Dans une
petite ville du Pays de Galles, un père et ses cinq fils travaillent à la mine
de charbon et la vie quotidienne s’écoule paisiblement, rythmée par des
habitudes devenues de vrais rites. Mais les conditions de travail deviennent de
plus en plus difficiles et les fils décident de faire grève, contre l’avis de
leur père…
Le maitre
John Ford est devenu, à l’instar de l’un de ses acteurs fétiches John Wayne, le
symbole des valeurs des Etats-Unis. Il a su par son œuvre trouver les images,
les histoires et les thèmes qui ont fait la légende ce pays. Mais il a su aussi
parfois se montrer plus nuancé dans son discours, comme dans ce chef d’œuvre
« Qu’elle était verte ma vallée », où le réalisateur se penche sur
l’histoire de ces mineurs partagés entre valeurs et ambitions, une famille qui
vit par et pour la mine. Mais Ford parvient à opposer deux images de
l’Amérique, celle d’une nation vieillissante qui s’enferme dans ses coutumes,
même si celles-ci impliquent de courber l’échine, l’autre celle d’une jeunesse
combative, décidée à ne pas se laisser exploiter. De cette opposition, John
Ford fait apparaitre l’essence même de la nation de l’oncle Sam.
Dans
« Qu’elle est verte ma vallée », John Ford dépeint des personnages fiers,
braves et courageux, des hommes qui portent leurs conditions comme des
médailles de guerre. En se positionnant à travers le regard du plus jeune des
fils : Huw joué magnifiquement par Randy Mc Dowall (La planète des singes).
Celui-ci voit tous les espoirs de la famille reposer sur ses épaules et son
courage, sa détermination, la manière dont il revendique son appartenance au
clan en refusant les études pour rejoindre la dure loi de la mine. Son regard
aiguisé et parfois apeuré devant les déchirures qui se forment dans sa famille,
son besoin d’assumer son rôle masculin dans une société où chacun doit être à
sa place. Ford nous décrit l’Amérique telle qu’elle veut se voir, avec une mise
en scène minutieuse et inventive, où chaque plan est un morceau de puzzle qui
s’associe pour rendre les Etats-Unis plus grands qu’ils ne le sont déjà.
Les femmes ne
sont bien évidemment pas oubliées dans le film. Leur place est prépondérante,
elles sont aussi déterminées à garder le cercle familial intact que les hommes. Elles
font face aux douleurs de la mine dans des élans permanents de solidarité.
Lorsque la sirène retentit, le spectateur aussi se sent meurtris par
l’énumération des victimes qui en découlera inévitablement. L’actrice Maureen
O’hara (L’auberge de la Jamaïque) est tout simplement rayonnante et deviendra
dès lors l’une des actrices préférées du maitre.
En
conclusion, « Qu’elle était verte ma vallée » est un nouveau chef
d’œuvre de John Ford qui s’est éloigné un temps des grands espaces de l’Ouest
pour montrer un autre visage de l’Amérique à travers le courage de cette
famille mineur. A voir Absolument !