L'histoire des Goupi, paysans ruses, ayant pour théâtre un village charentais.
Le réalisateur du film « Casque d’or », Jacques Becker, fut l’un des réalisateurs marquant de la seconde guerre mondiale, notamment parce qu’il réalisa trois films durant l’occupation et en profita pour détourner de la pellicule et des caméras afin de filmer la libération de Paris. L’un des ces trois films fut « Goupil Mains Rouges » adaptation d’un roman de Paul Very, déjà auteur de « Les disparus de St Agil » et de « L’assassinat du père Noël ».
Avec « Goupi Mains Rouges », le réalisateur plonge le spectateur dans la vie au quotidien de ce qu’il appelle la France Profonde, la France paysanne. Une France Rurale, loin des occupations de la capitale, qui la voit même comme une sorte de garantie d’une vie réussit et élevée. Mais une population rurale qui compte ses sous et qui s’efforce de garder ses hontes et ses problèmes au sein du cercle familial. C’est d’ailleurs cette structure familial qui apparaît très fortement à l’écran, avec l’ensemble de la famille réunit quasiment sous le même toits.. un giron familial qui répond à des codes bien définis, au risque même de se déstructurer dés que l’un faillit.
Certains spécialistes définiront d’ailleurs la peinture de Becker comme étant celle d’une paysannerie d’un niveau élevé, propriétaires terriens, prêteur et rentiers également. Une population minoritaire dans la France paysanne de l’époque et même encore maintenant. Du coup le trait est appuyé sur une sorte de pingrerie qui fait figure au sein de cette famille pour laquelle rien n’a plus d’importance que l’argent et la situation. Ainsi, alors que tout le monde pense le grand-père mort, chacun cherche son magot avant de le pleurer. Et même lorsque celui-ci apparaît simplement diminué, les hommes de la maison s’efforcent de lui faire avouer par un simple mouvement du corps où son trésor.
E
t puis il y a cette intrigue, dans laquelle tout le monde s’enfonce et provoque une sorte de fracture surprenante dans laquelle seule l’étranger est coupable. Alors que la France de 1943, est gangrenée par la délation gratuite, la famille refuse de dénoncer l’un des leurs, même si cela doit leur coûter la vie ; ce qui se passe dans la famille doit rester dans la famille, comme si tout ce qui est français doit rester français. Les étrangers n’ont pas besoin de venir envahir notre cercle privé.
Avec « Goupi Mains rouges », le réalisateur signe un film en double lecture comme bien souvent dans les œuvre cinématographique de cette époque et sa mise en scène un peu décousue qui vient donner à son film un aspect parfois inquiétant et parfois très serrés pour mieux coller aux personnages et mieux appuyer ce cercle familial hermétique aux visites extérieures.