L’odyssée de Ryan Brigham, un spécialiste du licenciement, à qui les entreprises font appel pour ne pas avoir à se salir les mains. Dans sa vie privée, le globe trotter fuit tout engagement jusqu’à ce que sa rencontre avec deux femmes ne le ramène sur terre.
Jason Reitman semble avoir un œil particulièrement avisé pour dépeindre une société complexe dirigée par la finance, en intégrant la vie d’un personnage hors norme. Ce fut le cas avec « Juno », et c’est encore la cas ici avec « In the air », où le réalisateur nous amène à suivre l’odyssée cynique de Ryan Brigham, qui ne vit que pour ses cartes de fidélités que lui procurent les aléas de son emploi. Et son métier est d’ailleurs le maitre mot de son existence : Il licencie les gens à la place de patrons qui n’ont pas le courage de le faire eux-mêmes. Totalement décalé d’une société dont il évite a tout prix de faire partie, Ryan Brigham est un migrateur impénitent, qui ne cesse d’assumer ce que les autres n’osent pas. Le film de Jason Reitman dépeint à merveille les incohérences de ce personnage et donne ainsi une vision particulièrement cynique de cette société où le profit prend le pas sur l’humanité et où les hommes sont formés a ne plus voir la douleur devant eux. Une scène est d’ailleurs d’un cynisme terrifiant lorsque la patron de Brigham, Jason Bateman, toujours excellent, parle de la crise financière en concluant par : « Le père Noël passe en avance ! ».
Le scénario prend un malin plaisir à emmener le spectateur à travers cette société qu’il dépeint avec beaucoup de justesse, au travers de son personnage. Une société désolidarisé, ou chaque individu se bat pour sa propre ascension au risque de brûler les autres. Reposant sur un fossé, chaque fois plus profond, notre quotidien ressemble de plus en plus, à celui de Brigham : Un vol permanent qui ne cesse de laisser les autres au sol. Et Jason Reitman a surtout l’intelligence de ne pas sombrer dans les travers habituels et de na pas avoir recourt aux clichés systématiques, bien au contraire.
Sa mise en scène, certes un brin légère, se veut pourtant précise et ne se laisse pas dériver par les subtilités d’usage. Ainsi, il préfère donner à son acteur principal, l’occasion de se montrer sous son jour le meilleur pour mieux en sortir l’aspect cynique. Par un montage souple et sans fanfreluche, il parvient à emmener le spectateur au rythme sur et maitrisé de son histoire.
Se reposant sur un casting efficace, à commencer par George Clooney (Syriana) lui-même, le film est une véritable réussite. Car l’acteur montre la meilleur facette de son talent, et donne à son personnage, tout ce qu’il faut de cohérence et de justesse pour en ressortir les fêlures autant que le cynisme. Clooney sait séduire pour mieux enfoncer le clou du côté sombre de son personnage. L’acteur est brillant (Pas assez pour justifier une nomination aux oscars !) mais suffisamment pour offrir une véritable composition de justesse. Et le trio qu’il forme avec la jeune Anna Kendrick (Twilight) et Vera Farmiga (Esther) est certainement le meilleur de ces dix dernières années. Les deux actrices donnent parfaitement le change à la star et s’imposent d’ores et déjà comme le choix idéal pour ce type de composition.
En conclusion, « In the air » de Jason Reitman est une fois de plus une véritable réussite. Le réalisateur parvient encore à nous entrainer dans les méandres d’un personnage qui ressemble à s’y méprendre aux rouages de notre société sans jamais vouloir y participer. George Clonney y offre une composition impeccable et se retrouve face à deux comédiennes de talent : Anna Kendrick et Véra Farmiga.