Pi Patel, 17 ans, est le fils du directeur du zoo de Pondichéry. Lorsque son père décide de quitter l'Inde, toute la famille embarque avec ses animaux sur un cargo japonais : direction le Canada. Mais le navire fait naufrage en pleine mer et Pi se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... puisqu’un splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage.
Ang Lee propose avec le récit extraordinaire de Pi (le roman originel Yann Martel est également disponible) un voyage spirituel, avec un traitement visuel totalement inédit. Difficile en effet de ne pas être porté par les images qui jalonnent le film, que ce soit à terre ou une fois embarqué. La grande force du réalisateur et de son équipe, au delà d’une histoire qui balaye un public de 7 à 77 ans, est de ne jamais mettre en avant la technique, c’est toujours l’histoire et rien que l’histoire qui intéresse le spectateur. Pour autant, quasiment aucune image du film n’est réelle et à fait l’objet d’un traitement visuel ou d’une greffe d’effets spéciaux.
Le film enregistre de nombreuses innovations et sera certainement une référence pour bien longtemps. Ang Lee déporte une vision surréaliste dans des tableaux dont il sera difficile de se lasser ; le réalisateur est d’ailleurs bien conscient de l’impact qu’il envoi au spectateur et fige à l’écran les moments les oniriques. Nul doute que certains plans (le bateau qui coule, la barque immobile sur une mer d’huile…) peuvent sans reproche se retrouver encadrés sur un mur ou du moins devenir un fond d’écran qui émerveillera les yeux à chaque apparition.
Les innovations sont également du coté de l’animation des animaux. Il est stupéfiant de comprendre que le film ne comporte que de rares plans avec de véritables animaux à l’écran. La plupart du temps ce sont des images virtuelles. C’est du coté de Richard Parker que l’attention se porte et bien malin celui qui peut découvrir à coup sur si le tigre à l’écran est réel ou virtuel. Je vous invite à ce sujet à regarder le reportage dédié à l’animation du tigre dans les bonus. L’occasion de découvrir que la création numérique de la fourrure du tigre a mobilisé quinze personnes qui ont dû concevoir 10 millions de poils.
Ang Lee a su s’entourer de spécialistes qui excellents dans leur spécialités ; le réalisateur à par ailleurs commandé de nouveaux outils et ordonné par l’exemple l’utilisation d’une grue Chapman à l'extrémité d'une Technocrane, soit une grue sur une autre grue !
Ce sont les studios Legacy Effects, connus pour leur participation à de nombreux films comme Iron Man, Avengers, 2012 ou encore The Amazing Spiderman qui a relevé les nombreux défis du réalisateur.
Filmé en 3D, L’Odyssée de Pi révèle tout un travail sur les mouvements de caméra, les jeux de lumière, les juxtapositions de plans… tout est d’ailleurs résumé dans un commentaire du réalisateur « La 3D est un nouveau langage cinématographique, et dans L’Odyssée de Pi il est aussi important d’immerger les spectateurs dans l’environnement émotionnel du personnage que de raconter une vaste épopée ».
Mais assez parlé de technique, le film doit aussi son succès à un inconnu…Suraj Sharma un jeune indien choisi parmi 3000 candidats pour interpréter Pi à l’âge de 17 ans. Suraj n’a donc jamais joué devant une caméra, ne sait pas nager et est maigre comme un clou le jour de son embauche. Il va alors subir un entrainement dur et exigeant… et pour le coup tout ce qui est visible à l’écran est sans trucage pour la performance physique. Le personnage de Pi Patel adulte est quant à lui incarné par Irrfan Khan qui l’on a découvert à l’affiche de Slumdog Millionaire, New York I Love You ou encore The Amazing Spider-Man. A ses côtés on trouve Rafe Spall (Prometheus, Anonymous, Un Jour) qui interprète le rôle de Yann Martel tandis que Gérard Depardieu dont on parle tant n’apparaît que quelques minutes en tant que cuisinier à bord du navire qui va faire naufrage.
L’Odyssée de Pi est un rêve éveillé que le support Blu-ray, et surtout la version 3D, permet de découvrir dans les meilleures conditions… sans aucun doute l’un des films de l’année à ne surtout pas rater.