A New York, Frank White, un gangster impitoyable aux méthodes expéditives, sort de prison. Il décide rapidement de reconquérir son territoire, le Bronx, et d'étendre son empire en reprenant le contrôle total du trafic de drogue sur la métropole. Appuyé par son second, Jimmy, il élimine un à un ses rivaux. Mais cet archange de la pègre a surtout un rêve : fonder un hôpital pour les plus démunis. Une ambition qui le fait surnommer par la presse comme «le roi de New York» et lui confère une stature de tout-puissant qui excède un groupe de policiers, dirigé par Bishop, jurant de l'abattre quitte à enfreindre la loi... Ce thriller violent et âpre, devenu culte au fil des années, offre à Christopher Walken l'un de ses rôles les plus marquants.
Abel Ferrara est un réalisateur atypique. Après avoir réalisé un film de genre proche du porno : « Nine Lives of a Wet Pussy » en 1976, et quelques épisodes de série dont « 2 Flics à Miami », le réalisateur va imposer son style, sa signature et son univers dans des films tels que « China Girl » en 1987et « The King of New-York » en 1990. Et c’est ce dernier qui va lui ouvrir les portes de la reconnaissance et va définitivement l’installer dans le fauteuil des réalisateurs marquant es années 90. Car si « The King of New-York » n’est pas considéré comme son chef d’œuvre (Il faudra attendre 2 ans et son « Bad Lieutenant »), ce film ouvre la voie du succès et permet au réalisateur de mettre en valeur tout son savoir-faire, ainsi que celui de son équipe.
Car Abel Ferrara, c’est un homme de bande. Un metteur en scène qui sait s’entourer par des personnes qui auront à cœur de mettre sa vision sur pellicule. C’est ainsi que l’on retrouvera au casting : Nicholas St John, son fidèle scénariste qui avait déjà travaillé sur « Nine Lives of a Wet Pussy ». Bojan Bazelli qui avait œuvré sur « China Girl » ou encore le compositeur Joe Delia, qui signa la musique de tous les films du réalisateur. Et pour « The King of New-York », le réalisateur a souhaité présenter un New-York autre que celui de cartes postales, il a souhaité nous exposer une mégapole, sombre, humide et poisseuse, pour mieux coller à l’univers de ses personnages.
Comme Scorsese dans un autre style, Ferrara veut marquer par une image, par une histoire soignée et différente de ce que le spectateur a l’habitude de voir. Ici, les intérieurs ne sont pas rutilants, ses gangsters ne sont pas tous malins ou subtiles. Les alliances tombent aussi vite que les trahisons sont punies. Abel Ferrara ne veut pas que l’on aime cet environnement, il veut que nous soyons envoutés et effrayés par ces lumières, par cette ville sombre qui avale ceux qui ne sont pas à la hauteur. New-Yorkais dans l’âme, le réalisateur s’amuse à brouiller les cartes et livre une vision violente et marquante d’une ville qui, à la fin des années 80 n’a pas finit de faire son nettoyage en vue de sa renaissance. Mais même gangrénée par la violence, par ces luttes de pouvoir, New-York est fascinante et à travers son personnage de Frank White, le réalisateur nous hypnotise, nous fascine.
Première d’une longue série de collaborations, « The King of New-York » est l’occasion pour Christopher Walken (Dead Zone) de montrer toute l’étendue de son talent et d’affiner un jeu subtil et précis. Tout à la fois charmeur, parfois cyniquement drôle et souvent inquiétant, l’acteur livre ici l’un de ses plus belles prestations et captive le spectateur. Face à lui David Caruso (Les Experts : Miami), autre fidèle de Ferrara, montre qu’il sait jouer autre chose que les enquêteurs Cool et Zen. Ici son personnage est aux antipodes de celui des experts. Laurence Fishburne (Tina), quant à lui, campe, ici un personnage survolté et complètement décalé qui capte toute l’attention dès qu’il apparait à l’écran.
« The King of New-York » n’est pas LE Chef d’œuvre d’Abel Ferrara, mais il n’en n’est pas si loin tant il en a toutes les qualités, que ce soit dans l’écriture, dans la photographie ou et surtout dans la direction d’acteur. Le réalisateur impose un style et amène son équipe à se surpasser pour donner une vision différente de New-York et de ses gangsters.