Maléfique est une belle jeune femme au cœur pur qui mène une vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays et Maléfique, n’écoutant que son courage, s’élève en féroce protectrice de cette terre. Dans cette lutte acharnée, une personne en qui elle avait foi va la trahir, déclenchant en elle une souffrance à nulle autre pareille qui va petit à petit transformer son cœur pur en un cœur de pierre. Bien décidée à se venger, elle s’engage dans une bataille épique avec le successeur du roi, jetant une terrible malédiction sur sa fille qui vient de naître, Aurore. Mais lorsque l’enfant grandit, Maléfique se rend compte que la petite princesse détient la clé de la paix du royaume, et peut-être aussi celle de sa propre rédemption…
En attendant que le grand Kenneth Branagh se lance dans l’adaptation live de « Cendrillon » c’est au tour de « La belle aux bois dormants » d’être adaptée en live. Avec Angelina Jolie dans le rôle de Maléfique, le film laissait apparaitre de grandes espérances, et au résultat l’ensemble est bien meilleur que ce que l’on pouvait imaginer. Car bien loin de faire une simple relecture du compte, les scénaristes Linda Woolverton (Alice aux pays des merveilles) et John Lee Hancock (Dans l’ombre de Mary – La promesse de Walt Disney) se sont amusés à le transformer, à faire de Maléfique, un personnage beaucoup plus ambigu que celui présent dans le conte ou dans le dessin animé. Elle n’apparait plus comme une sorcière avide de pouvoir et gangrénée par la méchanceté, mais comme un être blessé, trahi et abandonné par l’amour.
Loin de la féroce créature qui frappait de son immense bâton, le sol du château du roi Stéphane, les scénaristes, en font un personnage tout en nuance, qui court après l’amour sincère et ne parvient pas à pardonner. Les gentils d’avant deviennent les méchants d’aujourd’hui et Maléfique se trouve dans la position d’une être d’abord victime de la cruauté des hommes et de leur avidité avant de devenir la terreur noir du royaume. En cela le choix scénaristique est une bonne nouvelle.
Ensuite il y a le choix artistique avec un visuel particulièrement soigné. Nous ne sommes plus dans le dessin animé de 1959, avec des lignes droites et un style parfois un peu minimaliste, mais avec une environnement foisonnant de créatures en tout genre, d’une végétation marquante par des couleurs soignées. Le réalisateur donne à sa mise une mise en scène une figure un peu féline, où les personnages semblent glisser doucement. A part la scène où Maléfique lance sa malédiction, la mise en scène s’éloigne petit à petit du dessin animé pour donner à son film une lecture différente, plus épique et romanesque en même temps. Robert Stromberg qui avait conçu l’esthétique réjouissante du film « Hunger Games » a donc décidé de prendre le problème à bras le corps et de sortir des sentiers battus pour mieux donner au film toute l’indépendance qu’il souhaitait. Du coup les plus réfractaires finissent par regarder avec un certain intérêt l’histoire de cette méchante sorcière qui s’avère finalement n’être pas celle que l’on croit.
Pour cela, qui d’autre qu’Angelina Jolie pour incarner avec talent ce personnage mythique de la culture Disney ? La comédienne est radieuse, lumineuse et surtout terriblement inquiétante. Jouant perpétuellement sur l’ambiguïté du personnage elle le transcende radicalement. Grâce à l’utilisation de vieilles ficelles de mise en scène, comme celle de mettre en lumière le regard du personnage dans un environnement sombre, Maléfique n’apparait pas simplement comme un être inquiétant, mais devient au contraire séduisante et attirante. N’oublions le jeu sobre mais impeccable d’Elle Fanning, qui donne au personnage d’Aurore, une force qui n’existait pas dans le dessin animé du studio.
En conclusion, « Maléfique » n’est pas simplement l’adaptation du dessin animé de Disney : « La belle aux bois dormants », il est une relecture du conte à travers le regard de la sorcière. Bien plus qu’une simple adaptation, il permet aux spectateurs de découvrir un personnage fascinant dans une histoire parfaitement bien construite et une mise en scène à la fois académique et inventive.