Sous l'occupation allemande, deux enfants juifs fuient Paris pour gagner le sud de la France, en zone libre.
Le roman de Joseph Joffo : « Un Sac de Billes », fut un succès littéraire indéniable en librairie, mais comme à chaque fois qu’n succès est fulgurant en France, il fut accompagné d’une polémique, sur des contrevérités éventuelles, des suppositions que l’auteur ne le soit pas vraiment et qu’un « Ghostwriter » est officié à sa place, ou encore et tout simplement une remise en question de son aspect autobiographique. Le fait est que le roman de Joffo n’en demeure pas moins un succès et que son thème vécu ou non, le fut certainement de toutes les manières possibles par des milliers de familles juives poussées sur les routes de l’exode et de la fuite d’un régime qui, profitant de la faiblesse, de la vilenie de l’état français et d’une partie de la population ouvertement anti juifs, avait signé leur arrêt de mort. Alors, polémique ou non, « Un Sac de Billes » met en lumière tout ces aspects de la société française sous l’occupation et à travers les différents personnages croisés par les enfants, il permet de se faire une idée du quotidien durant cette période.
Réalisateur atypique, Jacques Doillon, le fut dés son troisième film. Car, lui qui venait de rencontrer le succès avec « Les Doigts dans la tête », un film qui traitait déjà de la place des adolescents ou jeunes adultes dans une France qui semblait prendre sa jeunesse de haut, se lance alors dans l’adaptation d’un roman décrié : « Un Sac de Bille ». Et alors que certains diront que tourner avec les enfants est un enfer, lui, assurera qu’il a toujours su trouver les mots ou les formules pour obtenir le meilleur d’eux. Et, il faut bien le dire, « Un sac de Billes » prouve évidemment que le réalisateur sait y faire avec les enfants, car les deux acteurs évoluent avec une telle fraîcheur et une évidente capacité d’improvisation que l’on ressent dans les scènes où les enfants débattent des choix à opérer dans leur odyssée française.
Avec une mise en scène soignée, Jacques Doillon plonge le spectateur dans une aventure à la fois légère et sombre où des enfants qui sont à l’âge de l’innocence, doivent se battre contre le racisme, la méchanceté et l’avidité, mais croisent également des gens courageux, idéologues et sensibles. Jamais dans l’excès de pathos, le réalisateur impose une œuvre sensible, à hauteur d’enfants et livre une vision sans concession, mais avec un brin d’innocence, d’une France occupée, prisonnière de ses paradoxes et de ses ambiguïtés.
En conclusion, « Un Sac de Billes » est un film qui sort du cadre de la production française de l’époque avec des enfants à la tête d’une œuvre littéraire décriée mais puissante dans la peinture qu’elle fait de la société française sous l’occupation. Ici le réalisateur amène les enfants à donner le meilleur d’eux et impose un style et une vision à hauteur d’enfant, assez remarquable pour l’époque. Les acteurs sont fabuleux de fraîcheur et de dynamisme, avec un jeu qui sait maîtriser l’improvisation pour pouvoir donner plus de corps à l’ensemble.