Dans une Afrique du Sud encore hantée par l'apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d'une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.
Après avoir signé les deux volets des aventures de « Largo Winch », le réalisateur français s’offre un casting remarquable pour nous plonger dans l’adaptation du thriller de Caryl Férey : « Zulu ». Et de casting de choix il est parfaitement question d’autant que l’un des deux acteurs principaux, notamment Orlando Bloom (Le seigneur des anneaux) n’hésite pas à casser son image de « beau gosse » pour interpréter ce détective alcoolique et ténébreux, dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est que l’instabilité de son caractère. Et Orlando Bloom se saisit avec beaucoup d’intelligence de ces fêlures pour donner un certain volume à son personnage, à la fois à la dérive, mais terriblement attaché aux siens. Maladroits dans ses sentiments, brutale dans ses réactions, il compose un anti-héros parfaitement solide, et digne des plus grands polars noirs.
Quand à Forest Whitaker, il cultive encore un peu plus son personnage d’ours tranquille, distant parfois, aux blessures intérieures intenses. L’acteur joue en permanence l’introversion mais sait encore mieux exploser lorsque cela est nécessaire. Juste, émouvant, solide dans son interprétation et magnifique dans sa gestuelle, particulièrement dans la scène finale.
Pour mieux imprégner le spectateur, le réalisateur signe une mise en scène nerveuse et maîtrisée, dans laquelle tout est objet de narration, y compris la ville de Cape Town, qui devient le décor d’une trame sombre où l’alcool et l’abjecte se mêlent pour détruire une population historique, qui doit en permanence, se battre pour ses droits. L’auteur n’a pas hésité à utiliser les bases d’un fait réel, où un médecin sympathisant nazi, essaya de faire circuler une drogue dévastatrice dans l’unique but d’éradiquer la population noire d’Afrique du Sud.
Très loin des duos hollywoodiens, tels que « l’arme Fatale », les deux personnages se complètent mais souffrent autant d’un passé inscrit dans leurs chaires comme dans leurs âmes. Le scénario ne se risque d’ailleurs pas du tout sur le terrain de la comédie, mais s’évertue au contraire à dépeindre une Afrique du Sud toujours aux prises avec ses anciens démons. Une lutte intestine sous fond de réunification difficile entre deux peuples qui acceptent le pardon pour les uns et la rédemption pour les autres, en n’arrivant pas à éradiquer la haine des plus anciens. Avec suffisamment d’intelligence pour ne pas renforcer le trait, Jérôme Salle et Julien Rappeneau signe un scénario précis et renseigné sur le véritable visage de ce pays qui se construit sur la force du Pardon. C’est d’ailleurs le grand sujet du film, savoir pardonner pour mieux combattre la haine de ses ennemis.
En conclusion, « Zulu » est un thriller efficace qui parvient avec beaucoup d’intelligence et de dynamisme à capter les paradoxes et les nuances de la société Sud-Africaine pour en ressortir un thriller haletant et sombre sur une série de meurtres atroces au cœur de Cap Town.