Sous le Second Empire, Etienne Lantier, un jeune chômeur devenu mineur, découvre dans le Nord de la France la misère des travailleurs...
« Germinal », 13ème livre de la série des « Rougon Macquart » d'Emile Zola fut déjà adapté au cinéma par Yves Allegret en 1962. C'est maintenant au tour de Claude Berri, d'adapter ce monstre de la littérature française, qui dépeint avec une noirceur évidente, mais surtout avec une précision remarquable ce quotidien des mineurs et particulièrement cette révolte issue d’une grève, au XIXe siècle. Bien sûr, le livre va bien au-delà de la simple retranscription d'un fait, d'une grève, il dépeint avec puissance et parfois avec froideur ce quotidien rugueux, difficile, cette opposition constante entre les mineurs, et la bourgeoisie totalement déconnectée et parfois dédaigneuse, face à ces ouvriers dont le terrible quotidien fut leur principale source de revenu. Une relation filiale difficile et cannibale dans laquelle chacun s’oppose tout en étant dépendant de l’autre. Claude Berri, signe là une œuvre forcément magistrale, pleine de fureur, avec, de la même manière que pour « Jean de Florette », et « Manon des sources », un goût prononcé du détail, afin de pouvoir plonger le spectateur de manière réaliste dans les bas-fonds des mines, et du même coup dans le quotidien de ces mineurs.
La mise en scène est précise, et chaque plan est réglé à la perfection, pour pouvoir donner l'impression aux spectateurs d'être au cœur de cette mine. Et c'est à ce point réussi, que l'on a parfois l'impression de sentir le charbon. Les mines, c'est avant tout l’histoire d'une région de France, c'est le nord, ces fameux corons comme a pu le dire le chanteur, mais c'était surtout un milieu difficile, un quotidien de tous les dangers, et en même temps une solidarité permanente, dans laquelle tout le monde se connaissait, dans laquelle les unions étaient aussi une question de survie. Très loin des préoccupations de la bourgeoisie, qui cherchait avant tout à conserver son statut, les mineurs luttaient pour leur propre survie. Chaque sou, était une nécessité, tout était compté, et lorsque la direction des mines s'amusait a baisser les prix constamment, elle ne faisait que susciter la colère de ceux qui creusent des souterrains et qui risque leur vie.
Côté distribution, si on peut reprocher à Miou-Miou (Les Valseuses) une composition un peu trop caricaturale, il apparaît évident, que toute la distribution, se sent portée par une mission qui est de rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui plongeaient dans les entrailles de la terre pour une bouchée de pain.
En conclusion, « Germinal » est un véritable chef-d'œuvre, parfois austère, parfois tout en fureur, mais qui plonge avec tellement de précision, et un sens évident d'uriner de la mise en scène, dans le quotidien de ces mineurs qu'il est certainement la meilleure adaptation du roman de Zola, et peut être considéré comme le meilleur miroir de ce que l'auteur a voulu distiller dans son œuvre.