Dix ans après la mort d’une vedette de la télévision américaine, un jeune acteur se remémore la correspondance jadis entretenue avec cet homme, de même que l’impact que ces lettres ont eu sur leurs vies respectives.
Le sujet du film « Ma Vie avec John F. Donovan » est né en 2011, alors que son réalisateur Xavier Dolan, petit génie du cinématographe, venait de mettre son film « Tom à la ferme » en pause. Profitant de cet arrêt momentané, il est allé voir son ami Jacob Tierney, réalisateur et scénariste Canadien qui officiât sur des productions locales, telles que « The Trotsky » ou encore « Good Neighbors », et commença à lui parler de l’envie de faire un film sur la notoriété et l’identité.
Une expérience double qui va mener le réalisateur à co-écrire pour la première fois l’un de ses scénarios et réaliser en langue anglaise, un film estampillé américain. Une expérience qui se révélera douloureuse, Xavier Dolan repoussant la date de sortie de son film, créant un personnage interprété par Jessica Chastain, qui sera finalement coupé au montage. Puisant dans sa propre existence (Le réalisateur avait écrit lorsqu’il était enfant une lettre à Leonardo Di Caprio, qui resta sans réponse), le réalisateur signe pourtant une œuvre audacieuse, dans laquelle il pose ses thèmes récurrents : le rapport avec la mère, la sexualité, l’identité, le conflit intérieur. Le réalisateur n’a eut de cesse de faire évoluer son scénario jusqu’à la dernière minute et en a tiré une œuvre puissante et sensible en même temps qui ne peut laisser indifférent.
Tout en distillant, au long de son film, un amour inconditionnel pour l’art dont il est passé prodige, Xavier Dolan signe une œuvre douloureuse mais soignée, dans laquelle il fait preuve d’une maitrise évidente de la narration et du rythme. Toujours soignée sa mise en scène est minutieuse, presque digne d’un orfèvre. Le réalisateur sait ce qu’il veut et soigne sa lumière et chaque détail qui construise son intrigue. Si « Ma Vie avec John F. Donovan » n’a pas fait l’unanimité à Cannes (Presqu’un signe de qualité), elle n’en demeure pas moins la plus audacieuse et peut-être même l’une des plus abouties, tant elle plonge avec intelligence dans un thème difficile et personnel en même temps.
Et pour incarner son héros, Xavier Dolan, avait d’abord pensé à Nicholas Hoult (X-Men Dark Phoenix), mais ce dernier annula sa participation peu avant le début du tournage, c’est alors que le réalisateur se tourna vers la star montante du moment : Kit Harrington (Game Of Thrones). L’acteur impose son jeu empreint de mélancolie et de douleur. Parfait dans ce rôle d’acteur torturé entre sa nature et l’image qu’il s’oblige à donner. Mais la véritable sensation de ce film est sans conteste le jeune
Jacob Tremblay qui, malgré son jeune âge a déjà un CV bien rempli puisqu’il fut dans « Prédator » (2008) ou encore la série Revival de Jordan Peele : « Twilight Zone ». Le jeune garçon sera également à l’affiche de films très attendus comme « Doctor Sleep », remake de « Shining » par Mike Flanagan (Ouija Les origines), « Good Boys » de Gene Stupnitsky (Bad Teacher) et fera la voix de Polochon dans la version live de « La petite sirène » de Rob Marshall (Nine). Le jeune garçon est saisissant de sensibilité, impose un jeu d’une audace et d’une maturité remarquable qui force l’admiration.
En conclusion, « Ma vie avec John F. Donovan » est un film touchant et audacieux signé Xavier Dolan, qui puisa dans sa propre expérience pour s’interroger sur la notoriété autant que sur l’identité. Le réalisateur signe une nouvelle fois une mise en scène précise, minutieuse et sait prendre des risques pour apporter à son film une sensibilité et une force remarquable.