Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter 3 lois: premièrement ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maîtriser sa colère et surtout ne jamais Ô grand jamais, tomber amoureux. Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais, à Paris jusqu'aux portes de l'Andalousie.
Au milieu d’une suprématie arrogante de l’animation américaine, l’animation française nous réserve de superbes pépites, comme « Jack et la mécanique du cœur ». Un long métrage d’animation, tout droit sorti de l’imaginaire de Mathias Malzieu, le leader du groupe « Dyonisos ». Une histoire dont le parcours remarquable, ne pouvait que finir sur une toile de cinéma. Car aux origines, il y a un livre publié dans de nombreux pays, puis un album du groupe « Dyonisos » directement inspiré, et des invités de prestiges comme Arthur H., Grand Corps Malade, Olivia Ruiz et le très regretté Alain Bashung. Et c’est au détour d’une émission sur Canal +, que le chanteur a croisé la route de Luc Besson qui se lança quasi immédiatement dans la course pour que l’œuvre prenne vie sur grand écran.
Et le résultat est tout simplement bluffant ! Le scénario ne s’arrête pas à une simple et naïve réflexion sur l’amour, il va bien au-delà et s’adresse autant aux enfants qu’aux parents qui pourront y voir une réflexion nuancée sur la vie, l’amour et la mort. Le personnage se bat pour vivre, mais se retrouve au cœur de la vie des autres, en bien ou en mal et la galerie de personnages qui vont croiser son chemin donneront tout un sens au récit et à la réflexion.
Ajoutez à cela une musique parfaitement dosée en adéquation avec l’animation, à la fois légère comme la chanson de « Miss Acacia » pour devenir d’un seul coup beaucoup plus grave comme Joe porté par le slam de « Grand Corps Malade, ou Jack l’éventreur par Alain Bashung. A la fois léger et sombre, c’est l’incroyable alchimie que parvient à maitriser Mathias Malzieu avec l’aide du réalisateur Stéphane Berla.
L’animation est précise, minutieuse, on se croirait dans un Burton, les personnages sont attachant et le doublage un peu minimaliste vient renforcer cette impression de douceur dans la narration, on pense d’ailleurs rapidement à « Coraline » ou encore à « Frankenweenie ». L’ensemble est inventif, et mélange toutes les influences de l’auteur, comme le train accordéon ou encore les visages qui rappellent les doubleurs à l’instar de Jean Rochefort en Mélies. Tout y est soigné, travaillé et maîtrisé.
Si « Jack et la mécanique du cœur », n’est pas aussi pétillant qu’un dessin animé de studio américain, il a le mérite cent plus honorable de réellement créer un univers propre, à l’image de l’auteur. Ici nous ne sommes pas dans la création d’un studio, mais dans la vision d’un auteur et de ses influences. On prend, avec surprise, un énorme plaisir à suivre les mésaventures de ce jeune héros au cœur remplacer par une horloge. Il ya de la poésie dans les textes, de la beauté dans l’animation, et de la créativité dans les musiques. Décidemment « Jack et la mécanique » du cœur est un spectacle aussi réjouissant que remarquable.