Depuis leur enfance, Kathy, Ruth, et Tommy sont les pensionnaires d’une école en apparence idyllique, une institution coupée du monde où seuls comptent leur éducation et leur bien-être. Devenus jeunes adultes, leurs vies basculent : Ils découvrent un inquiétant secret qui va jusqu’à bouleverser leurs existences, leurs amours, et leurs amitiés et la perception de tout ce qu’ils ont vécus jusqu’à présent.
« Never Let me Go », n’est pas la première adaptation au cinéma d’un livre de Kazuo Ishiguro, puisque James Ivory avait fait un chef d’œuvre de ses « Vestiges du Jour » en 1993. Ici l’auteur nous surprend en créant une fable sur le véritable sens de la vie, sur les sentiments et leur place dans notre existence, sur fond de science-fiction génétique, en créant un monde parallèle à l’Angleterre de la fin des années 80. Le romancier, déjà de nombreuses fois nominé aux prix les plus prestigieux de la littérature anglo-saxonne, s’interroge sur les véritables liens de l’existence, tout en s’aventurant sur le terrain de la génétique et notamment des enfant médicaments. Subtile réflexion, toujours à la limite entre l’imaginaire et le réel, de la même manière que la médecine parvient parfois à rendre de plus en plus infime la frontière entre le fantasme scientifique et l’avancée de la médecine vers des solutions durables.
Pour pouvoir être adapté au cinéma, il fallait toute la subtilité et l’intelligence du scénariste Alex Garland, déjà à l’origine de plusieurs grandes réussites de Danny Boyle telles que « La plage » ou encore « 28 jours plus tard ». Et effectivement, le scénariste met l’accent sur le peu de différence entre notre monde et celui de Kathy, Ruth, et Tommy. Il s’approprie l’œuvre de l’écrivain et en comprend la réflexion même. Pour cela il évite les caricatures éventuelles et au contraire parvient à trouver une tonalité sobre, qui rend encore plus effrayante la réalité des personnages, dont la seule perspective est de mourir. Sans jamais sombrer dans le moralisme notoire, Garland peint des personnages aussi ambigües que totalement dépossédés de repères matériels.
Et le réalisateur suit le mouvement, avec une mise en scène tout en sobriété comme il l’avait déjà fait avec « Photo Obsession ». Sans jamais sombrer dans le sensationnel, ni dans le High-tech, Mark Romanek parvient a en donner une ambiance singulière, très en accord avec le roman de Kazuo Ishiguro, qui voulait centrer la réflexion sur les fondamentaux de l’existence, loin de toutes les considérations matérielles qui pourrait en découdre. De la même manière que le fit justement Danny Boyle avec « 28 jours plus tard », le réalisateur perd volontairement les spectateurs dans une chronologie tout en parvenant à créer un parallèle entre les personnages.
Et pour cela, le réalisateur trouve une distribution efficace, en accord avec les choix opérés, à commencer par le trio Carey Mulligan (Brothers), dont on n’espère entendre parler un peu plus dans les années à suivre, tant le jeu est subtil et brillant, comme seules les grandes actrices savent le faire, Keira Knightley (Pirates des Caraïbes), dont on entend déjà beaucoup parler depuis plusieurs années et à juste titre, puisque l’actrice fait ici encore, preuve d’une maitrise remarquable, et Andrew Garfield (The Social Network) dont on entendra beaucoup parler dans les prochaines années, non seulement du fait qu’il est le prochain interprète de Spider-Man, mais aussi parce que son talent de comédien se confirme de film en film.
« Never Let Me Go » est assurément une nouvelle adaptation brillante de l’un des meilleurs livre du romancier Kazuo Ishiguro. Porté par un scénario impeccable et une mise en scène qui parvient à donner un film effrayant sans monstre, ni aucun effets spéciaux. Le tout porté par une distribution particulièrement efficace.
Une image soignée, qui sait se faire brillante avec des noirs présents, des contrastes bien dosés pour mieux habiller l’atmosphère du film, et respecter ainsi les images soignées du directeur de la photo. Les couleurs parviennent à garder une certaine chaleur et les verts ressortent avec intelligence, toute l'effrayante vérité qui justifie leur présence. L’ensemble est soigné, et sert à merveille le film.
La piste DTS-HD Master Audio en VO est minutieuse, elle parvient avec beaucoup de subtilité à envelopper le spectateur et à ainsi créer une ambiance à la hauteur du film. Les basses sont précises, presque éffacées lorsque le besoin s’en fait sentir, puis elles se font plus discrète pour donner plus de relief sans toutefois perdre en ambiance. Encore une fois, les autres versions se contentent d’un DTS 5.1 qui, forcément perdent en subtilité et en finesse.