La rage du tigre
Titre original : The New one armed swordsman

Film :  Chinois
Année de production : 1971
Genre : Action, Historique, Aventure, Arts martiaux
Durée : 1h 42min
Date de sortie française : 26 Janvier 2005 
Réalisateur : Chang Che
Scénario : Ni Kuang
Photo : Kung Mu-to
Compositeur : Chen Yung-yu
Producteur : Shaw Brothers
Avec : David Chiang (Lei Li), Ti Lung (Feng Jun-Jie), Ku Feng (Long Zi-Yhi),  Li Ching (Ba-Jiao),  Chen Hsing (Chen-Zhen Nan)

Film interdit aux moins de 12 ans

Site web officiel du film


Voir la critique DVD du Coffret de la trilogie du Sabreur Manchot :
La Trilogie du Sabreur Manchot (coffret 4 DVD)

Voir également les critiques DVD de trois autres films de Chang Cheh :
Frères de sang, 2 héros, Le Trio Magnifique

L’histoire :


Dans une Chine ensanglantée par les guerres de clans, Lei Li se fait une réputation de justicier en prenant la défense des faibles. Voyant en lui un rival possible, Maître Long organise le vol du trésor du clan du Tigre et lance une rumeur accusant le chevalier.
Attaqué par le Tigre et ses hommes, qui le croient coupable, Lei Li les met en déroute. Mais Long, que tous prennent pour un homme sage, surgit et propose à Lei Li un combat loyal, dont l'issue décidera de l'innocence ou non du jeune homme. De plus, le perdant aura le bras droit tranché...



Peut-être vous aussi plus jeune avez-vous été fan des films de Kung-Fu avec Bruce Lee ou avec d’autres. Parfois vous étiez le guerrier courageux qui exécutait des mouvements d’arts martiaux que vous ne pratiquiez pas mais que vous aviez l’impression de maîtriser. Il vous reste probablement des souvenirs d’un film où un jeune homme Chinois expert dans le maniement du sabre livrait un duel à un seigneur et perdait ce qui le condamnait à se priver d’un bras. Il s’auto-mutilait et le bras finissait planter dans un arbre à l’aide d’un sabre lancé dans l’air.
Parmi les images qui vous restent en tête il y a celle des gerbes de sang qui giclent des corps de dizaines de combattants, d’autre qui montrent un sabreur manchot réussir à courir, sauter, presque voler et combattre une armée à la force de son seul bras. Des images frappent l’imagination et restent très présentes en dépit des années.

Ce film dont vous vous rappelez est La Rage du Tigre du réalisateur Chang Cheh.



Né en Chine, d'où il avait gagné Taïwan dans les années 1940, Chang Cheh s'était établi à Hong Kong pour y devenir metteur en scène, après avoir débuté en tant que scriptwriter aux studios de la Shaw Brothers. Chang Cheh a découvert de nombreuses stars du kung-fu dont Bruce Lee qu’il aida et John Woo (qui fut son assistant et fils spirituel). John Woo s’est d’ailleurs inspiré du film de Chang Cheh,  Frères de sang (1973) un film tragique et spectaculaire pour réaliser Une Balle dans la tête (1990). L’œuvre du maître l’inspira également pour réaliser son film Shao Lin men (1976) et il a offert à Chang Cheh une retraire avec les recettes du polar Just Heroes (1987).
Chang Cheh est décédée le 22 juin 2002 à l’âge de 69 ans.

La "marque" de Chang Cheh se caractérise par un usage fasciné et érotique du sang (les personnages s'éventrent, se contorsionnent, grimacent et meurent dans d'atroces douleurs), par la place réduite des femmes qu’il met à l’écart du Wu Xia Pian traditionnel (contrairement aux films de son contemporain King Hu), et par le thème fréquent de l'amitié virile.
C’est d’ailleurs l’aspect violent et sanglant de son film la rage du tigre qui marque le plus rétrospectivement avec le coup des trois épées utilisées par le héro pour vaincre son ennemi. Cette scène est par ailleurs reprise mais modifiée par Daniel Lee dans son film hommage à Chang Cheh, Frères d’armes (1994) avec David Chiang (le sabreur manchot de la rage dut igre), qui tient cette fois le rôle du père de celui (Wu Hsing Kuo) qui se privera d’un bras.

Chang Cheh conserve une grande importance dans le cinéma HK et mondiale car il est le père de deux genres essentiels du cinéma d'arts martiaux ; le wu xia pian (film de sabre) nouvelle manière (dont Tigre et dragon est un avatar) et le kung-Fu Pian (film d’arts martiaux) de Shaolin (réactualisé plus tard par Jet Li).

L’empreinte de Chang Cheh est telle que l’on peut reconnaître son influence dans des productions hollywoodiennes comme Blade, Matrix, Kill Bill et dans de nombreuses autres réalisations qui mélangent allègement Wu Xia Pian, Kung Fu Pian et Chambara, film de sabre Japonais. Le film La Rage du Tigre est aussi le film de sabre référence de Quentin Tarantino en dépit du fait que dans Kill Bill l’on sent l’influence sanglante du Wu Xia Pian mais peut-être plus celle du Chambara. Takeshi Kitano nous a aussi remis au goût du jour la légende de Zatoïchi et de son sabre légendaire Zatoïchi (2003).

Il y a de nombreuses raisons d’aller voir La Rage du Tigre. C’est un film référence pour de nombreux réalisateurs d’aujourd’hui, c’est probablement le chef-d’œuvre de Chang Cheh et un des films les plus fulgurants du Wu Xia Pian de la grande époque de la Shaw Brothers. L’obstination farouche de Lei Li à réussir à vaincre son ennemi d’un seul bras alors que l’arrogance de sa jeunesse ne le lui avait pas permis confine à l’absurde. C’est cependant cette préparation du héro à se battre qui rend le héros si fascinant.
Cette fascination est d’ailleurs également présente dans un crossover réalisé par Wang Yu en 1971 entre le film qui le révéla, le sabreur manchot(The One-armed Swordsman) et sa première réalisation, le boxeur chinois (The Chinese Boxer), pour réaliser Le boxeur manchot (son deuxième film en tant que réalisateur).


Verdict :

Que vous soyez fan de film de Wu Xia Pian ou pas c’est un film qui ressort en version originale ce qui vous permet d’espérer à un évènement cinématographique spécial. Il est des occasions qu’il ne faut pas rater d’autant que le cinéma d’Asie n’est pas celui que nous connaissons le mieux en France. La rage du tigre c’est la promesse d’une expérience cinématographique mémorable.


A voir :
Il faut le voir au minimum pour votre culture cinématographique et pour mieux comprendre et apprécier le travail de réalisateur contemporain
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, c’est un film de Wu Xia Pian qui vous marquera

Laurent Berry