Mike, star déchue du rodéo, se voit confier une mission a priori impossible : se rendre au Mexique pour y trouver un adolescent turbulent et l’amener jusqu’au Texas. Il lui faudra pour cela affronter la pègre mexicaine, la police et son propre passé.
Clint Eastwood est un grand, vor même un très grand réalisateur c’est indéniable. Et même si son parcours a pu souffrir de choix narratifs parfois discutable comme dans « Le 15h17 Pour Paris », ou « American Sniper », il a toujours su trouver l’angle de narration qui soit en accord avec sa vision des choses et sait filmer la nature humaine avec une certaine précision d’orfèvre. Il a su le prouver de bien des manières possibles en allant puiser l’émotion à la racine, comme dans « Million Dollar Baby » en 2004 ou encore dans « Gran Torino » (2008) dans lequel il façonnait déjà cette réflexion sur la transmission, sur les héros déchus et sur la rédemption.
A presque 92 ans, la star n’a plus rien à prouvé et apporte juste sa pierre à l’édifice, avec un film crépusculaire, dans lequel, il se met à nouveau en scène pour continuer d’aller plus loin dans l’exploration de ce thème de la transmission, de la place de ces héros de l’Amérique dont il fut l’une des représentations. Ce Cow-boy, symbole de la virilité, symbole d’un pays dans ce que son Sud fait de plus caricatural mais également de plus représentatifs des rêves de jeunes garçons dans les cors de récréation. Mais une image qui est, à mesure que les décennies ont passées, devenue plus Sépia, comme un lointain souvenir d’une gloire, maintenant oubliée. Le symbole de la virilité, de la force et de la détermination, est devenu l’ombre de lui-même et sa propre caricature.
Et puis bien sûr, il y a cette touche de droitisation que l’acteur réalisateur parsème depuis de manière plus ou moins subtile dans ces dernières œuvres, depuis « American Sniper » notamment en 2015, lorsqu’il a décidé de mettre en lumière ces héros de l’Amérique connus ou inconnus qui œuvrent pour la grandeur de leur pays à travers des actes de défenses (?) ou de protection. Déjà dans « La Mule », les mexicains, comme un écho aux déclarations d’un président « azimuté », étaient présentés comme les méchants sanguinaires, ne reculant devant aucune forme de perfidie pour faire prospérer leur business, forcément reposant sur le Traffic de Drogue. Et si dans « Gran Torino », le réalisateur semblait plutôt nuancer son propos avec un humanisme saisissant rendant absurde ce racisme primaire, tout cela semble bien oublié. Et c’est exactement ce qu’il se passe avec « Cry Macho ». Clint Eastwood n’a plus grand-chose à dire et ressasse inlassablement, le même discours, avec ce héros perdu, qui cherche une forme de rédemption pour une gloire usée et abusée, et une mission qui va l’emmener en périple sauver un jeun garçon d’un cartel mexicain (Je schématise un peu, mais pas tant que cela !).
Et si la réunion des deux, offre quelques beaux moments et quelques belles réflexions, l’ensemble est vidé de l’humanisme qui débordait de « Gran Torino ». Comme si le réalisateur n’avait plus la foi dans ce discours qu’il portait pourtant haut, « Cry Macho » fait office de suite indirecte à « La Mule », où il campait déjà un vieux monsieur obligé de transporter de la drogue pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille et de sa communauté. Et même sa mise en scène ne semble plus tenir la barre suffisamment haute pour correspondre à l’image que l’on pourrait se faire de ce road movie entre deux générations. Le réalisateur soigne son image et parvient à faire oublier, parfois son âge canonique, pour ensuite se lancer des morceaux de bravoures qui peuvent rester comme des actes manqués, à l’instar de la scène de confrontation où les deux héros se retrouvent pris au piège d’un lieutenant de la mère de l’adolescent.
Avec « Cry Macho », Clint Eastwood signe une œuvre crépusculaire, qui ne réserve que de très rares moments de grâce et se perd inlassablement dans un discours sans profondeur, comme s’il était en roue libre sur le même sujet. Le thème de la transmission et de la rédemption est complétement aseptisé par une intrique sous-jacente qui ne sent jamais très bon. Le réalisateur comme son héros semble se retourner sur sa gloire passée et ne pas savoir comment lui rendre justice.