5 septembre nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et qui continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne reste l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l'époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l'histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité.
Pour son troisième film, après « Hell » et « La colonie », tous les deux en 2021, Tim Fehlbaum se penche sur les attentats de Munich lors des jeux olympiques de 1972.Un évènement marquant pour l’Allemagne qui y voyait là l’occasion de briller à nouveau à l’international, mais qui s’est vu prise, également, en otage lorsque le conflit Israélo-Palestinien est venu s’inviter au cœur de cette sportive, qui avait, en plus la particularité d’être la première à être diffusée en direct dans le monde. Et si cette affaire sombre de l’histoire des jeux Olympiques a déjà inspiré Steven Spielberg pour son film « Munich » en 2005, Fehlbaum a décidé de s’intéresser, plutôt, au cas de conscience qui vécurent les journalistes de la chaine ABC qui couvrait les jeux et qui se sont retrouvés aux première loges.
Et si Spielberg s’interrogeait sur l’attentat lui-même et la réponse démesurée d’Israël (Tiens comme cela est le cas actuellement) et notamment sur ce moment de bascule où les victimes deviennent les bourreaux. Tim Fehlbaum se met à l’extérieur du fait divers et en profite pour nous interroger sur la manière dont les médias ont couvert cet évènement hors du commun et comment ils ont dû s’interroger sur ce qu’il était possible de montrer ou non. Et puis il y a également la place de la caméra, la mise en danger, involontaire des otages, par soucis d’informer et d’être les premiers à offrir des images, dans une société qui commence à adopter la Télévision comme le média prioritaire et surtout comme le relai indispensable à ce qui se passe dans le monde.
C’est évidemment une réflexion que l’on peut se poser encore maintenant avec les chaines d’infos en continue qui ont besoin de contenus pour pouvoir alimenter des heures d’antennes. De notre côté de l’Atlantique nous avons tous en tête les Attentats de 2015, L’Hyper-Kaschère et l’assaut de Dammartin en Goële où l’attitude des médias fut pointée des doigts par l’omniprésence des caméras et ces commentaires qui donnaient des infos précieuses aux Terroristes. Ce fut déjà le cas en 1972, et le réalisateur qui a signé le scénario, avec Moritz Binder (Tatort) et Alex David (Gummo), l’a bien compris l’orientation du film est, évidemment, les réflexions, les questions et les objectifs de ces journalistes plongés dans un drame qui les dépassent. Avec une certaine intelligence le scénario va faire monter la pression et amener chacun des personnages à évoluer en fonction des fais qui se déroulent devant eux, poussant ainsi le spectateur à se poser les mêmes questions.
Porté par un trio d’acteurs Peter Sarsgaard (Jackie), John Magaro (The Finest Hours) (L’acteur était déjà au générique de « Munich » de Spielberg) et Ben Chaplin (La Ligne Rouge) , tous impeccable de justesse, le film, par une mise en scène précise parvient à maintenir une tension permanente et à jouer sur les textures pour être raccord avec les images de 1972. De minutes en minutes et de secondes en secondes la pression monte et ce sont les comédiens qui la font passer d’un cran à chaque fois. Avec des prestations précises et jamais dans la caricature, ils posent les questions et prennent le temps d’y répondre. Le réalisateur sait parfaitement tenir son propos et amène le spectateur à ne pas rester passif, bien au contraire et de se faire sa propre idée de ce qu’il fallait dire ou faire dans de pareilles conditions.