Quand un premier film français n’est pas un film auteuriste nombriliste ni une comédie avec des comiques de la télé, ça se remarque. En l’occurrence, c’est à un véritable film de genre que nous avons affaire, dans la lignée des films de peur italien de Dario Argento ou des récents films d’angoisse japonais. Virginie Ledoyen entend-elle vraiment des fantômes d’enfants ? Lou Doillon est-elle vraiment folle ? Le film vaut-il vraiment la peine ?

France, 2004
Réalisateur : Pascal Laugier
Acteurs : Virginie Ledoyen, Lou Doillon
Durée : 1h40

L’histoire
Anna vient d’arriver à l’orphelinat de Saint Ange. Mais il n’y reste plus que la cuisinière et une pensionnaire assez dérangée. Fuyant on ne sait qui ou quoi, enceinte et tentant de le cacher, Anna, après ses tâches domestiques, commence à se demander si elle n’entend pas des voix d’enfants, d’enfants qui seraient morts. Mais qui sont ces « enfants qui font peur » ?


Je ne sais pas pourquoi je continue à aller voir des films qui font peur, vu qu’ils ne me font jamais peur. A l’exception des Autres récemment, et de Rosemary’s baby il y a longtemps, je suis en général indifférent aux différents effets censés nous terrifier. Ainsi, je me suis ennuyé (de passablement à royalement selon les films) à Ring (de Nakata), Dark water, l’Échine du diable, ou au Projet Blair Witch. En général, plus les effets sont légers et sobres, plus je considère qu’il n’y a rien de concret qui permettrait de m’inquiéter. Pourquoi je vous dis tout ça ? Parce que si vous vous êtes cachés derrière votre fauteuil à tous ces films, il est très possible que Saint Ange vous terrifie, mais je ne saurais le dire, car, comme vous vous en doutez, Saint Ange ne m’a aucunement fait peur. Il m’a même plutôt gonflé.
Il y a beaucoup de choses dans ce film, finalement. Malheureusement, la plupart ne m’a pas convaincu. Le point de départ, 2 gouvernantes qui restent dans un grand orphelinat pour l’entretenir alors qu’il ne reste plus qu’une résidente (qui n’a d’ailleurs pas vraiment le statut de résidente), ne tient pas debout. Pourquoi restent-elles ? Mystère. Pour qu’il y ait un film, sans doute, mais ça fait léger. Autre truc qui m’a semblé trop gros pour y croire : Virginie Ledoyen cache sa grossesse en serrant son ventre avec une bande de tissu. Même si effectivement elle se trouve mal une fois dans le film, je suis certain qu’il est impossible de comprimer tout ça pendant plus d’un instant. Ce ne sont que des détails, mais ils m’ont travaillé pendant tout le début du film.


Tiens, d’ailleurs, il ne se passe rien, pendant ce début. 55 minutes à ma montre, et enfin le premier truc qui peut éventuellement laisser penser que peut-être on a l’éventualité possible de surnaturel. Oui, comme le Projet Blair Witch ou plus récemment Abîmes, le saupoudrage de manifestations surnaturelles est extrêmement chiche, dans le but de laisser le spectateur hésiter le plus longtemps possible entre fantômes et folie. Irai-je jusqu’à dire que cette première moitié est sans intérêt ? Je ne sais pas, j’hésite toujours entre exploser le film (qui ne m’a vraiment pas plu), ou supposer que je suis passé à côté et lui laisser sa chance. Je ne vais pas être totalement lapidaire, et espérer que certains spectateurs seront pris par l’ambiance tout en plongées et contre-plongées du réalisateur, résonnant dans les couloirs déserts de l’inquiétant orphelinat, et émaillée d’évocation d’événements graves qui se sont peut-être passé il y a longtemps dans les murs.
A la moitié, le film se réveille enfin, nous faisant basculer plus clairement dans le fantastique. La tension monte d’un cran et reste tangible. C’est pas qu’on est super impatient de connaître la clé du mystère, vu le peu d’éléments du mystère qu’on a sous la main, mais on est content de ne pas être venu pour rien : il va se passer quelque chose. Et badaboum. Je vois mal comment même ceux qui ont accroché au début pourront ne pas trouver ridicule l’apothéose de l’intrigue. Le dénouement est (surtout visuellement) vraiment too much, aussi ridiculement gros qu’un éléphant qui se cacherait dans la maison d’un schtroumpf. On peut ricaner, s’agacer ou se prendre la tête dans les mains, rien n’y fait : c’est grotesque. Et pas ragoûtant en plus. Même si la toute fin essaie de calmer un peu le jeu, on est encore sous le choc de ce sommet de mauvais goût qui tue, et on n’écoute plus.
Voilà. Vous avez donc bien compris à quel point le film ne m’a pas plu, indépendamment de mon manque de prédispositions à ce genre de film. Cependant, on peut reconnaître au film une ambiance intéressante (quoi que trop légère à mon goût), une interprétation solide, une musique originale. De quoi sans doute en convaincre et effrayer certains, et laisser les autres de marbre.


A voir : si vous aimez le genre, et encore je ne suis pas convaincu
Le score presque objectif : 6,5/10 si je suis passé à côté du film, mais 4/10 si je ne suis passé à côté de rien. Désolé de ne pas me prononcer.
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, non non non

Sébastien Keromen