Alors que son dernier film « La mort aux trousses » est un triomphe, Alfred Hitchcock cherche un nouveau sujet de film qui lui permette de se réinventer. Il le trouve dans le livre « Psycho ». Devant les réticences des producteurs et du studio, Alfred va devoir plus que jamais compter sur le soutient de sa femme pour mener à bien son projet.
Pour son premier grand film, Sacha Gervasi a donc accepté le projet fou du producteur et ancien réalisateur Ivan Reitman de raconter le combat que mena Alfred Hitchcock pour réaliser son adaptation du roman de Robert Bloch : « Psychose ». Un projet risqué que de s’attaquer à une figure aussi emblématique du cinéma américain que le réalisateur de « La mort aux trousses » ou encore de « Fenêtre sur cour ». Un peu comme celui d’adapter la biographie de Charlie Chaplin comme le fit en son temps Richard Attenborough. Et si le film n’est pas une totale réussite, c’est en partie à cause de cela ! Car le problème avec « Hitchcock », c’est que le personnage en lui-même est emblématique et que ses mimiques lui furent propres. On a donc dès le départ un phénomène de rejet pour le jeu d’Anthony Hopkins, qui a tendance à surjouer les caractéristiques physique du réalisateur. A commencer par les mouvements des lèvres ou la cambrure du dos qui met en avant la proéminence abdominale du personnage. Un rejet qui finit petit à petit par s’estomper, mais qui perdure tout au long du film. Il faudra alors attendre les bonus pour comprendre que le réalisateur souhaitait dans sa mise en scène accentuer le mimétisme pour ne pas faire une pâle copie d’Hitchcock, mais rendre plutôt un hommage au style du réalisateur.
Et en cela le film est une réussite, puisqu’il permet ainsi au scénariste de prendre le prétexte de « Psychose » pour mettre en valeur la relation particulière qu’Alfred Hitchcock entretenait avec sa femme Alma Reville. Une relation quasi fusionnelle artistiquement parlant. Le couple se connaissait jusque dans ses moindres faiblesses et savait faire front pour que le génie créatif du réalisateur puisse briller dans toute sa splendeur. Le scénariste n’hésite d’ailleurs pas à mettre en parallèle la recherche perpétuelle d’Hitchcock de trouver un moyen de se renouveler à travers une histoire hors norme, qui lui permettrait de se sentir toujours à sa place, sans âge. Une utopie qui trouve son apogée dans son obsession de l’actrice blonde parfaite.
Le Duo Hellen Mirren (The Queen) et Anthony Hopkins (Titus) est comme toujours au top, même si l’on peut reprocher bien maladroitement en tous les cas, à l’acteur ce mimétisme qui l’empêche au final d’être totalement convaincant excepté dans les scènes remarquables telles que la grande dispute entre Alfred et Alma et le tournage de la douche. Les deux acteurs sont toutefois toujours aussi précis dans leurs prestations et la mise en scène rigoureuse de Sacha Gervasi ne vient que mettre en valeur des compositions inspirées.
En conclusion, « Hitchcock » est au final un film un peu déroutant au début qui se fond finalement dans l’image de ce réalisateur d’exception qui fit du suspens un art à part entière. Le réalisateur rend hommage au maître, mais ne parvient à masquer un sentiment de gêne par rapport à la volonté non affichée au départ de ne pas effacer l’interprète au profit du personnage.