1968, Bob Hyde, un capitaine de l'armée américaine, décide de se porter volontaire pour la guerre du Viêtnam. Sa femme, Sally, reste au pays. Afin de trouver un sens à sa vie, elle devient bénévole à l'hôpital des vétérans. Là-bas elle y rencontre Luke, un ancien combattant devenu tétraplégique. Sally apprend à le connaître et progressivement, tombe amoureuse de celui-ci. Pourtant lorsque Bob reviendra, elle devra faire un choix.
Hal Ashby fut un réalisateur en marge de ce qu'il se faisait à Hollywood. D'abord parce que chacun des sujets qu'il traita fut toujours à l'inverse de la pensée du moment. Il y eut « Harold et Maud » en 1972 qui racontait l'histoire d'amour entre un jeune homme de vingt ans et une septuagénaire. Un choc pour l'époque qui fit trembler le studio qui ne savait pas comment vendre le film. Puis « En route pour la gloire » en 1976, adaptation de l'autobiographie de Woodie Guthrie, que l'on considère comme l'inventeur de la musique folk, qui raconte son parcours incroyable au milieu de ces gens qui n'avaient rien et tentaient de survivre à la sueur de petits boulots pénibles et mal payés. Et donc deux années plus tard, le réalisateur décida de se lancer dans une nouvelle réalisation qui allait faire grand bruit : « Le Retour ».
Dans ce film, dont le scénario fut signé de Robert C. Jones (la tête dans le carton à Chapeau), Walton Salt (Macadam Cowboy) et Nancy Dowd (Soleil de Nuit), Hal Ashby trouve la matière nécessaire pour dénoncer les conditions de vie des vétérans dans les hôpitaux où ils sont traités pour divers traumatismes issus d'une guerre absurde. A travers le regard de cette femme de capitaine, qui va se porter bénévole dans un hôpital pour donner un sens à sa vie en l'absence de son mari, capitaine parti en mission en Viêtnam, le réalisateur va dénoncer cet état incapable de prendre en considération la souffrance de ses vétérans et leur donner un retour à la hauteur de leurs maux. Psychologiques ou physiques et souvent même les deux, ces hommes se sont sentis abandonnés à leur retour. Et c'est là que le scénario est intelligent, car, si la façon de penser de Sally, magnifique Jane Fonda (Grâce et Frankie) se fait à travers le regard de Luke, ce vétéran devenu tétraplégique après une blessure, au point d'en tomber amoureuse, c'est à travers le retour du mari que l'on perçoit toute l'horreur de ce qu'ont pu vivre ces soldats au cœur de la terre et de la forêt vietnamienne. Le traumatisme est profond et les mots ne suffisent plus à l'apaiser. Avec une mise en scène subtile et provocante, le réalisateur va forcer la réflexion. Il se positionne évidemment face au conflit, mais il va y mettre les formes pour que le spectateur s'interroge, à l'instar de sa conclusion qui viendra interroger de manière frontale le spectateur.
Côté distribution, Jon Voight (Benjamin Gates) est au sommet de son art avec une prestation entre colère, violence et surtout une scène finale dont il improvisé la plus grande partie. Absolument ahurissante. Face à lui Jane Fonda campe une femme entre classicisme et volonté de bousculer les codes pour faire avancer les idées et notamment alerter sur le sort réservé à ces vétérans. La comédienne apparaît à la fois fragile et forte dans une prestation toute en nuance.