Matteo Diaz est un homme fier et influent qui s'éprend un jour d'Eva, la fille de Stanislas, un ancien écrivain. La jeune femme ne répond pas aux avances de Matteo qui a l'habitude que rien ne lui résiste. Il fait tout pour la belle, jusqu'à en oublier totalement son inébranlable amour-propre, afin qu'elle cède enfin à ses avances...
Dans le cinéma d’avant et d’après-guerre, Julien Duvivier est une figure majeure. A la fois glorieuse et en même temps conspuée pour son classicisme par la nouvelle vague lorsqu’elle déferla sur le cinéma hexagonal. Avec des films comme : « La Belle équipe » (1936), « Pépé le Moko » (1937) et « La fête à Henriette » (1952), le réalisateur a su imposer un style et une vision sombre du monde qui le firent être classé comme un réalisateur pessimiste. Le film « La Belle équipe » possédant d’ailleurs deux fins, une plus positive, préférée par les producteurs et une pessimiste correspondant à la vision du metteur en scène. Il n’empêche que Julien Duvivier reste un cinéaste majeur qui parvint, jusqu’à la fin de ces jours, a survoler toutes les productions de son époque.
En 1959, Julien Duvivier arrive doucement à la fin de sa carrière et son œuvre s’en ressent. A l’image de cette nouvelle adaptation du roman érotique de Pierre Louÿs : « La femme et le Pantin » qui voit le réalisateur répondre à une commande, qui serait de filmer Brigitte Bardot et de lui donner un nouvel écrin prestigieux. Pour la petite histoire, le prestige ne sera pas au rendez-vous puisque le film sera un échec cuisant, alors que le salaire de la star féminine fut mirobolant en proportion des autres acteurs du films qui ne serviront que de partenaires de jeux, mettant en valeur la star Bardot. Seulement voilà, Julien Duvivier, n’est pas un réalisateur passif, et il va forcément y mettre sa patte et aller dans la direction contraire de ce que l’on attend de lui.
Lui qui devait filmer une histoire dans laquelle, Brigitte Bardot incarnerait une jeune femme se refusant aux avances d’un amoureux transit, va en fait la ponctuer de signaux propres à son œuvre. Si « La Femme et le Pantin » reste une œuvre très en dessous de ce qu’à pu faire le réalisateur dans sa carrière, il n’en demeure pas moins un film à la technique et à la mise en scène bien au-dessus de tout ce qui s’est fait dans le cinéma à cette époque. Car Duvivier fait partie de ces réalisateurs dont Scorsese et Spielberg disaient que même dans le pire ils font mieux que les autres. Ici, alors qu’il devrait mettre en lumière la Bardot, il va créer des personnages, non existants dans le livre mais qui donneront plus de corps à l’histoire et dont le lien restera d’être des déracines, des personnages rongés par une part d’ombre qu’ils ont du mal à cacher. Avec un besoin de mettre en lumière le passé de cette France qui dénonce ou qui collabora pendant la seconde guerre mondiale, Duvivier, ne va pas rendre intéressant le personnage de Bardot, il va la transformer en centre de gravité de personnages à la profondeur et au dessin plus passionnant que ne l’aurait été l’histoire à la base.
Brigitte Bardot ayant plus brillé pour sa plastique que pour son talent de comédienne, sa prestation dans « La Femme et le Pantin » est forcément un peu oubliable, en revanche les prestations de Michel Roux (L’Arme à Gauche) qui reste l’inoubliable voix française de Tony Curtis, de Jess Hanh (Les Morfalous), ou encore de Dario Moreno (La récolte des Esclaves) sont toutes en subtilités puisque leurs gestuelles autant que leurs jeux viennent dire autre chose que ce que les apparences le laisse entendre.
En conclusion, « La Femme et le Pantin » de Julien Duvivier est une œuvre mineure du réalisateur, mais qui reste très ancrée dans son parcours avec ce regard pessimiste sur la société et l’espèce humaine en générale.