Un futur indéterminé. La Troisième Guerre Mondiale s'étend. Jean-Marie Desprès, un chirurgien prestigieux, brisé par la vie et le départ de sa femme, supervise un hôpital de campagne, à quelques kilomètres du front. Il fait la rencontre de la jeune et jolie Harmonie. Idéaliste, elle lui redonne l'espoir.
Dans une époque difficile, où les Européens commencent à oublier un peu les horreurs de la seconde guerre mondiale, en craignant qu’un troisième conflit ne viennent briser le bonheur apparent à la sortie des années 60, le romancier Jean Freustié, imagine l’histoire de cette jeune femme fragile, idéaliste qui s’engage sur le front d’un conflit destructeur et tombe amoureuse d’un chirurgien blessé par la vie qui panse ses plaies en soignant celles des autres. Pierre Granier-Deferre (Le petit Garçon) s’intéresse alors à ce sujet et cherche un financement. Pour l’obtenir il doit trouver une star qui accepte de faire le film, et ce fut le cas avec Alain Delon (Borsalino & co) qui tomba immédiatement amoureux de l’histoire et en tant que producteur avança les premiers fonds.
Mais la présence d’Alain Delon au générique nécessitait de remodeler l’histoire de manière à mettre l’acteur au centre de l’intrigue sans toutefois perdre l’atmosphère du livre de Freustié. Avec une mise en scène précise et presque choquante dans certains plans, particulièrement lorsque les personnages de Jean-Marie et Harmonie découvrent une caverne dans laquelle un massacre chimique a eut lieu, le réalisateur tisse son drame comme une toile, sans jamais en oublier l'environnement infecte qui les brise petit à petit. La mise en scène de Granier-Deferre est brutale et sait toutefois trouver des instants de grâce, notamment lorsque le chirurgien appelle chez lui et demande des nouvelles de sa sœur, de son ex-femme mais surtout de son chien. Il construit ainsi tout au long de son scénario une intrigue amoureuse mise à mal par un conflit sanglant et destructeur.
Alain Delon (Deux hommes dans la ville) y apparaît fragile et précis dans un rôle qui ne nécessite pourtant pas de grands efforts de la part du comédien. Comme Vincent Cassel (Mesrine) actuellement, Alain Delon n’est jamais aussi bon que lorsqu’il joue des personnages sombres, glacials et distants. Ici, l’acteur parvient tout de même à sortir de la tendresse et surtout de la fragilité dans sa composition, particulièrement lorsqu’il s’aventure sur le terrain tragique. Face à lui
Véronique Jannot (Tir Groupés) confirme son statut de jeune première du cinéma français de la fin des années 70. Elle rayonne de sa fragilité et de sa douceur pour faire le contre poids avec son imposant partenaire. Encore une fois « Le toubib » est l’occasion de retrouver des acteurs montants et marquants tels que
Bernard Giraudeau (Les Spécialistes) et
Bernard Lecoq (Une Famille Formidable) dans des compositions légères mais précises qui viennent aérer le film d’une atmosphère un peu sombre.
Porté par un scénario intelligent et une mise en scène brutale mais précise, « Le Toubib » est un film qui porte un peu plus le mythe Alain Delon dans la sphère de ses films qui ont créé le personnage. L’occasion d’y retrouver Bernard Giraudeau et Véronique Jannot.