Trois enterrements (Blu-ray)

Catégorie
Cinéma
Genre
Pays
USA
Date de sortie
27/08/2008
Réalisateur
Format
Blu-Ray
Boitier
Amaray
Producteurs
Michael Fitzgerald, Luc Besson, Pierre-Ange Le Pogam, Tommy Lee Jones
Scénaristes
Guillemeo Arriaga
Compositeur
Marco Beltrami
Edition
Standard
DureeFilm
120
Support
Critique de Pierre Dubarry
L'histoire :

Le corps de Melquiades Estrada est retrouvé en plein désert, où il a été rapidement enterré après son assassinat. Les autorités locales, sans chercher à découvrir les raisons de ce crime ont rapidement fait inhumer Melquiades au cimetière public. Pete Perkins, contremaître de la région et meilleur ami de Melquiades, va lui-même mener l’enquête et découvrir le meurtrier. Seul garant d’une réelle humanité dans cette étrange région du Texas, il va obliger l’assassin à emmener son ami vers son Eldorado natal, le Mexique, lui offrant ainsi son plus beau voyage, celui de son troisième enterrement.

Critique artistique par Laurent Berry, critique technique par Pierre Dubarry :

Après une belle carrière en tant qu’acteur et une première réalisation  (The Good Old Boys, un téléfilm datant de 1995), Tommy Lee Jones réalise Trois enterrements (2005), son premier long-métrage pour le cinéma, scénarisé par Guillemo Arriga (scénariste de 21 grammes (critique cinéma) et Amours chiennes). Mais on connaît surtout sa carrière d’acteur et parmi ses apparitions on se rappelle de JFK (1991), Le Fugitif (1993) pour lequel il a reçu l’Oscar du Meilleur second rôle masculin, Tueurs nés (1994) de Oliver Stone, Men in Black (1997) et Men in Black II (2002) qui laisse un très bon souvenir, U.S. Marshals (1998) ou Space Cowboys (2000) voire disparues (2002) de Ron Howard. Il vient de tourner dans A Prairie Home Companion (2006) sous la direction de Robert Altman et devrait figurer au casting de No Country for Old Men (2007), le prochain film de Joel Cohen.

L’origine du projet de Trois enterrements est en quelque sorte liée à une partie de chasse à laquelle avait été conviée Guillemo Arriaga dans le ranch de Tommy Lee Jones. A partir d’un fait divers raconté par ce dernier, Guillermo Arriaga a écrit un scénario qui permettait de parler de la situation difficile des immigrants mexicains aux Etats-Unis et au scénariste de développer certaines de ses obsessions. Guillermo Arriaga estime que l’importance de la chasse pour son activité d’écriture est telle qu’il pense qu’il n’aurait pas écrit de film s’il n’avait été amené à la pratiquer. Il constate par ailleurs que les personnages de Trois enterrements sont souvent des chasseurs. On se demande effectivement qui de Mike Norton (le douanier qui tue Melquiades) ou de Pete Perkins (l’ami qui veut se venger) est plus chasseur ou prédateur que l’autre. En dépit de leur intérêt pour la chasse, Tommy Lee Jones et Guillermo Arriaga sont préoccupés par des questions de natures différentes. Tommy Lee Jones est attaché à révéler le caractère illusoire des choses tandis que Guillermo Arriaga est préoccupé par la mort qu’il a mise en scène de manière frappante dans Trois enterrements (mais aussi dans 21 grammes) pour un homme dont le corps est ramené vers une terre chimérique au cours d’un voyage initiatique et périlleux.

Trois enterrements sont nécessaires à l’acceptation de la mort de Melquiades,  pour qui Pete nourrit une amitié profonde. La solitude des personnages raconte des histoires de cœurs écorchés au milieu de paysages dépeuplés où plus qu’ailleurs, on est tous pareil quand on est seul. Le tournage en extérieur dans l'ouest du Texas s’est déroulé entre les environs de Van Horn et des Davis Mountains et le Big Bend Country plus au sud, le long de la frontière mexicaine. On y retrouve des paysages où toutes les solitudes partagent la profondeur d’une tristesse qui peine à se séparer d’un attachement aux quelques repères qui restent alors que le partage du paysage par l’illusion d’une frontière enfonce les derniers espoirs. Le vieux piano sur lequel une fillette joue un air d’une tristesse infinie alors que Pete téléphone à Rachel (Melissa Leo que l’on avait déjà vu dans 21 grammes) pour lui demander de le suivre, c’est la sensation musicale et la voix tremblotante de Pete Perkins, désormais plus seul que jamais mais toujours habité par une forme de tendresse qu’il communique encore au cadavre de son ami. Une des scènes les plus fortes du film est sans doute le moment où Pete coiffe les cheveux du cadavre de Melquiades qu’il sera nécessaire de protéger de la dégradation tout au long du voyage.

Film à la facture classique Trois enterrements, présente quelques beaux clichés comme quand January Jones est dans le café et fume une cigarette avec mélancolie tandis qu’à travers la vitre elle voit une femme obèse en maillot de bain, bronzée devant son mobil Home. Cette vision étrange révèle ce à quoi veut échapper la jeune fille et qui prend d’autant plus de poids quand elle annonce à Rachel, la gérante du café qu’elle va repartir pour la grande ville. Elle veut aussi échapper à la vie dans une petite bourgade où les couples oublient depuis combien de temps ils sont ensembles et le centre commercial est trop loin pour ne pas devenir essentiel ; partir loin de la frontière, cette limite de zones restrictives artificielles. On a ainsi plusieurs plans de toute beauté comme lorsque Pete passe dans le logement de Melquiades après sa mort et est filmé de dos, face à deux fenêtres ouvertes sur le paysage à perte de vue comme les Etats-Unis savent en offrir. A cet instant Pete semble être placé face à deux directions différentes, le partage de l’horizon au travers de deux fenêtres et lui comme à cheval sur une frontière invisible. La frontière il va effectivement la passer à cheval jusqu’à retrouver l’Eldorado natal de son ami Melquiades. Sur la route semée d’embûches et surtout de rencontres, Pete et son prisonnier vont croiser notamment un vieil aveugle interprété par Levon Helm (un authentique chanteur et batteur qui évolue dans la groupe The Band,  Groupe rock, populaire sur le plan international à la fin des années 1960 et durant les années 1970). Ce vieil aveugle à la radio qui ne comprend rien à l’espagnol mais aime l’entendre, solitaire et abandonné à lui-même dans une vielle bâtisse au milieu de nulle part est à l’image de Trois enterrements.

Verdict :

Tommy Lee Jones signe avec Trois enterrements un film qui emprunte certains codes du western tout en s’en détachant pour parvenir à un film qui échappe aux tentatives de classification. L’histoire écrite par Guillermo Arriaga et la fabuleuse galerie de belles gueules (au sens propre et figuré) qui la porte entourent Trois enterrements d’un mélange de réalisme et de poésie qui fait mouche. Un DVD à découvrir au plus vite.

Définition
Couleurs
Compression
Format Vidéo
HD 1080p
Format Cinéma
1.85:1
Trois enterrements : ou la naissance d'un master image 5 étoiles

Ce master haute-définition compressé en AVC, réutilise le précédent master DVD du film, qui déjà à l'époque affichait une tenue irréprochable pour le format DVD. Le travail du directeur de la photographie, Chris Menges, se trouve ici véritablement transcendé, en affichant une palette de contrastes saturées à souhait, on retrouve ici une palette colorimétrique oscillant entre les teintes savoureusement chaudes, de couleurs jaune orangé sur les scènes extérieures. La profondeur de champ se trouve ici également magnifié sur e Blu-Ray avec une palette de plans larges très impressionnante, sans oublier forcéement un piqué d'image de tout premier ordre.
Nous avons sans doute à faire à l'un des meilleurs master sur support Blu-Ray,et les quelques rares apparitions de bruit vidéo pour les plus observateurs ne viendront aucunement entacher la qualité globale du Blu-Ray de Trois enterrements.
Sous Titres
Notes
Langues
Film
Bonus
Com
Spatial
Dyn
Surr
Anglais
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Français
Oui
Oui
Non
Bonne
Bonne
Bonne
Finesse et cohérence

Le Blu-Ray de Trois Enterrements nous offre ici deux pistes son non-compressées, VO et VF en DTS HD High Resolution. La bande-son du film ne se prête pas à une surabondance d'effets surrounds, ou à de véritables déflagrations acoustiques, non ici tout se joue dans la finesse du mixage, et la parfaite cohérence musicale de bande-originale signée Marco Beltrami. Les frontales assurent donc ici un rôle prépondérant, en démontrant une cohérence triphonique cristalline, et une parfaite mis en avant sur la scène arrière de la BO et de divers ambiances charnelles sur la scène arrière. Tout juste notera-t-on la présence de quelques effets surrounds ci et là, mais nous le répétons, le mixage dans un soucis de cohérence ne pouvait aucunement s'y prêter. La dynamique d'ensemble se montre sournoise, en affichant une linéarité d'ensemble assez stable, tout en offrant à divers moments du film tout de même, une présence bien soutenue.
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée Bonus : 94 min
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Les bonus du Blu-Ray de Trois Enterrements sont identiques à ceux de la précedente édition collector du DVD, le CD de la bande-originazle en moins.


- Film-annonce (1mn 51)

- Les coulisses du tournage (14mn 09) :

un making of qui permet tout à la fois de voir l’équipe travaillée et d'avoir des explications sur la manière dont Tommy Lee Jones a pu diriger ses acteurs. Une bonne introduction pour aborder le projet de Tommy Lee Jones.


- La musique de Marco Beltrami (7 mn 52):

Une interview croisée du réalisateur et du compositeur qui expliquent comment ils ont travaillé autour de la musique du film. Marco Beltrami a été un apprenti de Ennio morricone pendant trois ans et Tommy Lee Jones admire Sergio Leone et les ambiances western créées par la musique de Ennio Morricone. Cependant il a fait en sorte que la musique de Trois enterrements soit la plus dégagée de cette musique. Il s’agit d’un vrai travail de création, un cinéma d’auteur américain comme on l’aime quand les acteurs d’une certaine trempe comme Clint Eastwood se mettent à la réalisation. Marco Beltrami décrit le thème musical du film comme une musique indigène et organique obtenue grâce à des instruments utilisés par les mexicains auxquels on ne penserait pas. Les mexicains se servent parfois d’épines de cactus par exemple pour jouer de la musique.

- Festival de Cannes 2005 (14mn 55):

vendredi 20 mai 2005, une journée durant laquelle on suit l’équipe du film dans les dédales des interviews, séances photos, photo call et autres étapes protocolaires du festival. A 18h00, lors de la projection officielle la tension devient un peu plus forte jusqu’à la monté des marches. Après la projection et le générique, les applaudissements se font libérateurs et l’équipe peut se féliciter d’avoir commis un excellent film. Samedi 21 mai 2005 : cérémonie de clôture où Trois Enterrements reçoit le prix du meilleur scénario écrit par Guillermo Arriaga (qui évoque son pays, le Mexique et les difficultés de ses compatriotes) et Tommy Lee Jones le prix d’interprétation masculine.

- Interview du scénariste, Guillermo Arriaga (20mn 36) :

Lors d’une rencontre avec Tommy Lee Jones qui lui demande de faire un film ensemble, Guillermo Arriaga décide de s’inspirer d’un fait divers relaté par Tommy Lee Jones pour écrire l’histoire d’un jeune mexicain tué par un douanier. Il croit que Le mythe de la mort éternellement renouvelée est présent dans ce film. Le scénariste s’intéresse à la banalisation de la vie et la mort dans notre époque. Il révèle à quel point la chasse est importante pour lui et on activité d’écriture. A tel point qu’il pense que sans cette connaissance de la chasse il n’aurait pas écrit de film. Interview très nourrit par le scénariste qui s’exprime de manière précise sur son travail d’écriture et les thèmes qu’il y met en jeu.

- Scènes coupées :

Certaines de ces scènes coupées sont déjà de véritable court-métrage et reflètent parfaitement l’ambiance générale du film.
> Scene 13 (2mn 32) : Pete au ranch, Belmont vient lui parler
> Scene 53 (45 sec): Mel arrive avec son nouveau cheval
> Scene 57 (1mn 38) : A la station-service où Mel et Luanne se retrouvent
> Scene 69-70 (1mn 33) : Mike et Luanne e nvoitures, Mel et Luanne à l’hôtel
> Scene 121 (1mn 43) : Pete dit à Mike où il l’emmène
> Scene 127-128 (1mn 09) : Pete abat une biche. De jour, dans la grotte
> Scene 134 (35 sec) : La police des frontières cherche Pete
> Scene 137 (1mn 09) : Belmont en trin de boire
> Scene 187-197 (7mn 01) : scène de l’épluchage des épis de mais

- L’avant-première à Paris (5mn 47) :

arrivée sous la pluie au cinéma. Dans la salle, le réalisateur et le scénariste rencontrent Luc Besson, dont Europa, la société de production a produit le film de Tommy Lee Jones. La projection recueille un très chaleureux accueil couronné d’applaudissement des spectateurs.

- Le retour à la terre de Tommy Lee Jones (24 mn 18):

documentaire Canal + de Nicolas Mautrat où Tommy Lee Jones revient sur les lieux du tournage et explique sa rencontre avec Luc Besson et Pierre-Ange Le Pogam à Nassau où le budget du film leur a été accordé lors d’une journée passée sur le bateau de Tommy Lee Jones qui a organisé une séance de plongée sous-marine qu’affectionne le réalisateur et son épouse ainsi que Luc Besson. Tomy Lee Jones nous fait découvrir les différents villages traversés dans son  film ainsi que les ruines du petit village de Jimenez. Pour le réalisateur deux thèmes sont ultra présents dans Trois enterrements : la capacité à croire et la frontière. Il cite la définition de la foi par l’écrivain, Flannery O’Connor, un de ses auteurs favoris : «  ce que vous tenez pour vrai, que vous y croyez ou non » et évoque l’illusion de l’idée de la frontière au milieu d’un même territoire, d’un même paysage où on retrouve les mêmes peuples, mœurs, cuisine, musique. La frontière américano-mexicaine est floue et artificielle tout comme la frontière entre rêve et réalité. Trois enterrements est bien plus qu’un Western et Tommy Lee Jones espère échapper à toute catégorisation de genres cinématographiques qui sont selon lui plus rattachés à la tradition littéraire qu’au cinéma. Il constate que cette catégorisation porte préjudice à certains films qui ne peuvent passe faire ou vivent mal une fois projetée en salle.