Salim, un précieux indic infiltré sous couverture dans une faction supposée terroriste, rapporte aux forces de Police turques qu'il est prévu, outre le kidnapping/assassinat d’hommes d’affaires, 5 attaques «simultanées» dans différents emplacements stratégiques du Pays.
Mahmut, chargé de superviser une opération destinée à démanteler ledit groupe, rencontrera avec ses hommes les plus grandes difficultés … Ces scélérats doivent fatalement être soutenus par une importante aide extérieure : il faut alors traquer et trouver leur meneur, le dénommé Dajjal.
Le FBI l'aurait localisé et neutralisé dans l'Etat de New York. 2 officiers turcs y sont envoyés afin de le remettre à leurs autorités ...
TU AS DEJA VISITE UNE PRISON TURQUE ?
Quand on dit «Turquie», on pense au Bosphore, au Château de Coton, à Tarkan-le-roi-du-bisou, aux délicieux Mantis mais moins à son cinéma qui a offert du bien fat (n’importe quelle coproduction de Fatih Akin, un Kebab Connection qu’il faut avoir vu) dans tous les sens du terme (le bondissant Dünyayi Kurtaran Adam, l’amusant GORA) !!
Ici même, on annonce en grandes pompes une fiction sur l’affaire d’un accusé en cavale aux States, le tout sur fond de Terrorisme et de contre-espionnage !
New York Battleground propose une représentation en 3 groupes : les Hommes de Loi des 2 nations, particulièrement nerveux, ... mais bien également le motif de la filature.
* Suspect : Hadji Gümüsh
* Age : La soixantaine
* Lieu de naissance : Bitlis (Turquie)
* Profession : Responsable d'un Silver Market au quartier de SoHo (Manhattan)
* Statut : Marié (Maria Gümüsh), 1 enfant (Jasmine Gümüsh)
* Religion : Musulmane
* Caractéristique : Hodja
* Entourage Familial : Thomas (futur beau-fils)
* Entourage Professionnel : Timur (co-gérant du Silver Market)
* Entourage Amical : Marcus
* Reproches du FBI : Soupçonné d’être le Dajjal que recherche les Services Secrets turciques - information confirmée de manière plutôt limite -, cette accusation ne lui sera pas exposée d'emblée lors de son arrestation, sans ménagement, à son domicile.
* Remarques de son entourage : Au-delà de son importance auprès de la communauté islamique, l’homme est extrêmement bien perçu, reconnu pour son comportement affable, son intelligence, assuré comme posé et digne de confiance.
* Point particulier : pour des raisons personnelles, il tait tout ce qui concerne son passé.
Autorité US : Représentées ici par une cellule du FBI en mode autonome, l'agent David Beckner (le T1000) et son équipe vont trouver et incarcérer Hadji (Haluk Bilginer) sans même lui laisser passer un coup de fil à son avocat.
Il fait son boulot avec professionnalisme et droiture mais si il a l'occasion d'exposer et défendre ses convictions c’est pas lui que ça va gêner. Un peu blasé (hermétique aux témoignages remettant en cause la culpabilité d’un Hadji dont il ne fera pas toujours l'effort de correctement prononcer le nom), le fait de néanmoins savoir son pays dans l'insécurité peut le rendre tout fou !!
Autorité Türkçe : Infrastructures modernes ; technologies de pointe ; troupes disciplinées, rigoureuses et aux uniformes classieux : de nombreux plans valorisent au mieux les services de Police nationale ! Investis et connectés, les Responsables sont accessibles (de préférence par téléphone) mais n'hésitent pas à se déplacer en personne pour mettre la pression au(x) présumé(s) coupable(s) !
Acar Aydin (Mustafa Sandal) et Firat Baran (Mahsun Kirmizigül), seront donc tous 2 chargés de rapatrier le colis diplomatique Hadji depuis les States : comme tout partenaires dans l'action aux passifs, enseignements, méthodes, motivations et approches différentes, il ne faudra pas vous étonner de les voir souvent se chercher des poux dans la tête !
Cette pièce, dont le recto saura faire preuve de partialité et le verso succombera plus à son côté bourrin/dangereux, n’en demeure pas moins efficace.
Marcus (Danny Glover), un ami de Hadji depuis une grosse trentaine d'années, profitera de la transaction pour exécuter un plan d’évasion-commando à la spectaculaire (et ses voitures qui volent et vrillent dans les airs n’importe comment au moindre impact) !
Quelle va être les composantes de l’heure suivante ? De l'action, course-poursuites, double-jeu, révélations fracassantes, ... non stop à peine inspirés des Fugitif, Jason Bourne et 24H ? La surprise est cet autre embranchement, versant davantage dans une certaine spiritualité.
Pendant que les fédéraux pédaleront un peu dans la semoule en misant sur les famille / proches d'Hadji, Acar & Firat, un peu plus conscients des habitudes de leurs confrères expatriés, vont tenter de redénicher Hadji via quelques viols de process en règle éclatantes de brutalité ... La cible, pacifique et réfléchie, fera honneur à sa réputation en s'opposant constamment à toute forme de violence/résistance futile : bien qu'elle s'est laissé initialement embarquer (par des intrus qui la veulent vivante en Turquie et des amis qui s’activent pour lui trouver une destination-sérénité), elle va progressivement exposer son point de vue calmement, sans agressivité ni férocité, pour tenter de trouver un moyen de contenter tout le monde, embarrasser inutilement le moins de personnes possible, témoigner de son innocence par la croyance et le discernement !
Le cœur même du sujet, une affaire clairement morale, concernera directement Firat et Hadji ! En dépit de quelques lieux communs difficilement esquivables, un long échange attendra nos 2 hommes, remettant en cause Foi, Famille, Raison et Devoir (cf la scène du discours pour les diplômés de l’École de Police) !
Un grand discours qui aura la pertinence, au-delà du combat américano-turc contre le terrorisme, de lutter contre l'ignorance et d'instruire (rappeler ?) les bases mêmes de l'Islam qui sont parfois (souvent), à tort, associées au fanatisme religieux et ses dérives, étant ici autant dénoncés que méprisés (les personnes concernées auront la parole sans être pour autant dépeintes comme des aliénés).
Firat le kurde charismatique et énervé, brille d'une certaine folie dans le regard quand il s'approche de cet espèce d'équilibre fantasmé qu'est Hadji : on devine que cela maquille quelquechose de troublant et secret ... Assez magnétique, le réalisateur s’offre le rôle le plus ambigu, le plus difficile de la distribution mais du coup le plus attrayant.
D'une manière générale, tout ce qui touchera à Firat et Hadji occasionnera dans sa globalité des bons moments d'émotions, parfois bien vus (Acar s'en tire sincèrement bien), souvent saisissants mais pas toujours éloignés du mélo sirupeux !
On cause beaucoup, on oppose ses avis, on a de beaux discours construits et bien écrits, ... mais cela joue indirectement sur le rythme d'un film dont l'équilibre particulier ne va pas forcément avoir beaucoup de prosélytes : on sent les différents évènements arriver (dynamitage, volte-face des personnages, …) ; là où certains films ménagent leurs révélations, ici on ne met pas X saisons pour chopper l(es) impliqué(s) (pour des raisons de format et autres, ici pas trop de temps pour du chassé-croisé) ; après la rencontre flics turcs / Hadji, l'action promise par le brûlant visuel est sporadique, ce qui à le mérite d'aller dans le sens du propos de fond.
L'action, justement ... Tout ce qui est physique ou normalement détonnant sera finalement en retrait, un peu plus végétatif que ce que vous avez l’habitude de voir (la singulière fusillade de début avec ses agents chair à canon, les explosions et ses SFX houlàlà, la descente dans Harlem, ...) dont les influences sont évidentes mais pas décalquées au mieux ... mais bon, ça passe toujours quand c'est fait avec le maximum de soin possible ...
CONCLUSION :
Ce n'est, en définitive, pas une si mauvaise chose que le support promotionnel (bande annonce ; visuel ; mise en avant du casting ; le titre à l’international aussi ) soit aussi peu représentatif d'un contenu qui n'est en aucun cas abrutissant, nauséabond ou minable et s'avère être un drame supérieur à ce que l'on cherche à refourguer : sonnant plus comme un dialogue vertueux ne faisant pas l'impasse sur certaines questions douloureuses et complexes, le réalisateur se pose en porte parole torturé qui arrive à faire vivre le Terrain de Bataille New Yorkais en l'animant quasi-exclusivement par son message global des plus louables (rappeler la direction de la religion musulmane), bien que ça peut faire des fois dans l'irréaliste et ne pas mettre tout le monde dans sa poche - notamment sur sa structure.
Bien naturellement si vous avez déjà bien assimilé la distinction, tout ceci ne sera pas bien neuf : vous aurez alors à vous mettre sous les quenottes des sensations fortes, moins adrénalisantes qu'émotionnelles, spirituelles, sentimentales - avec sa pointe de niaiserie en prime -, de la situation des personnages face aux drames en présence.
Très différent du Royaume, mais peut-être complémentaire, dans un sens, à Secret Défense ... Par contre si ces questionnements "Très peu pour vous" et que le mouvement c'est vital (et qui plus est qu’importe pour vous quel champ gagne), le rayon des films d'action du plus proche vidéoclub regorge de quoi vous sustenter.