La journée la plus chaude de l'année et la plus explosive de l'histoire de Bedford-Stuyvesant, Brooklyn, va changer à jamais l'existence de sa communauté...
Critique
"Do the Right Thing", sorti en 1989, est un film majeur dans la carrière de Spike Lee, alors jeune cinéaste déjà reconnu pour ses premiers films à forte dimension afro-américaine. Avec ce projet, Spike Lee ne se concentre plus uniquement sur la communauté noire, mais sur un quartier entier de Brooklyn, Bed-Stuy, et sa mosaïque ethnique (Afro-Américains, Italo-Américains, Portoricains, Coréens). Le film s’inscrit dans une volonté de dépeindre les tensions raciales ordinaires, sans tomber dans le manichéisme ou le militantisme pur. Plus de 30 ans plus tard, on peut dire que ce film est presque prophétique, en particulier avec la scène de violence policière.
Le film s’articule en deux parties symbolisées par le jour et la nuit d’une trop chaude journée. La journée est marquée par une violence verbale contenue, une comédie de mœurs où chaque personnage, haut en couleur, évolue dans un équilibre précaire. Les échanges, souvent humoristiques ou anodins, laissent pourtant entrevoir des fissures : les remarques acides, les regards en coin, les revendications identitaires. La nuit, en revanche, bascule dans le chaos. L’incident déclencheur — le jet d’une poubelle à travers la vitrine de la pizzeria de Sal — cristallise les tensions accumulées. Spike Lee choisit de ne pas trancher pour le personnage qu’il incarne : Mookie, le livreur de pizza. Est-il un héros ou un pyromane ?
Spike Lee utilise des procédés qui brisent le quatrième mur, comme les interventions de Samuel L. Jackson ou des trois observateurs assis dans la rue, qui commentent l’action.
La musique mêle rap, hip-hop et jazz et renforce l’immersion dans cette ambiance caniculaire du quartier. Elle accompagne les émotions, passant de la légèreté à la tension.
La distribution est remarquable, des rôles principaux (Danny Aiello en Sal, Bill Nunn en Radio Raheem) aux seconds rôles (John Turturro, Ossie Davis). Chaque personnage, même épisodique, est travaillé, évitant la caricature.
Le film explore la banalité du racisme ordinaire, sans désigner de coupables univoques. Les conflits naissent de détails : les photos d’Italo-Américains sur les murs de la pizzeria, le volume de la radio de Radio Raheem, les préjugés entre les communautés. Spike Lee illustre comment des micro-agressions peuvent enflammer une situation, surtout sous l’effet de la chaleur étouffante (comme dans Summer of Sam). La fin du film, avec les citations opposées de Martin Luther King Jr. (prônant la non-violence) et Malcolm X (justifiant la violence comme autodéfense), souligne l’ambivalence du message. Lee ne prend pas parti : il expose les arguments des deux côtés, laissant au spectateur le soin de réfléchir à la légitimité de chaque approche.
Verdict
"Do the Right Thing" est une plongée dans les mécanismes de l’exclusion, une étude des réactions humaines face à l’injustice. Spike Lee, seulement âgé de 32 ans, y démontre une grande maturité. Si le film peut semble encré dans les années 80-90, il n’en est pas moins actuel, comme en témoignent les débats persistants sur les violences policières et les mouvements sociaux contemporains.
En refusant de donner des réponses toutes faites, Spike Lee invite les spectateurs à s’interroger : Qu’auriez-vous fait à la place de Mookie ?
Une image stable et ne présentant pas de tâche particulière. Le film argentique a bien été nettoyé. Le grain est maintenu, mais n’est pas trop présent à l’écran. La définition est bonne, mais garde la douceur de la pellicule. Le film offre d’excellents contrastes et joue beaucoup avec la lumière écrasante du soleil.
Le film reprend la quasi-intégralité des bonus compilés pour ses différentes éditions.
Il n’y a pas de bonus inédit pour cette ré-édition.
– Introduction de Spike Lee avant le film
– Reportage pour les 20 ans du film
– Making Of d’époque
– Les coulisses du film
– Commentaires audio du film