Un film d’horreur qui vous promet des meurtres plus macabrement imaginatifs que ceux de Seven, ça vous tente ? Si en plus toutes les critiques sont bonnes, hein, ça vous tente ? Ça m’a tenté aussi, comme quoi on peut toujours se tromper.

Saw
Titre original : Saw
USA, 2004
Réalisateur : James Wan
Acteurs : Leigh Wannell, Cary Elwes, Danny Glover, Monica Potter
Durée : 1h45
Interdit aux moins de 16 ans

L’histoire
Adam et le docteur Gordon se réveillent dans une pièce délabrée, une vieille salle de bains, chacun enchaîné à un coin opposé. Ils vont devoir comprendre ce qui leur arrive, et comment sortir vivant de la pièce.


La critique


Je ne suis pas très fan des films qui font (ou généralement essaient en vain de faire) peur. Mais quand la presse ciné (le point de vue du journaliste) et les critiques sur le web (un point de vue plus près du spectateur, en général) sont unanimes pour saluer un film d’horreur original, réussi et qui renouvelle le genre, je me laisse tenter. Putain, les mecs, c’est la dernière fois que je vous écoute. Bon, je ne vous jette pas la pierre Pierre, la bande-annonce seule m’avait déjà bien donné envie d’y aller… Alors, pourquoi c’est raté, Saw ? (j’aimerais bien placer un micro près des caisses des cinémas pour entendre comment les spectateurs prononcent le titre) Je pourrais me contenter de vous expliquer que quand la lumière s’est rallumée, la salle était hilare, sans compter les rires qui ont fusé çà et là durant la projection. Ça m’étonnerait beaucoup que c’eût été le but.


Mais détaillons un peu tous les bâts qui blessent.
Si on peut reconnaître au film une esthétique sale et angoissante presque réussie, et une certaine imagination pour les meurtres traumatisants et sadiques, c’est à peu près ses seules excuses. On est d’abord frappé par une mise en scène du pire genre clippesque. Sûr, le record de plans différents par seconde a dû être battu. Ce montage annihile instantanément toute l’empathie qu’on pouvait avoir pour les victimes, dépouillant toute l’émotion des scènes et empêchant le spectateur de contempler leur horreur glacée. Seven avait su mettre en scène ses meurtres crapoteux de façon assez traumatisante, en nous les laissant fixer jusqu’à ce qu’ils nous pénètrent. Impossible ici. Et finalement, ces scènes de crimes sont assez peu nombreuses, et concentrées en dix minutes.
Pour le reste, le film se présente comme un puzzle en flash-back (oh, un puzzle, alors que le meurtrier laisse des pièces de puzzle, pour apparemment aucune raison, d’ailleurs). L’enjeu entre les deux hommes enchaînés, qui constitue le " présent " du film par rapport aux flash-back, est assez mince et ne commence à se densifier un peu uniquement à la toute fin. En attendant, ils résolvent quelques énigmes dignes d’un mauvais jeu d’aventure sur PC. Le seul vrai suspense est de savoir si Cary Elwes arrivera à jouer plus mal que Leigh Whannell n’a pas de charisme, ou le contraire. Et je peux vous annoncer que le vainqueur est Cary Elwes, haut la main. Vraiment, mon petit Cary, va prendre des cours de comédie.


Pour finir d’achever le spectateur
, une grande partie de la fin oscille entre la poursuite policière de série B et le film d’horreur de série B (personne n’est mort tant qu’il n’est pas atomisé avec des bouts partout). N’oublions pas une musique hard-rock metal tendance explosage de tympan, sans doute pour masquer le manque d’intensité de ce qui se passe à l’écran (on y a aussi droit à la pire poursuite en voiture de tout le cinéma). Voilà. C’est à peine crade et dégueulasse (tout ce qui est gore est hors champ), le montage survolté lasse plus qu’il ne stresse, le scénario part dans tous les sens sans grand intérêt, les surprises ménagées par l’histoire font un peu pitié (sauf peut-être la dernière, mais ça ne change pas la face du film), et au final c’est plus involontairement rigolo que volontairement effrayant. D’accord, le film fait peur à voir, mais pas dans le sens où il l’espérait.

A voir : pas si vous m’écoutez
Le score presque objectif : 4,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, vraiment je ne vois pas ce que d’autres ont pu y voir