Jean de Florette : Dans un petit village de Haute Provence , Jean de Florette vient s' installer sur le terrain dont il vient d'hériter et rêve à de merveilleuses cultures . Mais Ugolin a lui aussi un projet pour ce terrain : y faire pousser des oeillets.Le vieil oncle Papet va l'y aider...
Manon des Sources : Dix ans plus tard. Manon vit dans la grotte de Baptistine dans les collines tandis que Ugolin culpabilise, amoureux fou de la belle. Elle va découvrir la source qui alimente le village et la détourner. Elle tient enfin sa vengeance. Peu à peu les langues du village se délient. La loi du silence est rompue et le Papet et Ugolin sont accusés d'avoir tué le père de Manon, Jean de Florette. Pour le Papet une autre terrible vérité éclate...
Jean de Florette c’est d'abord l'adaptation de Claude Berri d’un livre de Marcel Pagnol qu'il avait déjà lui-même adapté d'un film réalisé en 1952. Comme d'habitude, chez l'auteur on retrouve tout l’amour qu'il éprouve pour sa région d'Aix-en-Provence, avec des personnages centraux toujours très haut en couleur, tout à la fois charmeur, et à la fois destructeur à l’instar du Papet, figure tutélaire d'une histoire, dans laquelle vont se mêler la naïveté mais également la cupidité. Pagnol a toujours su dans son œuvre, opposer les deux mondes que sont la métropole parisienne, avec ses codes, son côté hautain parfois, et ce langage qui est si différent, si travaillé, si pointu, qu'il dénote tout de suite avec la fraîcheur, l’aspect chantant de l'accent, les cigales, et toute la chaleur de la présence des héros. Et alors que dans les œuvres précédentes de Pagnol comme la trilogie « Marius, Fanny, César », les personnages sont dirigés par l'honneur, et tentent par tous les moyens de résoudre leurs problèmes, alors que la solidarité, et l'amitié sont le point d'orgue d'une œuvre magistrale, dont « Jean de Florette » et « Manon des Sources », sont au contraire l’antithèse puisqu’ils sont plus guidés par la cupidité que par l'envie de tendre la main à une personne qui peut en avoir besoin. Pour une supercherie, ils vont tendre un piège dont ils ne maîtrisent absolument pas la finalité, au point d'arriver une fin tragique qui va pousser cet héritier parisien à une chute inexorable. Ce sera d'ailleurs, tout le thème de Manon des sources deuxième volet de l’adaptation de Claude Berri, qui va ainsi nous expliquer d'une manière tout aussi remarquable, tout aussi pointilleuse. Mais cette fois-ci, du point de vue de la fille de Jean de Florette, qui avec sa naïveté et sa douceur sauvage va faire prendre un tournant décisif dans l’histoire. Manon est devenue une femme qui se cache dans les montagnes pour ne plus avoir à croiser le regard des habitants, et qui va donc décider de se venger de ceux qui sont responsables des malheurs de sa famille.
Ce qui est surtout passionnant, avec l'adaptation qu'en a fait Claude Berri, c'est la fois ce goût de la mise en scène précise, mais surtout du détail qui va tout changer et de ce casting incroyable qui est venu compléter une adaptation qui fera date dans l'histoire du cinéma français. Car contrairement à Daniel Auteuil avec ses adaptations de « La fille du Puisatier » ou encore « Marius » et Fanny », Claude Berry ne cherchait pas à imiter l'accent de Provence (Les essais de Coluche dans le rôle d’Ugolin ont confirmé ses réserves sur le fait d'employer des parisiens pour jouer des gens du sud), il a préféré au contraire faire venir des gens qui avait déjà un accent chantant ce fut le cas d'Yves Montand (L’aveu) bien sûr, mais également de Daniel Auteuil (Quai des Orfevres), qui pour la petite histoire, avait mis des années à se débarrasser de cet accent du sud si marqué pour pouvoir travailler dans le cinéma à Paris. Les deux films de Claude Berri, sont une réussite, nous seulement parce que le réalisateur a su puiser toutes les ressources de l'œuvre de Pagnol, mais qu'il a su lui rester fidèle, en ne cherchant pas à créer une imitation mais au contraire à s’ancrer le plus possible dans les terres de Provence.
Évidemment, l'alchimie qui existe entre ses interprètes et le metteur en scène, fond de « Jean de Florette » et « Manon des sources » une réussite totale. Yves Montand est redoutablement en ambiguïté dans le rôle de ce vieil homme hypnotisé par l'argent, Daniel Auteuil, est à la fois renversant de naïveté de puissance mais également d'émotion dans le rôle d’Ugolin, ce jeune homme naïf qui suit tout ce que lui dit son papet, mais qui se noie d'amour pour Manon.
En conclusion, c'est adaptation de Jean de Florette et Manon des sources est évidemment un monument du cinéma français que la restauration en 4K, permet de redécouvrir sous une lumière, et sous une qualité visuelle qui lui donne l'apparence d'un film nouvellement sorti.