Saint-Petersbourg, 1917. Comment l’impératrice Marie et sa petite fille Anastasia vont être sauvées du funeste sort, provoqué par la révolution, qui s’abat sur la famille impériale, par un jeune employé de cuisine, Dimitri. Mais le destin les sépare encore. Dix ans plus tard, la rumeur court à St Petersbourg : La fille cadette des Romanov serait encore en vie.
Jusqu’en 1997, le film d’animation restait la propriété quasi pleine et entière des studios Disney. Une sorte de monopole qui commença à susciter l’envie des concurrents, qui attendirent la guerre ouverte entre les membres du studios, pour tenter une approche nouvelle et la création de projets différents tout en respectant une certaine logique dans la recette qui fit le succès du studio de Fairbanks. En 1997, la Fox fut la première à se lancer dans la bataille, avec un sujet particulièrement ambitieux et intriguant : celui de retracer l’histoire sombre de la révolution russe au travers du destin d’Anastasia la fille cadette du tsar, que l’on crut longtemps survivante.
Le scénario , inspiré de l’œuvre de Marcelle Maurette, tente de nous plonger dans une véritable comédie musicale rythmée et dans une trame finement ciselée pour ne pas sombrer dans le naïf des concurrents avec leurs princesses ultra stéréotypées, les histoires d’amour parfois dégoulinantes de bons sentiments. Ici la magie sert le mal, l’avenir de la princesse ne se résume pas à des animaux complices ou autres choses magnifiques. En fait, les scénaristes ont pris le partie pris de garder tout le cynisme du personnage de Dimitri, qui tenta une partie de sa vie de trouver une actrice suffisamment talentueuse pour se faire passer pour la jeune Anastasia. Jusqu’au bout l’histoire oscille entre envolée musicale à l’image des comédies musicales de Broadway et la maturité de personnages lavés de naïveté infantile. Les enfant ne sont pas mis à l’écart pour cela, car les scénaristes parviennent à une alchimie subtile entre vision des adultes et celle des enfants, ainsi quelques personnages comme Puca le petit chien ou plus célèbrement Bartok l’assistant de Raspoutine. Et ce dernier est certainement l’une des plus grandes réussite de ce dessin animé, l’assassin des Romanov fait une entrée fracassante dans le panthéon des méchants. Marquant, horriblement terrifiant, Raspoutine est Le méchant que l’animation attendait pour réellement atteindre sa maturité, comme « Dark Vador » en son temps, Raspoutine marque de sa présence dès les premiers instants.
Et la réalisation du duo Don Bluth (Brisby et le Secret de Nihm) et Gary Goldman (Titan A.E.) ne manque d’appuyer le trait sur cette différence entre leur création et celles de ses ainés. D’abord par l’approche de ce méchant volontairement sombre et parfois répugnant, à la limite impressionnant pour les plus jeunes, mais dont l’assistant vient en renfort pour l'adoucir un peu. Et le film de suivre pas à pas les mécaniques d’une supercherie, qui deviendra vite l’exemple de l’arroseur arrosé. Avec suffisamment de maturité et une véritable volonté de ne pas sombrer dans l’animation édulcorée, les réalisateurs donnent une véritable dimension Hollywoodienne à ce dessin animé réussit, dont l’animation est brillante de créativité, avec des mouvements fluides, et des perspectives merveilleusement utilisée.
En conclusion, « Anastasia » signait avec brio et panache l’entrée du studio Fox dans l’univers de l’animation, et une véritable volonté de dépoussiérer un genre qui semblait destiné à ne répondre qu’à une structure unique. Dommage que le studio ne suivit pas suffisamment ce mouvement, mais « Anastasia » est assurément l’un des meilleurs dessins animé de la fin des années 90, a voir et revoir en famille.
Une image impeccable, à la résolution soignée. Les noirs sont intenses et les couleurs parfaitement dosées pour donner une certaine profondeur à l‘animation de ce long métrage brillant d'éclat, aux couleurs chaudes et glaciales. Les contrastes offrent une véritable profondeur à l’ensemble. Le dessin animé retrouve une jeunesse.
Encore un choix douteux malheureusement dans cette édition, car si la piste VO avec un Master Audio DTS HD de toute beauté tout en nuance et en spatialisation saisissante, avec une musique remarquablement répartie, les ambiances nocturnes minutieuses, les versions doublées ne bénéficient que d’une faible piste DTS 5.1 assez inégalement réparties. Une déception réellement accentuée par le fait que l’argument qui vise à privilégier la VO oublie tout simplement le jeune public plutôt concerné par la VF.