Depuis la
nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands
d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de
génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la
reine Elinor a un problème…Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir
devenir princesse ! Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se
plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux
de tous et particulièrement de sa mère.
Hollywood
traverse une période de doute sans précédent, remettant en doute tout ses
acquis, se mettant même trembler devant un public, qui lui, n’a eu de cesse
d’évoluer, et parfois à contre-courant de ce qu’imaginait les grands faiseurs
de rêves américains. A commencer par Disney, qui essuya le plus gros échec de
sa carrière (John Carter) et dans le même temps put rebondir avec la vague
« Avengers ». Mais qu’en était-il de son corps de métier après le premier
échec critique et public de Pixar que fut « Cars 2 » ?
Et bien,
comme à chaque fois, le studio sait rebondir et sait se regarder dans le blanc
des yeux pour pouvoir trouver cette étincelle qui fit à chaque fois sa
réussite. Et de la même manière que lors de l’ère Kartzenberg (la petite
sirène, Le roi lion), le studio fait une approche en douceur avec une première
révolution : une princesse noire (La princesse et la grenouille), puis une
autre plus combattive (Raiponce) pour finir avec une jeune fille qui,
réfute carrément le fait de devenir princesse et préfère se battre comme un garçon, se
lancer des défis en toute indépendance : « Rebelle ».
Et toute la
qualité de ce dessin animé, réside prioritairement là : Le studio arrive
sur un terrain qu’il avait volontairement délaissé : le conflit
intergénérationnel. Le changement de l’adolescent, ce passage difficile de
l’âge de l’insouciance à celui des responsabilités, du protocole, de la bien
pensée. Un sujet souvent survolé par les précédentes productions du studio, à
commencer par Jasmine, qui refuse qu’on lui impose un mari. Dans
« Rebelle » la réflexion est bilatérale, avec une remise en question
de l’héroïne, bien sur, mais aussi des parents et particulièrement de la mère,
gardienne des traditions, enfermée dans son rôle de reine et aveugle dans celui
de mère. Les scénaristes vont plus loin qu’un simple alibi pour une trame plus
conventionnelle, au contraire ils en font le sujet même de l’histoire. Et de ce
côté-là, la réussite est totale, puisqu’ils profitent de l’occasion pour
transgresser certaines règles chères au studio jusque là.
Et les
réalisateurs Mark Andrews et Brenda Chapman l’ont bien compris, puisqu’ils
décident de surfer sur la vague du changement, avec des situations drôles, mais
des barrières qui tombent : Plus de personnages asexués, on a même le
droit à une coutume Ecossaise réputée : le soulevage de Kilt, la nudité
est même présente (toute mesure gardée bien sur), mais aussi le rapport charnel
des parents qui s’assume un peu plus que lors des précédentes productions. Tout
cela n’est pas capital bien sur, mais est suffisamment significatif du
changement radical qu’opère le studio dans le traitement de ses histoires. En
collant un peu plus aux évolutions de notre société.
Bien sûr, le
changement a ses limites, et « Rebelle » s’inscrit une fois de plus
dans la grande tradition Disney, avec des influences (involontaires
peut-être ?) aux grands succès précédents (La belle et la bête, Aladin,
Frères des Ours, etc.…). On y trouve ainsi de la magie, des bons sentiments, de
l’humour et des environnements particulièrement soignés. Les forêts, les
Highlands et les textures sont toujours aussi bien traités. On a parfois du mal
à définir le faux du vrai. Un seul bémol, peut-être dû (Certainement) au matériel
de la salle de projection qui nous a accueillis, mais certains mouvements de
caméra, notamment les travellings et certains détails sont un floutés, lors
d’une projection 3D. Le film « Rebelle » est tellement minutieux dans
ses détails qu’il semble ne pas apprécier un matériel mal réglé ou pas
suffisamment performant.
En
conclusion, « Rebelle » signe un nouveau virage dans l’univers des
animations Disney, avec une héroïne qui affirme enfin ses choix, qui s’oppose
au destin que l’on souhaite lui imposer, et qui n’hésite pas à prendre les
armes pour être traité comme elle l’entend. L’animation est toujours aussi
méticuleuse, le scénario nous cueille, là où on ne l’attend pas et la
réalisation n’hésite pas à transgresser les codes. Une véritable réussite !