
Plus tard, Harrison invite László en Italie où il est agressé.
Traumatisé, László décide de déménager à Jérusalem avec sa famille.
Épilogue : En 1980, une rétrospective des œuvres de László est organisée à Venise.
Le centre communautaire, enfin achevé, est présenté.
Critique
La technique
Couvert de prix et de récompenses, je m’attendais à une œuvre intelligente, graphique et captivante.
L’image est un premier choc. Le film a été saisi en Vistavision. Cela faisait des années qu’un film n’avait pas été capturé ainsi. Vistavision utilise une pellicule argentique 35 mm, mais qui défile à l’horizontale pour une meilleure définition. Le film ne cache même pas les petites tâches de pellicule ni l’instabilité de l’image. Le format est 1,66 (légères bandes noires verticales à gauche et à droite de l’image). Le film change parfois de ratio, ne soyez pas étonnés.
Le son est multicanal et moderne. On a trouvé la bande originale souvent agressive pour les oreilles avec du Free Jazz, des sonorités industrielles ou des sons très expérimentaux. L’image est souvent froide et dure, mais le son est souvent agressif et oppressant.
On a apprécié la réalisation, la mise en scène et la direction d’acteurs. Le film est long, parfois lent, mais bien réalisé. Le principal souci, c’est l’histoire.
L’histoire
L’histoire suit un architecte juif hongrois, rescapé de la Shoah, et son expérience en Amérique, finalement présentée comme un « cauchemar américain ».
Le titre « The Brutalist » sur l’ambiguïté du terme « brutaliste », suggérant plus qu’un simple courant architectural.
D’ailleurs, le thème architectural du brutalisme est rapidement mis de côté, sauf pour quelques images des constructions de László Tóth, illustrant le contraste entre sa personnalité discrète et ses créations brutes.
Les personnages sont assez caricaturaux : les riches prennent ce qu’ils veulent, n’hésitent pas à rabaisser, violer, humilier les humbles sous couvert de paternalisme appuyé. Les Van Buren père et fils sont de cette trempe. J’imagine que beaucoup y verront l’image du président américain.
Mais du côté Tóth, ce n’est pas beaucoup mieux. La nièce s’est réfugiée dans le mutisme (et en sort par magie) tandis que sa femme le manipule en jouant de son handicap (elle remarche par magie pour une scène clef du film). Seul László semble assez équilibré malgré sa dépendance aux drogues.
L’histoire est essentiellement en 2 parties. La première est assez réussie. La seconde l’est bien moins. Elle est bien plus lente et déconstruite. Le réalisateur semble jouer d’une manière sadique avec les attentes du spectateur, qui est maintenu dans une position d’attente pour un bouleversement qui tarde à venir et est tellement mal amené que l’on se demande ce qui a pu se passer.
Le mini-twist final n’est pas non plus une grande surprise.
Verdict
Au bout de 3 h 30, la déception est grande. La technique est mitigée avec beaucoup d’images (belles), une construction du film complexe (linéaire, mais avec des ellipses) et une bande-son souvent agressive. L’histoire aurait pu moins contemplative et mieux amenée. On a l’impression d’être manipulés (comme László manipule son mécène) et, surtout, pris de haut. Au final, c’est une déception.