Au cours d’un voyage en solitaire à travers l’océan indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de communication, l’homme se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré son génie marin, ses réparations, et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Mais son combat contre la mort annoncée est loin d’être finit.
Réaliser un film sur l’histoire d’un homme seul face à la mer, cela fut déjà fait par Robert Zemekis par exemple dans « Seul au monde », avec un Tom Hanks au bord de la folie, ou encore plus récemment « En solitaire » de Christophe Offelstein avec François Cluzet et son exploit technique, mais l’idée de JC Chandor va bien au-delà, puisqu’il décide de respecter une règle malheureusement inéluctable : Pas de dialogue ! L’exploit cette fois-ci est donc de laisser l’action prendre le pas de dialogues qui n’auraient pu qu’être superflus dans une histoire d’un homme seul face aux éléments déchaînés de la nature.
Alors pour que l’expérience soit réussit, il fallait évidemment une qualité de mise en scène remarquable pour pouvoir, chaque fois réinventer le quotidien de cet homme qui passe de moment de repos, à des instants de sauvetage de son voilier, puis de survit pur tout en luttant sans cesse contre les éléments qui, en mer, ne laissent que très peu de répit à sa victime. Une lutte de tous les instants, qui vient du ciel, mais également du fond des eaux. Le metteur en scène s’appuie sur une connaissance précise de la navigation, les registres de la survit, toutes ces choses qu’il faut penser à faire pour ne pas sombrer dans le néant, garder l’espoir en permanence, notamment en récupérant de l’eau douce l’eau de mer n’étant pas consommable telle quelle,…etc…
Et le travail du scénariste et du metteur en scène est intelligemment mis en valeur à l’écran avec des rythmes souvent soutenus, une tension tenus en permanence pour ne jamais laisser la moindre faiblesse au spectateur, retenue comme à l’hameçon de ce marin perdu en plein océan Indien. En effet, il devient particulièrement difficile de lâcher le fil de cette intrigue unilatérale, qui parvient presque à nous faire ressentir la froideur de la tempête, à nous faire tanguer aux rythmes des vagues gigantesques qui secouent le pauvre homme. On tremble, on inspire un grand coup, pour mieux retrouver nos marques.
Mais bien sûr tout cela ne fonctionnerait pas sans la composition incroyablement dosée de Robert Redford (Et au milieu coule une rivière). L’acteur rayonne littéralement, rigide, concentré, professionnel, il lutte sans merci avec beaucoup de précision. Les gestes sont sûrs, le regard toujours aussi perçant même dans les pires moments. L’homme est Redford et Robert est cet homme en perdition, unique spécimen humain au milieu d’acteurs aussi incontrôlable que sont les éléments. L’acteur, à la différence de ceux qui se sont essayé au style seul à l’écran, n’a pas besoin de parler, il n’a pas besoin de faire des sons, son charisme et son talent donnent toute l’ampleur nécessaire au rôle qui lui est confié.
En conclusion, « All is Lost » est un tour de force magnifique de JC Chandor et de Robert Redford. Le premier réalisant un film autour d’un homme seul en mer, se battant pour sa survie, et le deuxième interprétant cet homme avec beaucoup de brio et de talent. Les deux artistes font de ce film une véritable réussite ! A voir absolument pour la performance !