Test casque Shure Personal audio E500PTH : isolation phonique & son HD



Shure est surtout connu pour son activité dans le monde du microphone et du casque audio. Réputé pour une qualité sonore de haute volée (depuis 1925 !), j’étais impatient de tester un petit bout de casque qui se loge dans le creux des oreilles. Le E500PTH est proposé par la branche grand public Shure Personal Audio ; il se veut intéressant pour le nomade, amateur de musique mais aussi de vidéo avec la particularité de pouvoir vous couper avec efficacité du monde extérieur grâce à ses qualités d’isolation phonique.

 

Test coupé du monde par Bruno Orrù

 

Le E500PTH se présente comme un module en deux parties. La première partie c’est le casque lui-même, de type oreillettes mais qui se révèle en fait une paire de tubes minuscules (on parle alors de d’écouteur intra-auriculaires) sur lesquels vont venir s’empaler des embouts de caoutchouc ou de mousse. Shure propose plusieurs modèles d’embouts, de diamètre, de forme et de matière différentes, permettant en toute logique de s’adapter à la plupart des lobes d’oreilles et à différents types d’écoutes. Un court câble s’échappe de ce duo d’oreillettes, trouvant un relais avec la deuxième partie de cet ensemble. Si l’option micro cravate n’a aucune utilité pour vous, prendrez alors le câble simple, également fournit afin de relier directement les oreillettes au lecteur.


Mode Micro

Pour fonctionner avec le mode micro, le E500PTH à besoin d’une source électrique. Les piles nécessaires s’emboîtent dans un boîtier sur lequel se greffe un contrôle de volume, une pince et un bouton permettant d’actionner le mode micro. De ce boîtier on part vers le bas en direction du lecteur et vers le haut en direction du casque, via une accroche qui fait également office de micro cravate. Tout comme les autres solutions offrant un environnement acoustique protégé, et nécessitant donc une alimentation électrique, le réseau de câble offre de nombreuses occasions de s’emmêler ; l’utilisateur aura la patience et la douceur requise pour ne pas abîmer l’ensemble. Une pochette semi rigide est également de la partie, offrant ainsi un casier de rangement discret.

Quelques mots sur le principe de fonctionnement

Le E500PTH est basé sur l’utilisation d’écouteur intra-auriculaires munis de triples transducteurs que Shure annonce comme étant Haute-Définition. En fait ces écouteurs dont débouchent les petits tubes sont construits sur la base de 3 minis haut-parleurs ; un tweeter et 2 woofers. L'E500 intègre un filtre actif qui permet de distribuer les fréquences respectives à chacun des micro-drivers intégrés.

Couplés aux embouts ce procédé découle sur une isolation acoustique « naturelle » qui permet de réduire de 30 à 37 dB les bruits ambiants, ce qui est important puisque cela correspondant à un masque acoustique dont l’efficacité peut atteindre les 93% !

L’isolation phonique se différencie des principes actifs de Noise Canceling (annulation de bruit) qui débouche sur une réduction des bruits ambiants (entre 15 et 20 dB). Alors que ce dernier principe à besoin d’énergie électrique, l’isolation phonique s’appuie sur les effets mécaniques des embouts qui vont « remplir » le lobe de l’oreille. Le but, vous l’avez compris, est de produire une barrière pour stopper les bruits extérieurs. Ce principe a été originellement étudié pour les artistes et notamment les musiciens qui doivent s’entendre sur scène. Le procédé des retours de scènes ayant leur limites (déplacement sur la scène contraints par leur disposition et leur nombre), les musiciens ont trouvés avec ce type de casque une solution élégante (on ne voit généralement pas ces casques) et efficace.

Les casques Shure se détachent des oreillettes traditionnelles qui généralement ne sont que des mini écouteurs qui se « posent » sur le lobe de l’oreille. Ici ne sont des tubes, sortent de projecteurs sonores qui envoient le son dans l’oreille, l’embout, nous l’avons vu, produisant une barrière acoustique pour contrer les bruits extérieurs. Une action de protection importante qui débouche sur une sécurité accrue des oreilles et qui assez logiquement réduit la fatigue auditive tout en permettant une diffusion sonore de plus grande qualité.

Le E500PTH vaut également le coup d’oreille pour l’innovation « Push-To-Hear » (PTH) qui propose aux utilisateurs d’alterner entre une immersion complète dans la musique ou une connexion aux bruits ambiants extérieurs. Le PTH est parfait pour de brèves conversations au travail ou lorsque l’on voyage grâce à son commutateur qui active un microphone captant les sons externes tout en diminuant le volume de votre musique. L’effet est en effet saisissant car, d’un coup d’un seul, on entend sa propre respiration et tous les bruits extérieurs semblent amplifiés.


En situation

Les E500 comprennent 8 paires d’inserts, 2 câbles, un adaptateur de 1/4’’ à 1/8’’ pour une connexion aux ensembles stéréo, un atténuateur de volume et un étui de protection. Je l’ai déjà dit plus haut, le réseau de câble nécessaire pour relier le lecteur au casque en passant par le boîtier « pile » n’est pas pratique. Par contre si les oreillettes sont directement reliées au lecteur, on se retrouve alors dans un cas classique de casque filaire et ça va beaucoup mieux ! Quel dommage que la première section de câble, celle attachée aux oreillettes ne soit pas plus longue de 5 cm ! Cela aurait permis de ne pas utiliser le câble additionnel et de pouvoir relier directement un baladeur blotti dans une poche de chemise. Là, on est tout de suite obligé de gérer une longueur inutile de câble, à moins que le baladeur ne se trouve dans un sac ou une poche fessière.

Le rendu sonore ne sera optimal qu’en ancrant précisément les embouts dans le creux de l’oreille. Ce n’est pas forcément simple au départ mais je dois avouer que l’on s’y habitue avec le temps. Par contre, il faut également préciser que le port n’est pas d’une grande tenue avec les embouts plastiques, comprenez par là que si vous bougez trop (faire le pitre devant ses camarades, faire du sport un peu trop violemment…) les oreillettes ont tendance à se déchausser. Il faut bien pousser les embouts dans l’orifice auriculaire, s’assurer que l’embout épouse bien l’espace disponible (sensation d’intrusion garantie pour les premières fois, mais on s’habitue !) et bien enrouler le câble autour l’oreille. Le cas plus commun sera de faire repasser le câble sur le devant du cou pour rejoindre un baladeur mais vous pouvez tout aussi bien la jouer rock star (ou présentateur TV) et faire défiler le câble dans le dos pour rejoindre un baladeur dans une poche arrière par exemple. Je vous invite de toute façon à lire les conseils du constructeur sur son site pour optimiser le placement des écouteurs (lien par ici). Pour ma part, je n’ai pas trouver de véritable parade à ce problème qui matérialise, de mon point de vue, le principal point faible de cette solution.

J’ai débuté mes tests en testant les embouts plastique sans arriver à trouver un confort d’écouter et de maintient. En fait ce n’est pas la première fois que je test ce type de casque et, à chaque fois, je ne suis pas à l’aise avec ce procédé. C’est en chaussant les tubes des embouts en mousse que j’ai enfin vraiment apprécié le port du E500PTH. La matière est agréable, je me suis même surpris plusieurs fois à ne plus penser à ces bouts de mousse qui, au départ, sont comme les embouts plastique un peu intrusif. En fait cette mousse s’adapte parfaitement au creux du lobe, elle semble avoir une mémoire de forme puisqu’en enlevant les oreillettes la mousse reste écrasée sur elle-même, tout en retrouvant par la suite sa forme originelle. C’est aussi, à mon goût, la solution la plus efficace pour se couper du monde extérieur, la mousse épousant parfaitement le creux de l’oreille. En tout cas, c’est bel et bien l’alternative de choix pour que les oreillettes restent ancrées sur mes oreilles ! Bien entendu des kits de remplacement sont prévus au catalogue du constructeur en cas d’usure, de perte ou et de salissures répétées.

Dans tous les cas, le E500PTH matérialise la solution à isolation phonique la plus discrète que je connaisse. Si vous avez déjà lu mes tests sur les solutions (Noise canceling) proposées par Sony (voir le test du MDR-NC6 par ici) ou par Sennheiser (voir le test du PXC 250 par là) vous conviendrez que l’encombrement avec le E500PTH est limité par les oreilles. CQFD ! Un élément bien évidemment important si par exemple vous faîtes de long voyages en train ou en avion, vous avez dorénavant la possibilité de vous endormir sans avoir le profil d’un casque gravé profondément dans le creux de la joue au réveil (un peu de vécu là aussi !)

Du son très haut de gamme

Si Shure possède une solide réputation sur la qualité de ses produits, ce n’est pas par hasard. Il n’était donc pas étonnant d’avoir dans les oreilles une qualité de son de haut niveau, de très haut niveau même. Pourtant l’affaire n’est pas si évidente lorsqu’on regarde de près les deux petits tubes qui vont propulser la musique. Comment diable font-ils pour produire cette énorme sensation de graves à partir d’une si petite cavité ? Les sensations de graves sont bien là, sans excès et avec suffisamment de présence pour de la musique pop / rock. Ma plus grande surprise vient surtout de l’équilibre spectral (pas évidant pour un casque de ce type). Le rendu dans les oreilles est surprenant car les aigues sont d’une netteté incroyable, sans aucune agressivité (évitez d’écouter des morceaux sauvagement compressés…) et s’intégrant avec un naturel confondant dans les médiums qui, eux aussi, sont d’une rare limpidité. Si vous arrivez à « oublier » les oreillettes ancrées dans les lobes c’est génial car vous avez des sonorités dans la tête dont la transparence générale est certainement meilleure que celle de votre installation à base de bonnes grosses enceintes.

Alors bien entendu, ces qualité hi-fi permettent de se « mettre dans la tête » avec conviction les bandes sons de films les plus délicates comme les plus tonitruantes. Les graves sont percutants à souhait et l’équilibre spectral que je mentionnais plus tôt permet de ne pas avoir les oreilles qui saturent passée la première demi-heure de film. Le coté isolation phonique est là encore une aubaine permettant de plonger dans le film sans quasiment aucune nuisance voisine. Le roulis d’un train ou le bourdonnement d’un avion disparaissent en grande partie, permettant à l’oreille de se concentrer sur le message sonore mais aussi de réduire la fatigue auditive liée à ce type de bourdonnement.

Le principe même des tubes qui plongent dans l’oreille permet d’amplifier les impressions de dynamique sonore ; j’ai réellement perçue une sensation de niveau sonore élevé avec pourtant le curseur de mon baladeur habituel sensiblement en retrait par rapport à l’utilisation d’un casque classique, y compris à réduction de bruit active puisque j’utilise à titre personnel le Sennheiser PXC 250. Ce dernier propose une excellente qualité sonore mais le Shure Personal Audio E500PTH va bien au-delà. Avec le principe des tubes qui plongent dans l’oreille cela signifie également que l’éventuelle nuisance pour les voisins est extrêmement réduite, vous pouvez profiter de votre musique et d’un spectacle film importuner les voisins immédiats. J’ai fait le test à plusieurs reprises en mettant de la musique à fort volume ; en enlevant les oreillettes on n’entend rien ! (il faut boucher l’orifice de sortie pour simuler la présence dans l’oreille).

Coupé du monde !

La sensation d’être coupé du monde est parfois impressionnante. Cela dépend bien entendu du type de musique écouté et du niveau sonore mais quant, par exemple, j’ai écouté un morceau de rock / variété sur un niveau sonore appréciable (mais sans exagérer) j’ai pu, assis sur un quai de gare, voir passer des trains dans un glissement silencieux complet ! Autre exemple, il est impossible d’entendre des sonnettes d’avertissement dans le métro et vous pensez bien que les voitures roulent également dans un silence presque pesant ! Vous l’avez compris, ce peut être dangereux si vous envisager le port de ce E500PTH en vélo ou en voiture et le piéton aura garde de donner plusieurs regards avant de traverser une rue. Si les bruits de rues disparaissent en grande partie, les voix reste souvent audible mais avec un effet cotonneux prononcé, la conversation semble lointaine mais perceptible. Cela est bien évidemment du au fait que les voix sont généralement dans les aigus / médiums, une gamme de fréquences qui passe plus facilement la barrière acoustique.

En conclusion

Le casque E500PTH proposé par Shure Personal Audio s’avère d’une efficacité redoutable pour plonger la tête dans un monde isolé des nuisances sonores externes mais qui demande toutefois une certaine habitude de mise en place et de port. Si vous supportez l’un des types d’oreillettes fournit, vous aurez alors une qualité de son de très haute qualité et je pèse mes mots. Revenir à un casque traditionnel et de qualité moindre devient alors un véritable supplice, tant sur l’aspect isolation que qualité audio. Un achat qui demande un certain effort financier mais si vous en avez les moyens vos oreilles vous diront merci à chaque session d’écoute !

 

Prix indicatif : Casque E500PTH 599€ / PTH : 65€

 

Informations en ligne : http://www.shure.com (anglais) et http://www.multimedia.algam.net/ (français)

 

Caractéristiques techniques :

-Type de micro-drivers : Triples drivers avec tube de charge accordé

-Sensibilité : 119 dB SPL/mW

-Impédence : 36 Ohm

-Poids : 30 Grammes

-Réponse en fréquence : 18Hz-19 Khz

-Connecteur d'entrée : Jack stéréo plaqué or 3,5 mm