Golden Globe 2007 du meilleur film en langue étrangère et 4 fois nominé aux Oscars comme meilleur film, Lettres d’Iwo Jima confirme le talent de réalisateur de Clint Eastwood qui, film après film, créée l’événement et l’émerveillement. Après « Mémoires de nos pères », cette vision Japonaise s’appuie sur les courriers d’époque retrouvés sur le site d’Iwo Jima. La livrée Blu-Ray de cette œuvre, que nous propose la Warner, est un régal pour le spectateur.
En 1944, alors que la flotte impériale Japonaise a été anéantie, l’ile d’Iwo Jima reste isolée et s’apprête à faire face à l’arrivée en masse des forces navales américaines. A la tête de la stratégie nippone, le général Tadamichi Kuribayashi rejoint l’ile entreprend d’analyser la situation pour mettre progressivement en place une tactique qui va transformer ce qui est annoncé comme une défaite inévitable, en un courageux affrontement dans la durée.
La reconstitution cinématographique transporte le spectateur dans une réalité courageuse et macabre qui nous raconte la lutte héroïque des soldats japonais qui lutèrent tels David contre Goliath, sur fond de désaccords et de luttes de pouvoir internes. A travers plusieurs intrigues simultanées et autant de perspectives pas forcément convergentes, Clint Eastwood nous décrit les devoirs et les doutes des Japonais acculés sur l’ile d’Iwo Jima, la protégeant jusqu’au sacrifice ultime.
Histoire de bravoure, mêlée de crainte, Lettres d’Iwo Jima est un recueil de derniers instants de vie où lorsque la résignation l’emporte, le seul choix qui se présente aux combattants est celui de la façon de mourir. Ceci donne lieu à quelques scènes crues, éprouvantes et violentes : membres disloqués, sacrifices sanglants. Le film est fort bien servi par Ken Watanabe qui campe un général Kuribayashi fin stratège d’une grande humanité, dont l’objectif principal au-delà des impératifs militaires est de ne pas laisser ses hommes mourir inutilement.
Clint Eastwood nous délivre ainsi un message de sagesse qui nous fait comprendre qu’il y a pas les bons d’un côté et les mauvais de l’autre. L’histoire des guerres et de l’aventure humaine en général ne peut se résumer à une analyse si simple. Dans Lettres d’Iwo Jima, le réalisateur filme, avec une précision documentaire, la souffrance des hommes plongés dans combat sans retour.
Un film sur la douleur universelle engendrée par les conflits armés, un sujet brillamment traité par Eastwood dans ce diptyque qui, après Mémoires de nos pères, nous fait comprendre le point de vue Japonais en évitant la controverse. Le réalisateur y fait preuve d’une extrême compréhension de ce peuple valeureux, de ses souffrances et de ses valeurs. Un grand moment de cinéma.
L’image fortement désaturée, associée à la haute définition du Blu-Ray permet d’apprécier la photographie unique du film. Un presque noir et blanc qui révèle avec discrétion des couleurs passées par le temps où seuls le sang et le feu semblent parfois surgir de la palette. Les éclairages tamisés et les contre-jours découpés avec précision participent à l’ambiance semi « huit-clos » du film.
Les contrastes sont parfaits et le piqué d’image reste excellent pendant 140 minutes ainsi que sur certains bonus. La compression VC-1 fait des merveilles sur cette gamme chromatique : l’image est fine et honore les premiers comme les seconds plans. Au final, ce rendu Blu-Ray impeccable, associé à une photographie unique font de "Lettres d'Iwo Jima" un véritable mémorial vidéo en haute définition.
Entièrement tourné en langue Japonaise, la VO nécessite les sous-titres pour être intelligible sur notre continent. Les anglophones regretteront de ne pas disposer d’une piste audio doublée dans leur langue (seule une piste audio anglaise pour malvoyants est proposée), contrairement aux Allemands, aux Italiens, Espagnols et Français qui ont la possibilité de sélectionner un doublage intégral dans leur langue maternelle.
Côté piste musicale, le film étonne par sa sobriété. Hormis quelques rares passages pendant lesquels on distingue une musique mélancolique discrète comopsée par Kyle Eastwood, le film est vide de toute piste musicale jusqu’au générique de fin. L’immersion dans le quotidien malheureux des combattants Japonais n’en est que plus intense, le champ étant libre pour les effets sonores, très dynamiques principalement acheminés vers les enceintes surround. Les voies arrières s’occupent principalement des ambiances (mer, vagues, impacts lointains, orage, etc.) et du peaufinage de la spatialisation pendant les combats tourmentés. Le caisson des graves n’est que rarement sollicité, mais toujours à bon escient.
Si cette édition Blu-Ray reste sobre dans ses menus, elle propose en bonus plusieurs documentaires dont un making of intitulé « Les coulisses du film avec Clint Eastwood » (21 minutes) qui permet de mesurer le travail effectué en plateau sur le tournage de Lettres d’Iwo Jima. Quelques reportages sont aussi de mise comme « Les visages du combat » (18 min 40) qui fait un focus sur les acteurs du film essentiellement des japonais anglophones et « Images du front » (3 min 27) qui s’attarde sur la photographie confiée à Tom Stern. Un reportage de 16 minutes sur la première mondiale au Budo-kan de Tokyo est aussi proposé, tout comme la conférence de presse organisée en novembre 2006 qui nous est ici restituée en 24 minutes 30. Pour clore ces bonus, on trouve enfin la bande annonce officielle du film.