Chronique des années de plomb : polars italiens chez Neo Publishing



En prison pour le meurtre du commissaire de police Luigi Calabresi à Milan en 1972, Ovidio Bompressi a été gracié par le Président de la République italienne. L’ancien activiste d’extrême gauche est libre depuis le 1er juin 2006. Assez peu relayé par les médias français, cet évènement n’a pourtant pas manqué de relancer le débat sur l’amnistie des faits perpétrés durant les années de plomb et l’extrême droite italienne est montée au créneau pour demander un traitement équitable pour tous les terroristes incarcérés à cette époque.

Par « années de plomb », on désigne une période troublée de l’histoire italienne parfois qualifiée, à juste titre, de « guerre civile larvée ». Cette époque trouve sa source dans l’évolution de la répartition du pouvoir en Italie. Dans l’après-guerre, les résistants communistes se voient écartés du gouvernement. A gauche, le mécontentement gronde. Plus tard, au début des années soixante-dix, un gouvernement d’union nationale est chargé d’enrayer la crise économique. Bâtarde, cette alliance entre communistes et démocrates-chrétiens ne satisfait personne. La revendication monte alors des deux côtés, plus virulente que jamais. Incarnant violemment le sentiment de trahison vis-à-vis d’une classe politique corrompue, libérale et moralisatrice, les groupes terroristes d’extrême gauche (dont les célèbres Brigades Rouges qui enlevèrent et assassinèrent plusieurs hommes d’état) et d’extrême droite plongent le pays dans la peur juste après les agitations de 1968. Pour riposter, le gouvernement a recours à des lois spéciales ou d’urgence qui ne feront qu’accentuer le mouvement de radicalisation. De 1969 à 1989, l’Italie connaîtra 12 690 épisodes de violence, 380 personnes trouveront la mort.

Comme souvent, le cinéma se fait l’écho d’une situation sociopolitique trouble. Durant les années de plomb, ce sont des polars violents (les poliziotteschi) qui témoignent du malaise social italien tout en faisant les beaux jours d’un cinéma de genre en pleine effervescence. Parmi ces titres, on retrouve les trois films édités en DVD par Neo Publishing dans une collection baptisée « Italie à main armée », Milano Trema : la polizia vuole giustizia (Rue de la violence) de Sergio Martino (1973), Milano odia : la polizia non pro sparare (La rançon de la peur) d’Umberto Lenzi (1974) et Roma a mano armata (Brigade spéciale) que réalise le même Lenzi deux ans plus tard. De qualité, ces titres bénéficient de bonnes éditions DVD dont vous pourrez lire les critiques en cliquant sur les liens suivants.

- Rue de la violence

- La rançon de la peur

- Brigade spéciale

Julien Sabatier, le 12 juin 2006.