1832. Un jeune hussard, de retour des guerres d'Italie, fuyant les agents autrichiens à la recherche de Carbornari, traverse la Provence ravagée par le choléra et rencontre l'amour de sa vie.
Jean Paul Rappeneau est un réalisateur hors norme dans notre production cinématographique française car, après avoir revisité, avec brio, la pièce d’Edmond Rostand : « Cyrano de Bergerac », le réalisateur se lance dans une aventure épique, comme le cinéma français savait en faire quelques décennies plus tôt. Adapté du chef d’œuvre homonyme de Jean Gionot, « Le Hussard sur le toit » est un film qui bénéficie de tout le savoir-faire du réalisateur.
Avec une mise en scène virevoltante qui n’est pas sans rappeler le cinéma d’André Hunebelle, qui savait insuffler un rythme léger et dynamique pour faire vivre ses héros porteurs de capes et d’épées. Avec « Le Hussard sur le toit », le réalisateur impose une couleur, un son et surtout une énergie redoutable d’efficacité qui voit les personnages parcourir une aventure noircie par une épidémie de choléra qui décime les populations et rend fous ceux qui survivent. Gionot avait écrit une histoire puissante d’amour et de fureur. Jamais dans les facilités d’usage, le réalisateur signe une mise en scène épique et dynamique qui plonge le spectateur sans fard et avec une beauté renversante dans une époque souvent oubliée, celle des guerres d’Italie.
Et le scénario signé du réalisateur assisté de ses deux comparses que sont Nina Companeez (Benjamin ou la mémoire d’un puceau) et Jean Claude Carrière (Cyrano de Bergerac) n’oublie de conserver le choléra comme allégorie d’une société repliée sur elle-même avec une population passive et égoïste, de la même manière que Camus le fit dans la Peste, le Choléra n’est qu’un moyen détourné de mettre en lumière les dérives des villageois, et des citadins qui préfèrent protéger leur petit cercle que de venir en aide aux autres. Angelo n’attrape pas le choléra car il reste à l’écoute des personnes, il tente de les sauver, il fait preuve de solidarité et refuse de céder à la peur de la contagion. Précis et sans faux-pas, le scénario tisse une intrigue à la fois romanesque et épique qui permet ainsi de mettre en image une œuvre puissante qui se veut une allégorie de la société et qui raisonne encore aujourd’hui comme un miroir de notre propre dérive sociétale.
Côté distribution, si Olivier Martinez (Infidèle) ne brille pas par une composition surprenante ou précise, il a le mérite d’imposer une énergie et un charme qui colle parfaitement au personnage d’Angelo. Malgré un manque de précision évident, le comédien compose un Angelo, séduisant et agile dans les scènes de combat à l’épée, par exemple. Face à lui,
Juliette Binoche, alors en pleine lumière après des films remarquables tels que « Trois Couleurs » de Krzysztof Kieslowski ou « Les Amants du Pont Neuf » de Léo Carax et en attendant de recevoir l’oscar pour « Le Patient Anglais » d’Anthony Minghella, qui impose une composition toute en force et en douceur. Un paradoxe qui sied parfaitement à son personnage et lui apporte toutes ces nuances qui ont la faire traverser cette aventure sombre et lumineuse en même temps.
En conclusion, « Le Hussard sur le toit » est une œuvre remarquable, parfaitement écrite et à la mise en scène virevoltante qui rappelle les grands films de cape et d’épée français des années 50 et 60 avec Jean Maris et Bourvil, par exemple. Si la composition est parfois inégale, la qualité de la réalisation vient parfaitement la compenser.