Test casques à réduction de bruit : Sony MDR-NC6 et Sennheiser PXC 250

Destinés principalement aux grands voyageurs en avion, les casques anti-bruit peuvent tout à fait être adaptés à de simples trajets en train, métro ou tout simplement chez soi pour se faire une séance cinéma en étant certain de ne pas être dérangé par des nuisances sonores extérieures (bruits de voisinage, travaux…). A la veille des vacances et donc des voyages, voici le test de deux casques au profil différent, le Sony MDR-NC6 et le Sennheiser PXC 250.

 

Travaux pratiques menés par Bruno Orrù

 

Lorsqu’on achète un casque pour son baladeur, même si l’on est prêt à y consacrer un budget permettant d’avoir une excellente qualité d’écoute, on ne pense presque jamais aux casques à compensation de bruit. Moi le premier. Et puis un jour j’ai eu l’occasion d’en tester un et j’ai tout de suite été «accroc ». Car ne vous y trompez pas, essayer un casque de ce type c’est comme tomber dans un drogue douce qui éloigne subitement de notre tête les nuisances sonore inopportunes. On a bien du mal ensuite à s’en passer. Bien sur, les effets ne sont pas 100% efficaces et sont en priorité dédiés aux bruits sourds tels qu’un moteur d’avion, le roulis d’un train ou le ronronnement persistant d’une mauvaise climatisation.

 

Un peu de technique

Sennhneiser utilise une technologie dénommée NoiseGard (gardien du bruit), Sony utilisant une technologie dénommée NoiseCanceling (annulation de bruit). Les principes techniques de base sont les mêmes et sont basés sur le principe physique son/antison : un signal sonore est annulé par superposition du même signal en inversion de phase. Un ou plusieurs microphones (généralement placés dans les oreillettes) captent le bruit ambiant. Le système de réduction de bruit génère alors un signal identique, mais inversé. Le bruit est éliminé sans que la musique soit altérée. On comprend dès lors que ce principe ne peut fonctionner correctement que sur des nuisances non ponctuelles (impacts, éclats de voix…) et sur une bande de fréquence avec un plafond fixé à 1200 Hz pour Sennheiser et 1500 Hz pour Sony. Le taux d’efficacité de ce procédé est variable suivant la nature même du bruit environnant mais les constructeurs l’estime en moyenne à 68%, ce qui est beaucoup. Bien sur, des casques professionnels pourront avoir un taux plus élevé mais gageons que le confort et l’esthétique ne seront pas du même niveau.

Pour fonctionner correctement, ces technologies ont besoin d’énergie, c’est pourquoi ces casques requièrent l’utilisation de piles. On parle alors de réduction active. Sony ne déploie qu’un procédé de réduction active alors que Sennheiser implémente également une réduction passive sur des fréquences non couvertes par le procédé actif. Nous verrons lors des écoutes que cela permet un meilleur filtrage général, en particulier sur les fréquences médium.


Comparaisons esthétiques et techniques des deux casques

J’ai volontairement sélectionné deux casques de profil opposé, cela nous permettra de couvrir une palette plus large de besoins. Le casque Sony est véritablement prévu pour les longs voyages de par son volume ne permettant pas facilement de l’envisager pour faire son jogging ou marcher dans la rue. Ses larges oreillettes sont douces et agréable au contact mais ont pour moi un défaut majeur, elles sont plates. De fait le maintient repose uniquement sur l’arceau, celui-ci étant plutôt prévu pour les têtes bien rondes et volumineuses. Je n’ai pas une si petite tête que cela et pourtant, même au minimum, le casque me tombe légèrement en dessous des oreilles ! Un vrai problème car cela affecte directement l’efficacité du combat contre le bruit. Mis à part cela, le casque est d’un réel confort, j’ai eu l’occasion de le tester sur un vol de plus de 11 heures, sans jamais avoir de sensation de gêne autre que celle d’avoir un léger poids sur la tête. Un petit câble se détache du casque et sera connecté à un deuxième fil. Cela permet, pourquoi pas, l’emploi d’un prolongateur autre que l’original en cas de casse. Le système de compensation est logé dans un recoin le long de l’arceau ; c’est très pratique car n’impliquant aucun fil supplémentaire mais cela augmente le poids du casque sur la tête. Le casque se range de préférence dans une petite sacoche plastifiée façon cuir, seul les oreillettes peuvent tourner sur elle mêmes afin d’envisager un rangement à plat.


Le casque Sennheiser est un modèle beaucoup plus discret et pratique à ranger. On peut alors tout à fait l’utiliser comme casque de balade sans véritablement se préoccuper de la place qu’il va prendre dans son sac. Une petite sacoche en tissu permet un rangement efficace d’autant plus que le casque se replie complètement sur lui-même. Au premier abord la manipulation semble compliquée mais en deux jours, on devient un maître du pliage de PXC 250 ! Le micro se situe sur le boîtier de rangement des piles qui s’attache normalement à la ceinture mais on peut très bien envisager de le ranger dans un sac à dos ou un sac à main. Techniquement cela n’est pas dérangeant puisque les capteurs sont placés dans les oreillettes. Le boîtier est un peu long mais n’est pas franchement gênant, même en position assise. Contrairement au Sony, cela impose un double parcours de fil si le lecteur est dans une poche chemise ou autour du cou, cas fréquent avec les baladeurs mp3. Evidemment il faudra faire attention à tous ces fils, en cas de problème, l’ensemble est à changer !


 

Mise en situation

Les deux casques ont été utilisés sur un voyage en avion (Boeing 777 pour les spécialistes du ronronnement d’avion), sur de multiples trajets en train de banlieue puis en simple balade pédestre en plein centre ville de Paris. Trois types de situations qui permettent de cerner convenablement le potentiel du réducteur de bruit. Les deux casques disposent d’un interrupteur pour activer la réduction de bruit mais peuvent tout à fait fonctionner en mode normal, une possibilité non prévue par Bose sur son casque QuietComfort. C’est d’ailleurs la raison principale, en dehors d’un prix sensiblement plus haut, pour laquelle je n’ai pas retenu ce casque dans cette présentation. Sachez néanmoins que les impressions observée en testant le casque Bose se rapprochent de très près du casque Sony (points forts et points faibles). Les deux casquent sont peu gourmand en énergie électrique, l’autonomie (une pile AA pour le Sony mais deux piles AA pour le Sennheiser) est donc importante, plusieurs dizaines d’heures. Les deux casques sont livrés avec un adaptateur pour siège d’avion, vous savez les fameux double prises. Cet adaptateur peut très bien être utilisé avec un autre casque.


Casque Sony MDR-NC6 : Indiscutablement prévu pour le grand voyageur de par son volume, le MDR-NC6 s’avère agréable à porter, excepté qu’il ne conviendra pas aux petites têtes. L’efficacité de la réduction de bruit est directement liée à la manière dont est incliné le casque sur la tête ; est-ce du à l’inclinaison du micro ? Toujours est-il que ce problème gâche un peu la fête lorsque l’on tente de s’assoupir dans l’avion, test effectué en classe économique (désolé je n’avais pas le budget pour une classe affaire !) Le MDR-NC6 fonctionne parfaitement dans les basses fréquences mais la coupure est rapide dès que l’on atteint les médiums, les aigus n’étant absolument pas gérés. Le ronronnement d’un moteur d’avion ou le roulis d’un train sont donc bien annulés mais tous les autres bruits viennent perturber l’écoute. Le casque étant de type ouvert, cela n’est guère surprenant. Remarque similaire dans l’autre sens, les sons issus de l’écoute sont facilement décelable par une personne à proximité. C’est un casque Sony, les écoutes sont donc globalement transparentes. La dynamique est toutefois légèrement tassée, impression certainement due aux aigus qui manquent légèrement de clarté. Ce sont les médiums qui sont les plus agréables à l’écoute, les graves étant parfaitement nuancés mais manquent de punch.

Casque Sennheiser PXC 250 : Disons le tout de suite, le PXC 250 possède un avantage indéniable face au Sony, sa compacité permet de l’emmener partout, même en vélo. Attention toutefois dans les cas de conduite de véhicule, la réduction de bruit peut-être dangereuse ! L’impression de plonger dans un monde plus silencieux débute très tôt avec le PXC 250, en fait, même pas besoin d’activer la réduction de bruit pour les bruits environnant deviennent cotonneux. Impression déjà observée en testant le casque PXC 150 il y a quelques mois (notre test de ce casque est par ici). Cela est du à deux éléments. Un, le PXC 250 est de type fermé avec des petits coussins qui épousent parfaitement le lobe de l’oreille. Deux, Sennheiser a intelligemment complété la réduction de bruit active par une réduction de bruit passive, plus particulièrement dédiée aux hautes fréquences. Mais bon, l’effet le plus impressionnant c’est bien sur en activant la réduction de bruit, expérience que je vous conseille dans un premier temps sans musique dans les oreilles. L’effet est beaucoup plus saisissant qu’avec le Sony, on a immédiatement l’impression d’être à l’écart du monde extérieur. Cet écart de sensation est directement lié au type de casque ; le Sennheiser épouse mieux les oreilles et la pression sur les oreilles est sensiblement est plus forte que le Sony, ce qui peut poser problème sur de long voyages. En avion, en train, à pied… le PXC 250 se révèle dès le premier jour adapté à de nombreuses situations. Les conversations inintéressantes des passagers de trains de banlieue disparaissent comme par enchantement (avec de la musique dans les oreilles quand même), les bus et les voitures que vous croisez de votre trottoir semblent avancer dans un silence surprenant (le Sony n’est pas aussi efficace pour ce type d’exercice). Par contre, les impacts ou les bruits stridents restent au programme ; une sonnerie de téléphone sera par exemple perçue, tout comme un coup de klaxon.

Remarques communes

Si l’on ne devait retenir qu’une seule chose, ce serait indiscutablement la prise de conscience qu’apporte l’utilisation d’un casque avec réduction de bruit ; le bruit est partout, fatiguant sans cesse nos capteurs sonores. Habitant et travaillant dans une grande ville, je suis comme des milliers de mes voisins, devenu habitués aux nuisances sonores ; comme je le signalais précédemment, l’usage d’un casque à réduction de bruit devient vite un incontournable réflexe.

Autre élément très important, la réduction de bruit amène plusieurs avantages sur l’écoute. Mécaniquement, l’écoute étant moins polluée par des bruits environnant, le niveau sonore requis est moins important. Une notion qu’il faut également associer au fait que la qualité d’écoute est sensiblement supérieure, les détails sont plus facilement perceptibles et la dynamique d’ensemble accentuée. Il suffit de s’amuser ou réaliser des écoutes en activant et en stoppant toutes les cinq secondes la réduction de bruit pour constater à quel point le confort d’écoute est différent. Au final, on embête moins le voisinage à proximité et l’on conserve nos tympans !

Conclusion

L’utilisation d’un casque à réduction de bruit peut immédiatement déclencher une accoutumance dont il est extrêmement difficile de se défaire. Le retour à un casque classique se révèle problématique tant les nuisances sonores externes semblent anormalement dérangeantes. Le casque Sony à le mérite d’être plus accessible au niveau du prix mais le Sennheiser est véritablement le choix à faire si l’on est prêt à dépenser des euros. C’est vrai que le prix de ces casques peut sembler délirant face à certains casques mais, outre que leur qualité d’écoute est de bon niveau, le confort apporté par la réduction de bruit est réellement un plus qui mérite les efforts financiers demandés.

 

Prix indicatifs

Sony MDR-NC6 = 68€

Sennheiser PXC 250 = 150€

 

Informations en ligne

Le site Sennheiser. Comporte des informations utiles sur le fonctionnement de la réduction de bruit.

Le site Sony France.

 

Caractéristiques techniques (données constructeur) :

 

Casque PXC 250

Réponse en fréquence   10-21000 Hz 

Impédance   300 Ohms 

Pression acoustique max.   106 dB SPL 

DHT  moins de 0,1 % 

Atténuation passive : -15 à 25 dB (fréquences supérieures à 1200 Hz) 

Atténuation active du bruit   jusqu'a -15 dB (fréquences inférieures à 1000 Hz) 

Câble   1,8 m 

Poids sans câble   env. 65 grs.

 

Sony MDR-NC6

Casque réducteur de bruit  

Diaphragme : 38 mm 

Aimant Néodynium

Impédance réducteur de bruit ON :20 ohms

Impédance réducteur de bruit OFF : 65 ohms 

Sensibilité réducteur de bruit ON : 106 dB/mW

Sensibilité réducteur de bruit OFF : 102 dB/mW

Zone d'efficacité du réducteur de bruit : 40 - 1500 Hz

Gain : 10 dB à environ 300 Hz

Efficacité : réduction de 68 % du bruit extérieur 

Puissance nominale : 100 mW

Réponse en fréquence : 30 - 15 000 Hz

Cordon Type : OFC (Fibre optique)

Longueur : 1.5 m

Couleur Argent

Fiche Mini fiche stéréo (mini jack) en L plaquée or

Accessoires fournis Adaptateur Secteur

Adaptateur pour avion

Informations logistiques Poids (sans le cordon) : 150 g

Alimentation : secteur ou piles (1 x LR03)

Autonomie : 30 h avec une pile