Deux femmes, Janis et Ana, se rencontrent dans une chambre d'hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, d'âge mûr, n'a aucun regret et durant les heures qui précèdent l'accouchement, elle est folle de joie. Ana en revanche, est une adolescente effrayée, pleine de remords et traumatisée. Janis essaie de lui remonter le moral alors qu'elles marchent telles des somnambules dans le couloir de l'hôpital. Les quelques mots qu'elles échangent pendant ces heures vont créer un lien très étroit entre elles, que le hasard se chargera de compliquer d'une manière qui changera leur vie à toutes les deux.
Pedro Almodovar est Le Réalisateur espagnol le plus révéré de ce 21ème siècle avec des œuvres comme « La Mauvaise éducation (2003), « Volver » (2005), ou encore « Talons Aiguilles » en 1991, qui fut l’un des films fondateurs du mythe du réalisateur, tellement proche de ses actrices, qui sait s’approprier des sujets autour de la féminité, tout en faisant une peinture parfois acerbe de la société ibérique. Le réalisateur a su imposer un style, et se faire connaitre et reconnaitre dans tous les festivals du monde.
Avec « Madres Parallelas », le réalisateur revient sur ses thèmes de prédilection : La féminité, la mère et la filiation et en rajoute un autre, qui reste en sous-main, mais vient conclure le film de façon assez radical : Les Charniers Franquistes. Avec ce sujet, au point de départ de son intrigue, il va tisser une histoire principale qui va suivre d’abord le destin de Janis, qui va rencontrer Arturo avec qui elle va avoir une relation d’un soir, d’un instant et avoir, par accident, un enfant. Et Puis Ana, une adolescente bourrée de remords et d’inquiétude qui va également accoucher. Deux femmes, deux destinées qui vont se retrouver dans la douleur, vont se perdre puis se retrouver. Avec une simplicité désarmante et une maitrise évidente, le réalisateur écrit une histoire où la grande Histoire va s’inviter, subrepticement, mais surement où le drame vient masquer certaines mauvaises actions ou certains mauvais sentiments. Almodovar n’est pas un juge, il aime présenter ce qui fait mal chez une femme, ce qui fait souffrir et ce qui els rends belles pour cela.
Avec une mise en scène soignée, qui vient toucher au plus près les visages et les corps, Almodovar, laisse son image plonger le spectateur dans les intérieurs et dans les environnements dans lesquels évoluent les personnages, utilisant la lumière comme miroir à ce qu’ils ressentent, jusqu’à aller croiser le contraste, comme cette scène autour du charnier, lumineuse, presque bucolique, pour mieux illustrer la libération de ces âmes, de ces hommes et femmes parents de personnes disparues. Mais surtout « Madres Paralelas » c’est avant tout plusieurs films en un seul. Et Pedro Almodovar, es imbrique soigneusement. Il y a d’abord, cette femme qui se retrouver seule avec son enfant, puisque le père ne veut pas assumer sa paternité, puis il y a un échange d’enfant qui vient subitement rebattre les cartes, particulièrement lorsque le destin s’en mêle, puis une historie d’amour à la Almodovar, qui nait de ces entrechocs de sentiments et de personnes. Rien ne semble balisé dans ce film et le réalisateur s’en amuse. Ne reste toutefois qu’une mise en scène, un peu molle qui manque parfois de la folie du metteur en scène.
Malgré cela « Madres Parallelas » reste un film surprenant et parfaitement maitrisée que la distribution, à commencer par Penelope Cruz (Le Crime de l’Orient Express) transcende. La comédienne met toute sa sensibilité au service du réalisateur et cela fonctionne magnifiquement. Même constat avec la jeune actrice Milena Smit que l’on avait déjà vu dans « Cross the Line » de David Victori en 2021.