L'histoire de deux frères, Norman et Paul Maclean, élevés au début du siècle sous le signe de la religion presbytérienne et de la pêche à la mouche, deux disciplines d'une égale rigueur qui façonneront leur vision du monde.
Avec ses réalisations, Robert Redford (L’homme qui murmurait à l’oreille des Chevaux) s’intéresse à l’histoire de son pays, à ces histoires simples qui donnent une texture si particulière à l’image que les Etats-Unis peuvent donner à l’internationale. Celle d’une société qui sait véhiculer ses traditions pour mieux en faire des parallèles avec la vie quotidienne et donner dans la parabole permanente. Faire de moments simples et paisibles comme une partie de pêche à la mouche, par exemple, une métaphore de la vie et de la spiritualité. Car derrière ces histoires, il y a aussi une religion très présente qui pousse les hommes à vouloir donner le meilleur d’eux ou le pire parfois.
Avec le roman de Norman MacLean : « Et au milieu coule une Rivière », Robert Redford y voit l’occasion de parler de ces gens simples qui suivent des règles et sentent dans la nature qui les entoure une force tranquille qui véhicule une histoire insoupçonné comme chaque homme qui en vieillissant devient la mémoire collective ou personnelle. Du coup, à travers le récit de cet homme qui vouait à ses parents et à son frère particulièrement un amour indéfectible même lorsqu’il ne les comprenait pas forcément, le réalisateur tisse une œuvre tout en simplicité et en complexité dans laquelle les éléments les plus simples et les plus nuancés comme les sentiments, les dégâts et les beautés de la vie viennent creuser le lit d’une vie qui forge un être au fil du temps, à l’image de cette rivière qui charrie silencieusement ses histoires du passé pour ensuite donner naissance à des roches à force de passage. Et le scénario de Richard Friedenberg (Le Choix d’aimer) pose doucement ses mots et ses personnages pour mieux coller à l’histoire et à cette magnifique métaphore de la vie.
Du coup, le réalisateur part sur une base de travail solide, et tisse ainsi une mise en scène et une intrigue à grand renfort de paysages magnifiques portés par une photographie signée d’un Français : Philippe Rousselot (Sherlock Holmes) qui a su parfaitement habiller d’une lumière subtilement dosée afin de rendre l’image saisissante jusque dans ses moindres détails. Robert Redford signe l’une de ses plus belles réalisations avec « Et au milieu coule une rivière » car il a su parfaitement se laisser imprégner par l’œuvre de l’auteur pour ensuite en mettre en scène toutes les nuances et signer ainsi un film subtil et suave comme une rivière qui s’écoule paisiblement et parfois se forme de rapides pour mieux rappeler sa force et son pouvoir. Avec un sujet fort peu « vendeur » : La pêche à la mouche, il arrive à captiver le spectateur et à lui faire aimer un sport méconnu et une passion souvent décrite comme désuète alors qu’elle nous apparaît là, particulièrement spirituelle.
Pour incarner ses héros, le réalisateur s’octroie les services d’acteurs assez méconnus à l’époque Craig Sheffer dont la carrière cinématographique ne sera pas aussi brillante que son coéquipier, mais que l’on croisera dans de nombreuses séries, dont « Mentalist » et donc Brad Pitt (Seven) dont la carrière commence à décoller et qui se révèlera l’une des stars les plus importantes de ces 20 dernières années. Les deux acteurs rivalisent de subtilité et la star commence à assumer u statut en brillant de mille feux à chaque plan et en imposant une nuance de jeu qu’il ne cessera de faire progresser par la suite dans sa carrière.
En conclusion, « Et au Milieu coule une rivière » est un film d’une beauté esthétique et scénaristique remarquable qui fait corps avec son histoire et avec ses personnages. Loin des superproductions de l’époque, le film de Robert Redford est une métaphore magnifique de la vie et des changements avec une recherche sous-jacente de spiritualité contenue. A redécouvrir d’urgence.